Au commencement de toute chose, fut l'Homme. Ses premiers modes d'expression furent constitués d'onomatopées, puis après un long processus d'évolution, prirent forment des mots articulés et des phrases. La magie de la parole poussa l'Homme à la fixer par écrit, dans le but ultime de publier le meilleur des blagues de Guy Montagné.
Cependant, dans la plupart de ces premiers langages, la ponctuation n'existait encore pas, et tout un chacun s'exprimait comme les skyblogueurs d'aujourd'hui : les discussions étaient parsemées de confusions et d'incompréhensions.
Faisons un saut conséquent de plusieurs millénaires pour aboutir en 1541. Cartier prend possession du Canada et signe par là un des premiers actes de terrorisme vocal par anticipation innocente, en suscitant les futures naissances de Roch Voisine et Céline Dion.
A quelques milliers de kilomètres de là, en cette même année, François 1er prend son petit déjeuner en pleine Renaissance et feuillette entre deux cuisses de poulet un ouvrage intitulé Punctuation de la langue françoyse, que vient de publier Etienne Dolet.
Etienne est un type bien, qui souhaite que l'on parle bien. Que la langue française soit noble et que l'écrit desserve l'oral. Il recense alors les signes devant rythmer les phrases : soupir (ou virgule), semi-pause (ou deux points), point, point interrogeant, point admiratif, parenthèse (ou entrejet). L'emploi d'un point-virgule sera probablement nécessaire dans le futur pour séparer les phrases sans les isoler.
La naissance de la virgule est désormais proclamée.
On notera aussi en 1855 une vaine tentative de virgule d'exclamation, le treizième signe (riche titre de film, je cède les droits pour quelques milliers de dollars non canadiens) que l'on peut se représenter par un point d'exclamation à virgule, et qui doit permettre de ne pas interrompre la phrase pour continuer en basse casse après une proposition exclamative.
C'est avec le smiley que la virgule prit une nouvelle dimension sémantique. Mais c'est une autre histoire.
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