Allez les yeux invisibles vers le beau.

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01/09/2010

Nos enfants nous accuseront...


nos_enfants_nous_accuseront

25/08/2010

Une brève histoire de l'avenir...(12)

 

Unknown.jpegComme tout résumé, ce qui précède pourrait paraître évidemment caricatural, péremptoire et arbitraire ; tout l'objet de ce livre est de montrer que telle est pourtant la figure la plus vraisemblable de l'avenir. Non par celui que je souhaite : j'écris ce livre justement pour que l'avenir ne ressemble pas à ce que je crains qu'il soit, et pour aider au déploiement des formidables potentialités aujourd'hui à l'oeuvre.

Mes lecteurs assidus y retrouveront l'approfondissement de thèses développées au fil d'essais et de romans précédents, dans lesquels j'annonçais - bien avant qu'on en parle couramment - le basculement géopolitique du monde vers le Pacifique, l'instabilité financière du capitalisme, les enjeux du climat, l'émergence des bulles financières, la fragilité du communisme, les menaces du terrorisme, le surgissement du nomadisme, l'avènement du téléphone portable, de l'ordinateur personnel, d'Internet et autres objets nomades, l'émergence du gratuit et du sur-mesure, le rôle majeur de l'art, en particulier de la musique, dans la diversité du monde. Les plus attentifs de ces lecteurs y verront aussi certaines inflexions de ma pensée : elle n'est, fort heureusement, pas descendue du Ciel toute formée.

Enfin, comme toute prédiction est d'abord discours sur le présent, cet essai est aussi un livre politique, dont chacun pourra, j'espère, faire le meilleur usage, au moment où s'annoncent tant d'échéances majeures, en France au moins autant qu'ailleurs.

 

(Extrait de "Une brève histoire de l'avenir" de Jacques Attali/Fayard)

Suite et Fin.

16/08/2010

une brève histoire de l'avenir...(11)

 

images.jpegTout cela n'ira naturellement pas sans de terribles secousses : bien avant la disparition de l'Empire américain, bien avant que le climat ne devienne quasi insupportable, des populations se disputeront des territoires, d'innombrables guerres auront lieu ; nations, pirates, mercenaires, mafias, mouvements religieux se doteront d'armes nouvelles, instruments de surveillance, de dissuasion et de frappe utilisant les ressorts de l'électronique, de la génétique, des nanotechnologies. De plus, l'avènement de l'hyperempire conduira chacun à devenir le rival de tous. On se battra pour le pétrole, pour l'eau, pour conserver un territoire, pour le quitter, pour imposer une foi, pour en combattre une autre, pour détruire l'Occident, pour faire régner ses valeurs. Des dictatures militaires, confondant armées et polices, pendront le pouvoir. Une guerre plus meurtrière que les autres, un hyperconflit cristallisant tous les autres, éclatera peut-être, anéantissant l'humanité.

Vers 2060, au plus tôt - à moins que l'humanité ne disparaisse sous un déluge de bombes - , ni l'Empire américain, ni l'hyperempire, ni l'hyperconflit ne seront tolérables. De nouvelles forces, altruistes et universalistes, déjà à l'oeuvre aujourd'hui, prendront le pouvoir mondialement, sous l'empire d'une nécessité écologique, éthique, économique, culturelle et politique. Elles conduiront progressivement à un nouvel équilibre, cette fois planétaire, entre le marché et la démocratie : l'hyperdémocratie. Des institutions, mondiales et continentales, organiseront alors, grâce à de nouvelles technologies, la vie collective ; elles fixeront des limites à l'artefact marchand, à la modification de la vie et à la mise en valeur de la nature ; elles favoriseront la gratuité, la responsabilité, l'accès au savoir. Elles rendront possible la naissance d'une intelligence universelle, mettant en commun les capacités créatrices de tous les êtres humains, pour les dépasser. Une nouvelle économie dite relationnelle, produisant des services sans chercher à en tirer profit, se développera en concurrence avec le marché avant d'y mettre fin, tout comme le marché mit un terme, il y a quelque siècles, au féodalisme.

En ces temps-là, moins éloignés qu'on ne le croit, le marché et la démocratie, au sens où nous les entendons aujourd'hui, seront devenus des concepts dépassés, des souvenirs vagues, aussi difficiles à comprendre que le sont aujourd'hui le cannibalisme ou les sacrifices humains.


