Allez les yeux invisibles vers le beau.

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18/11/2009

L'Albatros (Charles Baudelaire)

 

images.jpegL'ALBATROS

 

SOUVENT, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.


A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grands ailes blanches

comme des avirons traîner à côté d'eux.


Ce voyageur ailé, comme il est gauche  et veule !

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !


Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

 

(Poème extrait  de "Spleen et Idéal" in "Fleurs du mal" de Charles Baudelaire)