04/06/2013
"Ces affreuses années"...(1)
Introduction
Les évolutions sociales, culturelles et économiques que la France a connues depuis 1958 reflètent celles de l'ensemble des pays industrialisés. La France s'est modernisée, ouverte, enrichie ; elle n'a pas connu de conflit sur son sol depuis la fin de la guerre d'Algérie (1962).On peut toutefois se demander de quelle manière la croissance, commune au monde occidental, a entraîné d'importants bouleversements dans un pays profondément marqué par son histoire et par les pesanteurs de la tradition.
Nous examinerons d'abord tout au long de la période quelles sont les mutations économiques, avant d'étudier comment ont évolué les cadres de la vie quotidienne. Nous verrons enfin comment se sont transformés parallèlement les systèmes de valeurs et les pratiques culturelles.
I. Les mutations des structures économiques
1. Croissance économique et évolution de la répartition sectorielle
Ce qu'on appelle les Trente Glorieuses est une période ininterrompue d'expansion économique, la plus longue et la plus rapide de toute notre histoire : elle a duré de 1945 à 1973 (année du premier choc pétrolier). Dès le milieu des années 1950, la France, reconstruite, s'est dotée d'une industrie performante et est parvenue à moderniser son agriculture. Grâce à la mécanisation, à l'emploi massif d'engrais et d'insecticides et à la Politique agricole commune de la Communauté économique européenne (CEE) à partir de 1957, la France devient, au milieu des années 1970, une grande puissance agricole. Mais le fer de lance de la croissance, c'est l'industrie. La généralisation du taylorisme et du fordisme est à l'origine d'une forte hausse de la productivité. Les industries phares sont le bâtiment (en 1975, on construit presque dix fois plus de logements qu'en 1946), les industries métallurgiques (l'automobile et la sidérurgie) et la chimie. L'explosion du secteur tertiaire caractérise aussi cette période. Les services liés à l'augmentation du niveau de vie générée par la croissance se multiplient : crédit à la consommation, transports, télécommunications, assurances, publicité, tourisme, commerce.Depuis les années 1970, l'économie française est entrée dans une phase de marasme économique, entrecoupé de reprises. La récession est déclenchée par le renchérissement du prix du pétrole et la crise du SME (Système monétaire européen), mais elle s'explique par des facteurs bien plus larges : la mondialisation multiplie les pays concurrents, où il existe une main-d'œuvre souvent meilleur marché. Le modèle économique et social mis en place à la Libération se retrouve inadapté aux conditions nouvelles. Les activités devenues en déclin, comme la sidérurgie et l'industrie chimique, sont en grande partie remplacées par d'autres, dans le secteur tertiaire ou dans celui des « nouvelles technologies ». Le secteur qui connaît les progrès les plus spectaculaires est celui des communications, aussi bien matérielles (les TGV, dont le premier a été inauguré en 1981, raccourcissent les voyages à l'intérieur du pays ; l'avion s'est banalisé) qu'immatérielles (la télévision ne date que des années 1950 ; en 1958, une majorité des Français n'avaient pas le téléphone ; les téléphones portables et la révolution Internet se développent dans les années 1990). La « crise » n'est donc que relative : la France demeure l'un des pays les plus riches du monde.
© Rue des écoles
à suivre....
05:00 Publié dans société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les années 50-60, réflexion, comprendre, savoir économie, société, intelligence, malaise, héritageé