21/06/2011
D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (3)
Chapitre 1 - Le Saut de l'Ange
Ce que je vois de ce corps (corps de la femme) est translucide, constellations d’étoiles éclatées parmi les cellules, big-bang anatomique, physiologique, biologique ; horloge interne à multiples fonctions, ordinateur de bord, circonvolution à géométrie variable, pulsomètre, fournaise à sentiments, sucres lents, sons ultraviolets, secousses à répétition, etc. J’y vois aussi, du sang, un sang rouge vif comme le vin, il vous monte à la tête et vous perdez connaissance. Ce sang vous accompagne dans les artères et vous fait visiter toutes les cavités secrètes et inexplorées de ce corps...
— J’aimerais vous parler.
— Qui ? Vous ?
— Moi, Monsieur, je suis l’intervieweur.
— Alors, posez votre question.
— Allons nous « plonger » dans ce corps.
— On y va
— Merci.
J’entrai par le vagin, voie naturelle par excellence, avec la complicité d’un spermatozoïde ami comme si j’étais un poisson de la mythologie. Il fallait atteindre plus vite que les autres le système ovulaire de ce corps, quitte à mettre ma « vie » en danger. La proportion de naître à l’état d’embryon était minime, plus vite disais-je pour me motiver. Après une course effrénée, j’arrivai vainqueur et à bout souffle, on me mit la couronne autour du cou comme si j’avais gagné l’étape du jour, la récompense fut belle, après quelques minutes en gestation dans ce foetus, je prie « corps », je voyais ma tête sortir de l’oeuf... Puis mon bras droit, puis le bras gauche ainsi que tout mon être, mes yeux fermés, comme ceux d’un nouveau-né, petit à petit s’ouvraient à la beauté intérieure de ce corps. La connivence et la chaleur ambiantes, tout était réuni pour un épanouissement total. Un beau et long séjour ici c’était tout ce que je demandais. L’ampleur de la tâche n’était pas un obstacle majeur, bien au contraire, j’avais hâte de parcourir ce « paysage », à en connaître les moindres recoins, à y sentir tous les parfums, à élucider tous les travers, à comprendre, voilà le but de ce « voyage ». Du reste, comme par magie, un spectacle onirique s’offrait à ma vue ; je l’étais... j’avançais dans les eaux limpides. Je rencontrai des espèces animales méconnues, une source rouge se jetait à mes pieds, d’incroyables oiseaux piquaient de leurs becs des fleurs innocentes, des arbres désarticulés, comme des squelettes ambulants se délivraient de leurs dernières feuilles ; feuilles jaunâtres qui vous narguaient et annonçaient la mort de son triste cortège. Puis, les eaux se calmaient, le vent s’immobilisait.
(Extrait de "D'un corps à l'autre" de Franck Roy aux Editions "Pays d'Herbes" - 2006)
à suivre....
03:56 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
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