16/08/2015
Sur la bêtise... (3)
1. Indécidabilité.
Qu'est-ce que la bêtise? On peut tenter de répondre à cette question à partir de l'ensemble sémantique associé à ce mot en français. Jacques Derrida remarque que, du mot bête [utilisé pour désigner l'animal], le français n'a pas dérivé un mot qui désignerait l'essence ou l'être de la bête, du genre bêteté, comme il l'a fait pour le mot animal (animalité). Si la bêteté comme valeur abstraite valant pour la bête en général n'existe pas, les bêtes ne peuvent pas être bêtes. Dans la langue française, une personne peut être bête, un discours (c'est bête, ce qu'il dit), une action, un événement (il pleut, c'est bête, c'est ennuyeux), mais pas une bête. S'il y a un propre de la bête, il n'est pas dans le sens propre de ce mot. Entre les multiples usages idiomatiques du lexique "bête", "bêtise", la diffraction est irréductible. Aucun sens fondamental, fondateur ou univoque ne se stabilise. Nul ne peut définir la bêtise rigoureusement.
Qui est bête juge mal, c'est entendu. Mais en quoi consiste exactement ce mal? C'est impossible à dire. La bêtise est ambiguë, elle n'entre pas dans la série des schèmes ou des opérateurs logiques. C'est une catégorie indéterminée, exceptionnelle [du genre de celles que Derrida qualifie de quasi transcendantales], à laquelle on ne peut pas attribuer un sens déterminé. Flaubert, qui a tenté de la décrire dans Bouvard et Pécuchat, l'a considérée à la fois comme un tombeau et la source de l'Art. Sur la scène de la bêtise, toutes les distinctions s'abîment, rien ne fait système. La bête elle-même ne se distingue plus du souverain, ni le Quoi du Qui.
2. Le propre de qui ou de quoi?
Le paradoxe de ce mot, bêtise, comme celui d'un autre mot de même racine, bestialité, c'est qu'il semble se référer à l'animal, la bête, alors que dans le langage courant, une bête ne peut pas être bête, ni bestiale, seul l'homme le peut. La bête peut être violente, mais pas cruelle (comme l'homme). Mais alors pourquoi, en français, utilise-t-on justement ce mot-là, bêtise, pour désigner quelque chose comme l'idiotie ou la stupidité [ces deux derniers mots n'ayant pas exactement le même sens]?
- (Le Qui comme comble de la bêtise). La bêtise arrive quand le propre s'autoproclame, se pose en souverain de lui-même en déniant l'autre hétérogène et inassimilable contre lequel il cherche à se protéger. Quand ce qu'on a coutume d'appeler l'homme, avec son bavardage et sa culture, revendique son autoposition, quand il impose le fantasme du propre, son ipséité, alors il est bête, et chaque fois qu'il proclame son intelligence, il ajoute un supplément de bêtise. On pourrait presque dire que c'est une définition de l'humain - quoique toute définition qui se présente comme LA définition (c'est-à-dire qui présuppose une autoposition de ce genre) soit une bêtise. S'autoposant, il faut qu'il s'oppose à la bête.
- (Le Quoi comme comble de la bêtise). Le paradoxe du personnage de Valéry, Monsieur Teste, c'est qu'il se présente comme absolument souverain, mais veut tuer en lui ce qui le menace, cette inquiétante étrangeté, la marionnette. En la condamnant à mort, il devient un automate, une mécanique. La surenchère de souveraineté conduit à une bêtise essentielle insondable, celle du Quoiou du souverain phallique.
- (Entre les deux, la différance). Entre la bête et le souverain, entre le Quoi et le Qui, il y a plus ou moins de bêtise, mais dans cet écart, dans cette différance, peut surgir autre chose.
3. Accusation, jugement.
Si la bêtise est un défaut, ce n'est ni par manque de connaissance, ni par erreur, ni par illusion, ni par hallucination. Quand on en accuse quelqu'un, on le juge sans critère précis, sans savoir exactement ce qu'on dit. Il y a toujours une part d'agression, d'injure, et une part de jugement. En déclarant, par cet acte de langage, qu'Untel est privé de certaines facultés humaines, on produit un certain effet. On fait allusion à une incapacité à juger dont on peut se faire le procureur, au sens de la justesse ou de la justice, c'est-à-dire en définitive du droit (jus).
4. Un acte performatif.
Le mot "bêtise", avec les usages idiomatiques dont on peut faire l'analyse en français, désignerait un lieu de non-savoir, d'intraduisibilité, où les valeurs émergent. Quand ce qu'on appelle l'animal et ce qu'on appelle l'humain sont encore indissociables [le moment où, dans la bible, Dieu laisse Adam nommer lui-même les animaux], dans une logique fabuleuse, fictionnelle, les mots prennent sens, mais ce sens n'est pas encore figé dans un système. C'est là que devrait débuter tout traité de philosophie.
Derrida sur la bêtise... (Suite & Fin)
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15/08/2015
Sur la bêtise... (2)
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14/08/2015
Sur la bêtise... (1)
La bétise n'épargne personne. De la même façon que l'on n'échappe pas selon Sartre à la tentation d'aliéner sa propre liberté et de se prendre pour une chose. D'ailleurs, Sartre lui-même jouait à l'intellectuel comme d'autres après lui jouèrent à être Jean-Paul Sartre.
Le savoir n’a jamais soulagé la vanité, et tout homme, si vigilant soit-il, finit toujours par prendre la pose et s’endormir sur l’oreiller de ses lauriers. La bêtise n’est donc pas une affaire de contenu, c’est une affaire de forme. Elle tient moins à ce qu’on dit, qu’à l’importance qu’on lui donne. En ce sens, personne n’est plus bête que celui qui ignore qu'il l'est. La bêtise, ce n’est pas Forrest Gump, conscient de son handicap, mais plutôt les sarcasmes de ses camarades de classe, ravis de leur cruauté.
