26/08/2011
Proses des ivresses... (12)
Ni l'univers et une fièvre sans ciel, les robes d'aurore, et un sang suspendu entre les tessons de la bouche et les dérives de la mort. Le gant étranglé de la langue.
Ombre orange des nerfs, la mort-nombril sertie d'une rosée mordue. Les tempes de pupilles, les langues de violons. Les cernes aimantées des artères de mixages.
L'éclair moite, l'hostie amphétaminique, la scie du sang à la perforation consumée de la veine. Les soucoupes habillées de délires givrés, ici sous la peau de la peau. D'autres mondes devant les yeux d'aquarium.
Le murmure éternel d'un parfum de ciseaux.
Sur le Pacifique de ma détresse. Les vagues éclatent comme les veines bleues de l'insuffisance. Le soda de mon sang. Le sable, l'écrin de mes poignets.
Mes yeux aux cils de vagues.
Sur les draps brodés, mon enfance endormie dans un berceau de jade.La plage tranchée au rasoir de l'arc-en-ciel. Tapis à l'épée de mes colliers sans Immobile.
Mon miroir triste miroir, l'océan. Fondre mes poignets hisés de brumes divines au Château de la Maladie. Le coffret où l'Antérieur grima mon visage de fée.
(Prose extrait de "L'aiguille de diamant de l'anéantissement" de Michel Bulteau - Ed. du Soleil noir - 1949)
04:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, prose, réflexion, comprendre, intelligence, bulteau, surréalisme
15/06/2011
Poème du Jour...
La Fiancée aux mains parfaites
Tout est brisé
avec les migrations
venues des climats sans totem
Je me redécouvre
plus libre
plus abandonné
que si rien d'illusoire n'était advenu
depuis les premiers cimetières de sable blanc
depuis les bouquets mauves des nuits calcinées
depuis l'âge d'or d'une première grève de la faim
O que la fille aux jupons de lumière
que la gamine aux lèvres neuves
que la très pure aventurière
que la femme lavée des neiges
se couche dans la vie
du plus timide
de plus pauvre
du plus maladroit
du plus déshérité
et l'assassine si cela lui chante.
(Poème de Achille Chavée) - Surréaliste.
04:29 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, chavée, surréalisme, recueil, littérature
03/02/2011
Poème du Jour...
IDEAL MAITRESSE
Je m'étais attardé ce matin-là à brosser les dents d'un joli animal que, patiemment, j'apprivoise. C'est un caméléon. Cette aimable bête fuma, comme à l'ordinaire, quelques cigarettes puis je partis.
Dans l'escalier je la rencontrai "Je mauve" me dit-elle et tandis que moi-même je cristal à peine ciel-je à son regard qui fleuve vers moi.
Or il serrure et, maîtresse ! Tu pichpin qu'a joli vase je me chaise si les chemins tombeaux.
L'escalier, toujours l'escalier qui bibliothèque et la foule au bas plus abîme que le soleil ne cloche.
Remontons ! Mais en vain, les souvenirs sa sardine ! à peine, à peine un bouton tirelire-t-il. Tombez, tombez ! En voici le verdict : " La danseuse sera fusillée à l'aube en tenue de danse avec ses bijoux immolés au feu de son corps. Le sang des bijoux, soldats !".
Et quoi, déjà je miroir. Maîtresse tu carré noir et si les nuages de tout à l'heure myosotis, ils moulins dans la toujours présente éternité.
(Extrait de "Langage cuit" - 1923 - Poème de Robert Desnos)
08:03 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, surréalisme, desnos, livre, 1923, littérature
10/12/2010
Poème du Jour...
L'INCONNU
Il disait mes lèvres sont des grappes monstrueuses
de panthères qui chantent
plus douces que les oiseaux si doux de la colline
et les taureaux sanglants des gros nuages obscurs
Il disait
Je porte dans mon sein
des vagues immenses et âcres
au milieu des fleurs si belles des grands jours
Il appelait Marie
une petite fille qui portait des légumes
Il disait il disait encore
Je suis un coquelicot
qui réveille le matin l'azur blême des bêtes
(Extrait de "L'Allure poétique" de Jacques Baron - 1924)
05:16 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, baron, jacques, surréalisme, 1924
23/11/2010
Poème du Jour...
RAHAT-LOUKOUMS
J'ai des misères en pentes raides et nues,
Les ricochets sans jupes contemplent la mer
Pour m'embrasser voluptueusement comme un bouquet
C'est endormir mes petites larmes d'opium
La science infinie, personnage mandarin de la lune
Voilà mon vêtement en cerf-volant de miel glacé.
Je l'ai écrit sur le lit transformé de la belle saison
Que se câliner plusieurs fois les seins
Dans le musée fermé
Sous des vêtements en boule
Devient du fard sur une pendule.
La croix de l'alcool au menton bleu poétique
Me révèle une barrière de lanternes,
Redoutable volte-face
Du danseur sur la piste plate-forme
Dans l'imprévu silencieux d'une allée vide
Je suis sur la montagne des femmes fières
Sculptées jusqu'au cou.
(Poème de Francis Picabia)
05:14 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, picabia, surréalisme, recueil
08/11/2010
Poème du Jour...
PORTE DU SECOND INFINI
A Antonin Artaud
L'encrier périscope me guette au tournant,
mon porte-plume rentre dans sa coquille.
La feuille de papier déploie ses grandes ailes blanches :
Avant peu ses deux serres m'arracheront les yeux.
Je n'y verrai que du feu mon corps
feu mon corps !
Vous eûtes l'occasion de le voir en grand appareil le jour de tous les ridicules.
Les femmes mirent leurs bijoux dans leur bouche comme Démosthène
Mais je suis inventeur d'un téléphone de verre de Bohème et de tabac anglais
en relation directe avec la peur !
(Poème de Robert Desnos)
04:53 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, desnos, surréalisme, artaud