14/09/2013
Chemins escarpés... (22)
Appliquez énergiquement les méthodes destinées à affranchir nos instincts les plus enfouis, chercher l’autre dans son cœur. Alors les signes essentiels et vertueux viendront à nous comme de jolis papillons de couleurs à nos âmes en confiance. Le transfert sera adéquat avec les consciences, nos consciences seront ainsi en parfaite harmonie, elles organiseront le travail dans l’immédiateté et avec force. Tous ceux qui auront acquis ces petites flammes vivantes dans leur esprit verront le jour nouveau comme récompense, les autres seront en attente du même émerveillement. Tout sera beau à nos yeux indéfectibles, à ce moment précis la nature émergera d’une nouvelle étoffe étincelante. Le cycle de l’existence sera ainsi renouvelé pour un temps bien déterminé et sera avide de nos vies. On pourra se dire enfin : « À l’intérieur de nos lymphes, un sang neuf vient à couler en nos veines, nos corps en connaissent la saveur ». Offrez toutes vos envies au chant spirituel qui s’offre à nous, la proximité de nos langages ainsi libérés dans l’expression de nos sens nous ouvre la porte à la présence mentale d’une voix unique.
(Poème inédit de Pôl Kraly (alias Franck Roy) in "Chemins escarpés" - à paraître)
à suivre...
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09/09/2013
Poème du jour...
LE VIEUX SALTIMBANQUE
Partout s’étalait, se répandait, s’ébaudissait le peuple en vacances. C’était une de ces solennités sur lesquelles, pendant un long temps, comptent les saltimbanques, les faiseurs de tours, les montreurs d’animaux et les boutiquiers ambulants, pour compenser les mauvais temps de l’année.
En ces jours-là il me semble que le peuple oublie tout, la douleur et le travail ; il devient pareil aux enfants. Pour les petits c’est un jour de congé, c’est l’horreur de l’école renvoyée à vingt-quatre heures. Pour les grands c’est un armistice conclu avec les puissances malfaisantes de la vie, un répit dans la contention et la lutte universelles.
L’homme du monde lui-même et l’homme occupé de travaux spirituels échappent difficilement à l’influence de ce jubilé populaire. Ils absorbent, sans le vouloir, leur part de cette atmosphère d’insouciance. Pour moi, je ne manque jamais, en vrai Parisien, de passer la revue de toutes les baraques qui se pavanent à ces époques solennelles.
Elles se faisaient, en vérité, une concurrence formidable : elles piaillaient, beuglaient, hurlaient. C’était un mélange de cris, de détonations de cuivre et d’explosions de fusées. Les queues-rouges et les Jocrisses convulsaient les traits de leurs visages basanés, racornis par le vent, la pluie et le soleil ; ils lançaient, avec l’aplomb des comédiens sûrs de leurs effets, des bons mots et des plaisanteries d’un comique solide et lourd comme celui de Molière. Les Hercules, fiers de l’énormité de leurs membres, sans front et sans crâne, comme les orang-outangs, se prélassaient majestueusement sous les maillots lavés la veille pour la circonstance. Les danseuses, belles comme des fées ou des princesses, sautaient et cabriolaient sous le feu des lanternes qui remplissaient leurs jupes d’étincelles.
Tout n’était que lumière, poussière, cris, joie, tumulte ; les uns dépensaient, les autres gagnaient, les uns et les autres également joyeux. Les enfants se suspendaient aux jupons de leurs mères pour obtenir quelque bâton de sucre, ou montaient sur les épaules de leurs pères pour mieux voir un escamoteur éblouissant comme un dieu. Et partout circulait, dominant tous les parfums, une odeur de friture qui était comme l’encens de cette fête.
Au bout, à l’extrême bout de la rangée de baraques, comme si, honteux, il s’était exilé lui-même de toutes ces splendeurs, je vis un pauvre saltimbanque, voûté, caduc, décrépit, une ruine d’homme, adossé contre un des poteaux de sa cahute ; une cahute plus misérable que celle du sauvage le plus abruti, et dont deux bouts de chandelles, coulants et fumants, éclairaient trop bien encore la détresse.
Partout la joie, le gain, la débauche ; partout la certitude du pain pour les lendemains ; partout l’explosion frénétique de la vitalité. Ici la misère absolue, la misère affublée, pour comble d’horreur, de haillons comiques, où la nécessité, bien plus que l’art, avait introduit le contraste. Il ne riait pas, le misérable ! Il ne pleurait pas, il ne dansait pas, il ne gesticulait pas, il ne criait pas ; il ne chantait aucune chanson, ni gaie ni lamentable, il n’implorait pas. Il était muet et immobile. Il avait renoncé, il avait abdiqué. Sa destinée était faite.
