Allez les yeux invisibles vers le beau.

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29/07/2013

Poème du jour...

images-1.jpegDans la nuit il y a naturellement les sept merveilles
du monde et la grandeur et le tragique et le charme.
Les forêts s'y heurtent confusément
avec des créatures de légende cachées dans les fourrés.
Il y a toi.

Dans la nuit il y a le pas du promeneur
et celui de l'assassin et celui du sergent de ville
et la lumière du réverbère
et celle de la lanterne du chiffonnier.
Il y a toi.

Dans la nuit passent les trains et les bateaux
et le mirage des pays où il fait jour.
Les derniers souffles du crépuscule
et les premiers frissons de l'aube.
Il y a toi.

Un air de piano, un éclat de voix.
Une porte claque. Une horloge.
Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.
Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse.
Il y a toi l'immolée, toi que j'attends.

Parfois d'étranges figures naissent
à l'instant du sommeil et disparaissent.
Quand je ferme les yeux,
des floraisons phosphorescentes apparaissent
et se fanent et renaissent comme des feux d'artifice charnus.
Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures.
Il y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne.

Et l'âme palpable de l'étendue.
Et les parfums du ciel et des étoiles
et le chant du coq d'il y a 2,000 ans
et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers.

Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde
et des essieux qui grincent sur des routes médusantes.
Il y a toi sans doute que je ne connais pas,
que je connais au contraire.

Mais qui, présente dans mes rêves,
t'obstines à s'y laisser deviner sans y paraître.
Toi qui restes insaisissable
dans la réalité et dans le rêve.

Toi qui m'appartiens de par ma volonté
de te posséder en illusion
mais qui n'approches ton visage du mien
que mes yeux clos aussi bien au rêve qu'à la réalité.

Toi qu'en dépit d'un rhétorique facile
où le flot meurt sur les plages,
où la corneille vole dans des usines en ruines,
où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb.

Toi qui es à la base de mes rêves
et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses
et qui me laisses ton gant quand je baise ta main.
Dans la nuit il y a les étoiles
et le mouvement ténébreux de la mer,
des fleuves, des forêts, des villes, des herbes,
des poumons de millions et millions d'êtres.

Dans la nuit il y a les merveilles du mondes.
Dans la nuit il n'y a pas d'anges gardiens
mais il y a le sommeil.
Dans la nuit il y a toi.

Dans le jour aussi.



Robert Desnos

01/07/2013

Poème du jour...

desnos,poète,écrivain,poésie,détente,coteau,réflexionDerrière ce coteau la vallée est dans l’ombre,
L’odeur du bois qui flambe et de l’herbe parvient
Jusqu’au désert présent, lueurs et rocs sans nombre,
Avec des cris d’enfant et des abois de chien.

Les cris sont déchirants de l’enfant qu’on égorge.
Le chien appelle en vain. Un sort est sur ces lieux.
Rien n’est réel ici que cette odeur de forge
Qui nous berce et nous saoule et nous rougit les yeux.

L’aube peut revenir et le soleil nous prendre.
En vain : les aboiements et les cris perceront
L’épaisseur de la nuit, l’épaisseur de la cendre
Qui remplissent nos cœurs, qui brûlent sous nos fronts.

20/07/2011

Poème du Jour...

PORTE DU SECOND INFINI

 

A Antonin Artaud

 

L'encrier périscope me guette au tournant,

mon porte-plume rentre dans sa coquille.

La feuille de papier déploie ses grandes ailes blanches :

Avant peu ses deux serres m'arracheront les yeux.

Je n'y verrai que du feu mon corps

feu mon corps !

Vous eûtes l'occasion de le voir en grand appareil le jour de tous les ridicules.

Les femmes mirent leurs bijoux dans leur bouche comme Démosthème.

Mais je suis inventeur d'un téléphone de verre de Bohème et de tabac anglais

en relation directe avec la peur !

 

(Poème de Robert Desnos - "C'est les bottes de 7 lieues cette phrase " Je me vois" - 1926)images-1.jpeg

03/02/2011

Poème du Jour...

 

Unknown.jpegIDEAL MAITRESSE

 

Je m'étais attardé ce matin-là à brosser les dents d'un joli animal que, patiemment, j'apprivoise. C'est un caméléon. Cette aimable bête fuma, comme à l'ordinaire, quelques cigarettes puis je partis. 

Dans l'escalier je la rencontrai "Je mauve" me dit-elle et tandis que moi-même je cristal à peine ciel-je à son regard qui fleuve vers moi.

Or il serrure et, maîtresse ! Tu pichpin qu'a joli vase je me chaise si les chemins tombeaux.

L'escalier, toujours l'escalier qui bibliothèque et la foule au bas plus abîme que le soleil ne cloche.

Remontons ! Mais en vain, les souvenirs sa sardine ! à peine, à peine un bouton tirelire-t-il. Tombez, tombez ! En voici le verdict : " La danseuse sera fusillée à l'aube en tenue de danse avec ses bijoux immolés au feu de son corps. Le sang des bijoux, soldats !".

Et quoi, déjà je miroir. Maîtresse tu carré noir et si les nuages de tout à l'heure myosotis, ils moulins dans la toujours présente éternité.

 

(Extrait de "Langage cuit" - 1923 - Poème de Robert Desnos)

08/11/2010

Poème du Jour...

 

Unknown.jpegPORTE DU SECOND INFINI

A Antonin Artaud

 

L'encrier périscope me guette au tournant,

mon porte-plume rentre dans sa coquille.

La feuille de papier déploie ses grandes ailes blanches :

Avant peu ses deux serres m'arracheront les yeux.

Je n'y verrai que du feu mon corps

feu mon corps !

Vous eûtes l'occasion de le voir en grand appareil le jour de tous les ridicules.

Les femmes mirent leurs bijoux dans leur bouche comme Démosthène

Mais je suis inventeur d'un téléphone de verre de Bohème et de tabac anglais

en relation directe avec la peur !

 

(Poème de Robert Desnos)