15/06/2009
Poème de René Char
LA FAUVETTE DES ROSEAUX
L'arbre le plus exposé à l'oeil du fusil n'est pas un arbre pour son aile. La remuante est prévenue : elle se fera muette en le traversant. La perche de saule happée est à l'instant cédée par l'ongle de la fugitive. Mais dans la touffe de roseaux où elle amerrit, quelles cavatines(1) ! C'est ici qu'elle chante. Le monde entier le sait.
Eté, rivière, espaces, amants dissimulés, toute lune d'eau, la fauvette répète : "Libre, libre, libre, libre..."
(Poème de René Char - La Parole en archipel - Poésie/gallimard)
(1) Airs d'opéra, qui manifestent ici la grâce artistique de ce chant dans la nature - figuration possible du chant poétique.
13:43 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie
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