Allez les yeux invisibles vers le beau.

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11/02/2013

Poème du jour...

images-3.jpegL'Infini est un Hôte soudain

Selon l'opinion admise -

Mais comment ce prodigieux peut-il advenir

qui n'est jamais parti ?

 

(Poème de Emily Dickinson - extrait de "Quatrains" - Ed. Poésie/Gallimard - 2011)

23/09/2012

Poème du jour...

Dans cette Vie brève

qui ne dure qu'une heure

Tant de choses- si peu -

sont en notre pouvoir.

 

(Poème de Emily Dickinson - "Quatrains" - Ed. Gallimard - 2011)

12/07/2012

Poème du jour...

Ici, il ouvre sa bouche blanche. Là, il se défend sur toute la ligne, avec ces arbres retranchés, ces êtres noirs. Là encore, il prend la forme lourde et chaude de la fatigue, comme des membres de terre écorchés par une charrue.

Je m'arrête au bord de mon souffle, comme d'une porte, pour écouter son cri.

Ici, dehors, il y a sur nous une main, un océan lourd ert froid, comme si on accompagnait les pierres.

 

(Poème de André du Bouchet - " Le Moteur Blanc" -Ed. Galimard - 1961)

10/11/2011

Poème du Jour...

Une branche bat devant le mur blanc

 

neuve antériorité surgissante

parmi les embus de son cri

 

un grand corps machinal bouge

fleuve aux membres séparés

à la musculature jaune prisonnière

comme des noeuds vieux dans le bois

 

un enchevêtrement de lettres

en filigrane dans ses eaux.

 

(Poème de Jacques Dupin - extrait de "L'issue dérobée" - Ed. Gallimard 1999)images-1.jpeg

18/10/2010

Poème du Jour...

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POETE NOIR

 

Antonin Artaud

 

Poète noir, un sein de pucelle

te hante,

poète aigri, la vie bout

et la ville brûle,

et le ciel se résorbe en pluie,

ta plume gratte au coeur de la vie.

 

Forêt, forêt, des yeux fourmillent

sur les pignons multipliés ;

cheveux d'orage, les poètes

enfourchent des chevaux, des chiens.

 

Les yeux ragent, les langues tournent

le ciel afflue dans les narines

comme un lait nourricier et bleu ;

je suis suspendu à vos bouches

femmes, coeurs de vinaigre durs.

 

(Extrait du recueil "L'Ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud/Gallimard - 1925)

27/09/2010

Poème du Jour...

 

Unknown-6.jpegComme il est appelé au soir en un lieu tel

que les portes battant sans fin

facilitent ou dénouent le tête-à-tête

 

hors de la crypte forestière il la traîne

au grand jour, ou plutôt il lui parle

 

il la dénude parmi les rafales de vent

ou plutôt il commence à se taire

avec une telle fureur dans les rayons

de la lumière verticale

une telle émission de silence comme un jet de sang

 

qu'elle se montre nue dans sa parole même

et c'est un corps de femme qui se fend.

 

(Extrait de "Proximité du murmure" du recueil "L'Embrasure" de Jacques Dupin/Gallimard)

 

* Jacques Dupin est né le 4 Mars 1927 à Privas (Ardèche)

Il a passé son enfance en Ardèche dans un asile psychiatrique, dont son père était directeur. Élevé avec les pensionnaires, dont l'un notamment donnera son nom à un poème, Chapurlat, il vit à Paris depuis 1943.

Il rencontre René Char, qui préface son premier recueil publié, Cendrier du voyage, chez GLM. Très tôt attendu comme le successeur de ce dernier, il prend le contre-pied en imposant, de livre en livre, une écriture atypique, souvent en ruptures. Ses textes suscitent l'admiration d'auteurs, de peintres comme Antoni TàpiesPaul Auster traduit ses poèmes en anglais. Mais c'est dans l'ombre qu'œuvre Dupin, dans le retrait. Jamais tenté par le roman, à peine écrira-t-il une pièce de théâtre, proche tout de même de la forme poétique :L'Éboulement.

Il a travaillé pour plusieurs galeristes, en particulier pour la Galerie Maeght et la Galerie Lelong. Ce travail l'a amené à rencontrer de nombreux artistes modernes, au premier rang desquelsAlberto Giacometti et Joan Miró occupent une place majeure dans son œuvre. Expert de l'œuvre de Miró, il est président du comité de l'A.D.O.M., Association pour la défense de l'œuvre de Joan Miró, qui promeut l'œuvre du peintre et statue sur l'authenticité des œuvres qui lui sont soumises.

Chez Maeght, il participe à la revue L'Éphémère, mêlant critique d'art et poésie, avec Gaétan PiconLouis-René des ForêtsYves Bonnefoy et André du Bouchet.

Il obtient le Prix national de poésie en 1988.

 

 

 

30/06/2010

Poème du jour...


images.jpegMA BOHEME


Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;

Mon paletot aussi devenait idéal ;

J'allais sous le ciel. Muse ! et j'étais ton féal ;

Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !


Mon unique culotte avait un large trou.

- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberge était à La Grande-Ourse.

- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou


Et je les écoutais, assis au bords des routes,

Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes

De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;


Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,

Comme des lyres, je tirais les élastiques

De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

 

(Poème de Arthur Rimbaud in "Poésies"/Gallimard).