03/03/2009
René Char
Un poète doit laisser des traces de son passage,
non des preuves. Seules les traces font rêver.
POUR QU'UNE FORÊT...
Pour qu'une forêt soit superbe
Il lui faut l'âge et l'infini.
Ne mourez pas trop vite, amis
Du casse-croûte sous la grêle,
Sapins qui couchez dans nos lits,
Eternisez nos pas sur l'herbe.
René CHAR
Explication : "Pour qu'une forêt..." (Alsace, 1939) brille comme un instantané poétique. C'est un sizain en octosyllabes assonancés, sorte de miniature musicale qui veut suspendre la vie dans les arbres, le bois d'un lit, les traces d'une présence, dans un ultime repos, avant le basculement vers la disparition (le sapin est à la fois le bois des lits, celui de la fête - Noël -, celui de l'odeur de la mort et de l'éternité...) . L'image des cendres et de la poussière ne cesse d'être elle-même dispersée dans le texte pour essaimer la permanence du souvenir - ici de traces de pas sur l'herbe.
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