Allez les yeux invisibles vers le beau.

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15/05/2010

Une brève histoire de l'avenir...(4)

 

images.jpegAbsurde aussi de tenter de prévoir l'avenir, car toutes les réflexions à son sujet ne sont en général que des élucubrations sur le présent : ainsi, dès les premières sociétés humaines, les discours sur les temps futurs se résumaient à prédire un éternel retour des astres et des récoltes. Pour les prêtres et les augures, le monde ne pouvait survivre qu'en obtenant le retour de la pluie et du soleil ; un monde meilleur n'était pas possible que dans un au-delà cosmique, espace idéal, lui aussi stable, cyclique, dont l'avènement tenait plus au bon vouloir énigmatique des dieux qu'aux actions des hommes. Quand il devint clair que l'innovation pouvait améliorer la vie matérielle, intellectuelle et esthétique, apparurent, d'abord autour de la Méditerranée, quelques peuples déterminés à concevoir et mettre en oeuvre un progrès terrestre. Ceux qui pensèrent ensuite l'avenir de la Terre (philosophes, artistes, juristes, puis savants, économistes, sociologues, romanciers, futurologues) le décrivent encore, en général, comme le prolongement naïf de leur propre présent. Par exemple, à la fin du XVIe siècle, tous pronostiquaient que l'apparition en Europe des caractères mobiles de l'imprimerie ne ferait que renforcer les deux pouvoirs alors dominants l'Eglise et l'Empire ; de même, à la fin du XVIIIe siècle, la majorité des analystes ne voyaient que dans la machine à vapeur qu'une attraction de foire qui ne changerait rien au caractère agricole de l'économie ; de même encore, à la fin du XIXe siècle, l'électricité n'avait, pour l'essentiel des observateurs, qu'un seul avenir : permettre d'éclairer autrement les rues. Et si, au début du XXe siècle, certains prévoyaient l'apparition du sous-marin, de l'avion, du cinéma, de la radio, de la télévision, personne - pas même Jules Verne - ne pensait que cela pourrait venir modifier l'ordre géopolitique alors dominé par l'Empire britannique ; personne non plus a fortiori ne voyait venir le déclin de l'Europe, la montée du communisme, du fascisme et du nazisme ; encore moins venue de l'art abstrait, du jazz, de l'arme nucléaire ou de la contraception. De même, à la fin du siècle dernier, beaucoup considéraient encore l'ordinateur personnel et Internet comme des curiosités de peu d'importances, et rares ceux qui imaginaient le mariage homosexuel. Enfin, récemment encore, très peu d'analystes ont vu venir le retour de l'islam au coeur de l'Histoire...

 

à suivre...

 

(Extrait de "Une brève histoire de l'avenir" de Jacques Attali/Fayard)

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