22/11/2016
Poème du jour...
Lorsque, lassée du long souci du jour
Et ballottée de peine en peine
Je suis perdue, prête à désespérer,
Ta bonne voix de nouveau me rappelle.
Ô ma fidèle amie, comment serais-je seule
Tant que tu peux parler sur pareil ton ?
Le monde du dehors est si vide d’espoir
Que m’est deux fois précieux le monde du dedans,
Ce tien monde où jamais ne règnent ruse et haine
Non plus que doute et froid soupçon ;
Où toi et moi et la Liberté,
Exerçons souveraineté indiscutée.
Qu’importe que, de toutes parts,
Le Péril, le Péché, la Ténèbre nous pressent
Si nous gardons ancré au fond de notre cœur
Un brillant ciel immaculé,
Chaud des mille rayons mêlés
De soleils qui jamais ne connaissent l’hiver ?
La Raison peut souvent se plaindre en vérité
Du triste train de la Nature,
Et révéler au cœur souffrant combien ses rêves
Sont voués à demeurer vains ;
Et la Réalité peut piétiner, brutale,
Les fleurs de l’Imagination à peine écloses.
Mais tu es toujours là pour ramener
Les visions latentes, pour parer
Le printemps dépouillé de nouvelles splendeurs
Et tirer de la mort une vie plus exquise,
Évoquant d’un souffle divin
De vrais mondes aussi lumineux que le tien.
Je ne crois guère en ta félicité fantôme,
Mais à l’heure apaisée du soir,
C’est toujours, oui, toujours avec reconnaissance
Que je te vois venir, ô bienfaisant pouvoir,
Infaillible consolatrice
Et quand l’espoir se meurt, plus radieux espoir.
∞
Emily Brontë, 3 septembre 1844, traduction Pierre Leyris, éditions Gallimard, 1963
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04/07/2016
Hommage à Yves Bonnefoy...
Yves Bonnefoy n’avait pas besoin d’entrer dans la Pléiade pour faire figure de son vivant de classique de la poésie de langue française. Il s’est éteint vendredi 1er juillet, à l’âge de 93 ans. Comme nulle autre en son temps, l’œuvre considérable de ce poète a plongé ses racines dans les pensées de l’existence, en acceptant de relever les défis posés par la philosophie à la poésie après l’effroyable tragédie de la Seconde Guerre mondiale.
Source : Médiapart
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03/06/2016
Poème du jour...
Il pleure dans mon coeur
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !
Paul Verlaine
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12/05/2016
Poème du jour...
Le temps était si lumineux, plus lumineux qu'à son souvenir. Ayant absorbé tout le bleu du ciel, le soleil se prélassait dans un paradis blanc, menaçait Lotus, torturait son paysage, mais échouait, échouait, sans cesse échouait à le réduire au silence.
Home (2012)
Toni Morrison
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05/05/2016
Poèmes de James...
Quelquefois l'été est tellement bleu avec du vent qu'on voit pas.
sauf dans la touffe au loin d'un arbre
on est dans un village et ça ressemble à un poème
de Pierre Toreilles par exemple on dirait que ça dit un sens
évident et fort entre la lumière et les pierres
alors que probablement c'est infiniment vide mais
comme
le visage de quelqu'un qu'on aime et qu'on a vu récemment.
(Poème de James Sacré - extrait de "Figures qui bougent un peu" - Ed. "Gallimard" - 2015)
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13/04/2016
Poèmes de James...
Dans les yeux de mon père soudain l'absence
un pays sans arbres pas de pays
le regard comme de la transparence et de la folie
nulle part et c'est comme tellement proche
la porte d'une grange vide bat le reste oublié d'une
récolte est là
il y a un mélange de bleu presque fleuri et de temps
gris dehors
je sais pas où dehors et quel intérieur mal clos ?
(Poème de James Sacré - extrait de " Figures qui bougent un peu " - Ed. Gallimard - 2015)
à suivre...
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06/04/2016
Poèmes de James...
j'ai l'impression que c'est pour obtenir seulement une certaine qualité dans la syntaxe de ma phrase et ce qu'elle véhiculerait d'abstraction vaine et de choses concrètes disparues : en somme une sorte de musique grammaticale où je dis que paraît la couleur pauvre d'un pré avec à son bord extrême une construction en planches ç'a été sans doute un hangar.
(Extrait de "Figures qui bougent un peu" de James Sacré - Ed. "Gallimard" - 2015)
à suivre...
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