(Extrait de "Une brève histoire de l'avenir" de Jacques Attali/Fayard)

à suivre...

09/06/2010

Une brève histoire de l'avenir...(6)

 

images.jpegBien d'autres bouleversements auront lieu, qu'il est aussi possible de prévoir avec une certaine précision : à l'observer sur la très longue durée, l'Histoire s'écoule en effet dans une direction unique, entêtée, très particulière, qu'aucun soubresaut, même prolongé, n'a jusqu'à présent réussi à détourner durablement : de siècle en siècle, l'humanité impose la primauté de la liberté individuelle sur toute autre valeur. Elle le fait par le rejet progressif de la résignation à toute forme de servitude, par des progrès techniques permettant de réduire tout effort, par la libération des moeurs, des systèmes politiques, de l'art et des idéologies. Autrement dit, l'histoire humaine est celle de l'émergence de la personne comme sujet de droit autorisée à penser et à maîtriser son destin, libre de toute contrainte, si ce n'est le respect du droit de l'autre aux mêmes libertés. Cette évolution à remettre en cause en permanence les pouvoirs en place et à faire naître de nouvelles puissances. En particulier, pour faire émerger cette primauté de l'individu sur la société, les peuples ont élaboré progressivement divers systèmes de répartition des biens rares. Pendant très longtemps, ils ont laissé la charge au seul bon plaisir des chefs de guerre, de prêtres et de princes à la tête de royaumes et d'empires ; puis, une nouvelle classe dirigeante, plus vaste et plus mobile, celle des marchands, a imaginé deux nouveaux mécanismes - révolutionnaires - de partage de richesses : le marché et la démocratie. Apparus il y a près de trente siècles, ils sont progressivement imposés ; ils façonnent désormais une part croissante de la réalité du monde et conditionnent l'avenir.

 

(Extrait de "Une brève histoire de l'avenir" - Jacques Attali/Fayard)


à suivre...

20/05/2010

Une brève histoire de l'avenir...(5)

 

images.jpegAujourd'hui encore, la plupart des récits sur l'avenir ne sont que des extrapolations de tendances déjà à l'oeurvre. Rares sont ceux qui se risquent à des prévisions décalées, à annoncer des bifurcations, des renversements, des changements de paradigme, en particulier en matière de moeurs, de culture ou d'idéologie. Moins encore à anticiper les crispations idéologiques qui pourraient ralentir ou même interdire ces profondes ruptures.

Et pourtant,dans le prochain demi-siècle, tout changera dans de multiples directions, qu'il est tout à fait possible de dessiner.

Après les avoir évoquées au début de cet avant-propos en quelques lignes, en voici un résumé en quelques pages.

Tout commencera pap un bouleversement démographique. En 2050, sauf catastrophe majeure, 9,5 milliards d'êtres humains peupleront la Terre, soit 3 milliards de plus qu'aujourd'hui. L'espérance de vie dans les pays les plus riches approchera le siècle : la natalité stagnera sans doute encore au voisinage du seuil de reproduction. En conséquence, l'humanité vieillira. On comptera 360 millions d'habitants de plus en Chine, 600 millions de plus en Inde, 100 millions de plus au Nigeria et au Bangladesh, 80 millions de plus au Etats-Unis, 9 de plus en France, 10 de moins en Allemagne et peut-être 30 de moins en Russie. Les deux tiers de la planète vivront dans les villes dont la population aura doublé, tout comme devrait doubler la quantité d'énergie et de produits agricoles consommés. Le nombre des gens en êge de travailler aura aussi doublé ; plus des deux tiers des enfants nés cette année-là vivront dans les vingt pays les plus pauvres...

 

à suivre...