« C’est la raison, dit Rousseau, qui replie l’homme sur lui-même ; c’est par elle qu’il dit en secret, à l’aspect d’un homme souffrant, péris si tu veux, je suis en sûreté. »
La bêtise n’est pas l’adversaire de l’intelligence, mais plutôt de l’intranquillité. La bêtise, c’est l’antalgique auquel on doit de ne pas souffrir des souffrances d’autrui. La bêtise ne pense pas, mais elle est indispensable. De la même façon que les hommes sans courage renoncent à toute individualité pour se cacher dans la foule et crier avec elle, la bêtise donne un peu le sentiment de la sécurité. Elle fait comme s’il suffisait d’avoir un toit pour être à l’abri, ou d’habiter dans une tour d’ivoire pour ne jamais mourir. Sous l’effet de la bêtise, le monde ramolli, l’intersubjectif devient l’interchangeable, l’intime devient l’impudique, l’insoumission devient l’institution. La bêtise s’impose quand la discussion capitule devant l’argument d’autorité, ou quand, à force de parler à tout le monde, celui qui parle n’a soudain plus rien à dire : la bêtise, c’est la « positive attitude ».
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13/08/2015
Pensée du Jour...
Les plus grandes aventures
sont intérieures.
Hergé
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12/08/2015
Vient de Paraitre...
Vient de Paraitre :
(en version numérique chez Kindle Edition sur Amazon en téléchargement au prix de 2,99 Euros)
de
Pôl Kraly
"Génétiquement pas pareil semblait dire le contenu de cette émission sur Arte, du fait de leurs chromosomes, XY pour l'homme et XX pour la femme. Des chercheurs émettent l'hypothèse selon laquelle il existe une évaluation de distance entre l'ADN de l'homme et de la femme. Alors que le génome humain est totalement décrypté, il s'avère que 300 gènes séparent la fille du garçon, soit 1% de leur patrimoine héréditaire. L'écart peu paraître minime, mais selon les chercheurs, il est presque aussi grand que celui qui sépare le genre humain des grands singes soir 1,5 %. Il aurait donc de distance, génétiquement parlant, entre la femme et l'homme qu'entre les primates et Homo sapiens. L'émission terminée et encore sous le choc, je me glissai sous les draps et plongeai dans une réflexion, qui au bénéfice de la nuit, allait se montrer constructive puisqu'elle déboucha sur ce livre. Réflexion qui se veut une sorte de voyage allégorique, fantastique et poétique à l'intérieur du corps de la femme."
05:00 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corps, intime, kraly, écrivain, intérieur, voyage, kindle, numérique, téléchargement, essai, humouristique, parution, réflexion, comprendre, savoir, connaître
11/08/2015
Vient de Paraitre...
Vient de Paraître :
(en version numérique chez Kindle Edition sur Amazon en téléchargement au prix de 2,99 Euros)
de
Pôl Kraly
"C'est l'histoire de Lôl (le narrateur), Prat, Avia, Nyad et Lian en 2031. Les héros de ce récit vont prendre conscience que tout ce qui harmonise cette vie, ils le doivent à la conjonction des êtres et du cosmos. Que tout est intimement lié, que nos rapports aux destins et aux âmes se connectent par des ondes, mais aussi par notre magnétisme. Ces personnages vont apprendre à s'apprécier, à se connaître davantage mais surtout ils vont comprendre "Ce que doivent être les choses" dans la société de leur époque. Ainsi les protagonistes de cette aventure vont être au coeur des mystères et des lois qui déterminent leur connaissance de soi, pour mieux capter les événements qui, autour d'eux, évoluent.
Ce roman pose la question : la conscience ne serait-elle pas le moteur qui anime le mouvement cognitif des choses à l'élaboration d'un monde qui se crée, dans la similitude de toutes existences ?"
05:00 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, conscience, kraly, écrivain, histoire, parution, amazon, kindle, numérique, 2031, réflexion, comprendre, savoir, connaître
10/08/2015
Sagesse de la Conscience... (14)
CE BEAU VOYAGE
Grâce au pouvoir que nous avons au fond de nous, il nous faut gravir les mots que nous formons en soi. À savoir que l’espace-temps demeure le meilleur de la vie éternelle et par delà créer à notre conscience un abri nécessaire pour que notre âme puisse choisir l’endroit le plus sûr de notre cerveau pour organiser tout cela. De la joie à venir pour tout le monde sans exclusion, car il est temps de formuler ce vœu qui se fera par le sourire, celui qui viendra du cœur pour semer une plantation d’amour immense et profond aux yeux des plus grands nombres dont les cœurs sont en attente de recevoir ce sourire ? Car il est évident, qu’il viendra sous une pluie d’amour intense flirter avec nos âmes avec un délicieux parfum de bonté ! Tout d’abord, théorie première, il faut rassembler tout ce qui nous semble nécessaire pour l’accomplissement de soi vers les autres, faire de son travail personnel un choix délibéré de libérer l’autre de sa camisole intérieure qui l’emprisonne, cela se fait naturellement dans notre façon d’être, de notre altruisme qui fera évoluer les choses. Mémorisez en nous des livres entiers d’amour qui ne demande qu’à s’extérioriser dans chacun, du fait de notre nature unique et dans une parfaite connaissance de soi, principe authentique d’une vérité inconsciente au départ, mais qui deviendra consciente à l’arrivée ? Pour que ce beau voyage commence à l’intérieur de nous, par la seule force la plus fiable qui nous habite, celle qui nous vient du divin.
(Prose philosophique et spirituelle inédite de Pôl Kraly in "Sagesse de la Conscience")
à suivre...
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