Mais quel regard profond, inoubliable, il promenait sur la foule et les lumières, dont le flot mouvant s’arrêtait à quelques pas de sa répulsive misère ! Je sentis ma gorge serrée par la main terrible de l’hystérie, et il me sembla que mes regards étaient offusqués par ces larmes rebelles qui ne veulent pas tomber.
Que faire ? À quoi bon demander à l’infortuné quelle curiosité, quelle merveille il avait à montrer dans ces ténèbres puantes, derrière son rideau déchiqueté ? En vérité, je n’osais ; et, dût la raison de ma timidité vous faire rire, j’avouerai que je craignais de l’humilier. Enfin, je venais de me résoudre à déposer en passant quelque argent sur une de ses planches, espérant qu’il devinerait mon intention, quand un grand reflux de peuple, causé par je ne sais quel trouble, m’entraîna loin de lui.
Et, m’en retournant, obsédé par cette vision, je cherchai à analyser ma soudaine douleur, et je me dis : Je viens de voir l’image du vieil homme de lettres qui a survécu à la génération dont il fut le brillant amuseur ; du vieux poëte sans amis, sans famille, sans enfants, dégradé par sa misère et par l’ingratitude publique, et dans la baraque de qui le monde oublieux ne veut plus entrer !
(Extrait de "Petits poèmes en prose" de Charles Baudelaire)
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03/09/2013
Chemins escarpés... (20)
Quel que soit l’objet de ton intention, la fournaise qui brûle en toi concrétisera les moments précis de ce que j’appelle : « le souffle divin de l’esprit sur la braise de la nécessaire exaltation de l’envie », et cela par-delà les horizons sinistres. Tu feras en sorte d’organiser les exaltations de ton âme au service des vides profonds de ces existences brûlées. Tu raviveras la flamme de tes enthousiasmes par la beauté de ton langage et l’éloquence de ton verbe, et cela viendra en écho dans un concert par les voix intimes de ton cœur. Imaginant un pays où se reposent les naissances à venir les paroles étirées de tes discours lumineux, tu les épouseras en accord avec les consciences réunies par le véritable langage de ton intelligence recouvrée. À la porte des conseils avisés de l’esprit, le détachement incitatif de celui-ci t’ouvrira les portes de la méditation aux choses essentielles des cycles notoires de nos vies enfin existantes. Malgré la condition naturelle, reposant dans l’espace, le vol de psyché atteindra des hauteurs où la claire lumière dans un flot naturel se fera force et certitude. Les nuits seront belles et fraîches sous la voûte céleste et comme un oiseau, son vol épousera les vents ascendants pour créer de plaisants paysages à nos yeux. Et de cet enchantement complice et illimité de l’air ambiant à son vol souverain, l’esprit rejoindra sans qu’on lui demande cette matière qui respire et qui vit. Ce corps qui rassemble tout l’univers en parfaite harmonie avec l’immuable richesse de la connaissance. Le temps sera venu alors pour s’y complaire dans cette chair intérieure, car ce corps possèdera la création du monde.
(Poème inédit de Pôl Kraly (alias Franck Roy) in "Chemins escarpés" - à paraître)
à suivre...
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25/08/2013
Chemins escarpés... (19)
Visant à ne fermer que la porte de l’inconscient, la rage des apparences se meurt dans la fournaise à pain. Ne considérer que seul l'habit du mâle surgissant de l’idolâtrie pénale empêche de voir de nos yeux cette boue sèche, car rien ne subsiste à l’esprit si ce n’est la conscience dans l’éternel émerveillement. Ce serait ainsi l’apothéose de ce que nous vivons petitement dans nos vies ridicules comme support à la bêtise humaine. Emprunter ce chemin pour grandir par la pensée, nous devons le faire à chaque instant et non de se remettre au quotidien qui nous absorbe et qui nous engloutit. Sachons vivre en pensant et fabriquons ces vies si grandes par notre intuition démesurée. À nous de donner de cet enfer que nous subissons toute la force de cette chose pour nous faire avancer dans les dédales de ceux qu’ils veulent nous dérouter de notre route certaine. Il faut y aller sur cette route, car elle nous emmènera loin vers la renaissance de notre esprit, vers le paradis émergeant de nous.
(Poème inédit de Pôl Kraly in "Chemins escarpés" - à paraître)
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29/07/2013
Poème du jour...
Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles
du monde et la grandeur et le tragique et le charme.