(Extrait de "Une brève histoire de l'avenir" de Jacques Attali/Fayard)

15/05/2010

Une brève histoire de l'avenir...(4)

 

images.jpegAbsurde aussi de tenter de prévoir l'avenir, car toutes les réflexions à son sujet ne sont en général que des élucubrations sur le présent : ainsi, dès les premières sociétés humaines, les discours sur les temps futurs se résumaient à prédire un éternel retour des astres et des récoltes. Pour les prêtres et les augures, le monde ne pouvait survivre qu'en obtenant le retour de la pluie et du soleil ; un monde meilleur n'était pas possible que dans un au-delà cosmique, espace idéal, lui aussi stable, cyclique, dont l'avènement tenait plus au bon vouloir énigmatique des dieux qu'aux actions des hommes. Quand il devint clair que l'innovation pouvait améliorer la vie matérielle, intellectuelle et esthétique, apparurent, d'abord autour de la Méditerranée, quelques peuples déterminés à concevoir et mettre en oeuvre un progrès terrestre. Ceux qui pensèrent ensuite l'avenir de la Terre (philosophes, artistes, juristes, puis savants, économistes, sociologues, romanciers, futurologues) le décrivent encore, en général, comme le prolongement naïf de leur propre présent. Par exemple, à la fin du XVIe siècle, tous pronostiquaient que l'apparition en Europe des caractères mobiles de l'imprimerie ne ferait que renforcer les deux pouvoirs alors dominants l'Eglise et l'Empire ; de même, à la fin du XVIIIe siècle, la majorité des analystes ne voyaient que dans la machine à vapeur qu'une attraction de foire qui ne changerait rien au caractère agricole de l'économie ; de même encore, à la fin du XIXe siècle, l'électricité n'avait, pour l'essentiel des observateurs, qu'un seul avenir : permettre d'éclairer autrement les rues. Et si, au début du XXe siècle, certains prévoyaient l'apparition du sous-marin, de l'avion, du cinéma, de la radio, de la télévision, personne - pas même Jules Verne - ne pensait que cela pourrait venir modifier l'ordre géopolitique alors dominé par l'Empire britannique ; personne non plus a fortiori ne voyait venir le déclin de l'Europe, la montée du communisme, du fascisme et du nazisme ; encore moins venue de l'art abstrait, du jazz, de l'arme nucléaire ou de la contraception. De même, à la fin du siècle dernier, beaucoup considéraient encore l'ordinateur personnel et Internet comme des curiosités de peu d'importances, et rares ceux qui imaginaient le mariage homosexuel. Enfin, récemment encore, très peu d'analystes ont vu venir le retour de l'islam au coeur de l'Histoire...

 

à suivre...

 

(Extrait de "Une brève histoire de l'avenir" de Jacques Attali/Fayard)

05/05/2010

Une brève histoire de l'avenir...(3)

Pour expliquer et étayer ce pronostic, j'entends raconter ici l'histoire de cet avenir.

Entreprise absurde, dira-t-on. Tant d'événements, tant d'individus peuvent en inverser le cours ! Et, de surcroît, si le fondement de l'Histoire est la conquête de la liberté individuelle, alors cette finalité même la rend imprévisible. quelques exemples suffisent à s'en convaincre : si, en 1799, le général Bonaparte n'avait pas pris un tel ascendant sur ses contemporains, la Révolution française aurait pu immédiatement accoucher d'une république parlementaire, gagnant ainsi un siècle sur l'Histoire réelle. Si, en juin 1914, un assassin, à Sarajevo, avait raté sa cible, la Première Guerre mondiale ne se serait pas déclenchée, en tout cas pas de la même façon. Si, en juin 1941, Hitler n'avait pas envahi la Russie, il aurait pu, comme le général Franco, mourir au pouvoir et dans son lit ; si le Japon, la même année, avait attaqué la Russie au lieu des Etats-Unis, ceux-ci ne seraient peut-être pas entrée dans la guerre et n'auraient pas libéré l'Europe, comme ils n'ont ensuite jamais libérée ni l'Espagne ni la Pologne ; la France, l'Italie et le reste de l'Europe seraient ainsi peut-être restés sous la botte hitlérienne au moins jusqu'à la fin des années 1970. Enfin si, en 1984, le secrétaire général du parti communiste soviétique, Youri Andropov, n'était pas mort prématurément, et si le successeur de son successeur avait été, comme il était prévu, Grigori Romanov au lieu de Mikhaïl Gorbatchev, l'Union soviétique existerait probablement encore...

 

à suivre...

(extrait de "Une brève histoire de l'avenir" de Jacques Atalli/Fayard)