Les forêts s'y heurtent confusément
avec des créatures de légende cachées dans les fourrés.
Il y a toi.
Dans la nuit il y a le pas du promeneur
et celui de l'assassin et celui du sergent de ville
et la lumière du réverbère
et celle de la lanterne du chiffonnier.
Il y a toi.
Dans la nuit passent les trains et les bateaux
et le mirage des pays où il fait jour.
Les derniers souffles du crépuscule
et les premiers frissons de l'aube.
Il y a toi.
Un air de piano, un éclat de voix.
Une porte claque. Une horloge.
Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.
Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse.
Il y a toi l'immolée, toi que j'attends.
Parfois d'étranges figures naissent
à l'instant du sommeil et disparaissent.
Quand je ferme les yeux,
des floraisons phosphorescentes apparaissent
et se fanent et renaissent comme des feux d'artifice charnus.
Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures.
Il y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne.
Et l'âme palpable de l'étendue.
Et les parfums du ciel et des étoiles
et le chant du coq d'il y a 2,000 ans
et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers.
Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde
et des essieux qui grincent sur des routes médusantes.
Il y a toi sans doute que je ne connais pas,
que je connais au contraire.
Mais qui, présente dans mes rêves,
t'obstines à s'y laisser deviner sans y paraître.
Toi qui restes insaisissable
dans la réalité et dans le rêve.
Toi qui m'appartiens de par ma volonté
de te posséder en illusion
mais qui n'approches ton visage du mien
que mes yeux clos aussi bien au rêve qu'à la réalité.
Toi qu'en dépit d'un rhétorique facile
où le flot meurt sur les plages,
où la corneille vole dans des usines en ruines,
où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb.
Toi qui es à la base de mes rêves
et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses
et qui me laisses ton gant quand je baise ta main.
Dans la nuit il y a les étoiles
et le mouvement ténébreux de la mer,
des fleuves, des forêts, des villes, des herbes,
des poumons de millions et millions d'êtres.
Dans la nuit il y a les merveilles du mondes.
Dans la nuit il n'y a pas d'anges gardiens
mais il y a le sommeil.
Dans la nuit il y a toi.
Dans le jour aussi.
Robert Desnos
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17/07/2013
Chemins escarpés... (14)
Fuyant l’emprise de la peur, l’esprit atteint avec discernement les phases essentielles de son développement naturel. Confiant, l’esprit se campe et se métamorphose dans de sublimes connaissances, où se conçoivent ses réalisations qui éveilleront les âmes prêtes à se formuler et à vivre. Pour seule raison et face aux préceptes d’une habileté dialectique cela va engendrer et surtout faire émerger les conduites de l’existence livrée à elle-même. Prélude aux exigences à venir d’un monde prompt aux comportements les plus utiles et nécessaire à sa survie. La libération à ce moment-là sera au maximum de ses possibilités dont une perfection unique viendra parachever son œuvre d’un délitement spontané dont se profilera des parfums multiples au service de l’inconscient. Il sera nécessaire alors d’un laps de temps minimum pour parfaire les sentiers de l’intelligence. De cette maturation, la méditation épousera en des phases de respiration tout le corps pour faire son travail salutaire au fond de la conscience. Ainsi la conscience délivrée de ses doutes réveillera ses instincts les plus féconds pour asseoir une plénitude heureuse à l’esprit de celui qui aura compris cet enseignement de libertés aux choses de la vie.
(Poème inédit de Franck Roy in "Chemins escarpés" à paraître)
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28/06/2013
Chemins escarpés... (12)
Vers les pouvoirs de la vie où s’ouvrent de multiples chemins, chemin de la connaissance, chemin de la recherche en soi, chemin de la conscience et d’autres… Mais c’est sur le chemin de la conscience que je veux m’arrêter, car IL est à lui seul le plus lumineux c’est celui qui t’élève au sein de l’espace par le mudrã, comme une danse spirituelle alors tes neurones se font les danseurs de ton esprit en mutation. Toutes les transmissions détentrices du savoir s’exposent alors à la richesse de ton intelligence en perpétuel mouvement. De cela, l’émergence de ce qui régit ton corps à toutes ses cellules qui activent avec force et détermination tout le fonctionnement organique de celui-ci en fait résolument une matière libérée. De cette matière en fusion, les imprégnations et déploiements de toute la vitalité sereine de ton être se terminent par un charmant sourire comme pour conclure une phrase que tes lèvres sensuelles dégagent.
(Poème inédit de Franck Roy in "Chemins escarpés" à paraître)
à suivre...
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