La poésie au coeur du combat, tel est le thème de la 4e édition
du Printemps des poètes à La Roche-sur-Yon. Qui, cette année,
se fait l'écho des récents printemps arabe, iranien, voire berbère
naguère, où les poètes ont su s'indigner pour accompagner la légitime
revendication à la dignité humaine. L'indignation constitue
l'essence du combat poétique, provoque l'entrée des poètes en
résistance à toute espèce de totalitarisme, l'histoire de la littérature
en témoigne : Victor Hugo en exil sous Napoléon le Petit, le
yonnais Jean Bouhier fondateur de l'École de Rochefort insoumise
à Pétain, le palestinien Mahmoud Darwich, les algériens Tahar
Djaout et Lounès Matoub et tant d'autres acteurs de la liberté.
C'est que, comme le soulignait l'écrivain Kateb Yacine, « il y
a une opposition irréductible entre le verbe libre (la poésie) et
le verbe religieux » et ses ersatzs, les idéologies politiques « ces
religions sans Dieu » (Hegel). Et si les circonstances l'imposent,
le combat de la poésie se change en poésie de combat où « le mot,
c'est un coup de fusil qui part » (formule de Farida Aït Ferroukh
lors d'un débat à La Roche-sur-Yon). Faut-il rappeler l'oeuvre de
résistance active des Char, Éluard, Aragon, Guillevic... ?
La poésie affouille le vif du langage. En cette période de crise qui
dépèce à vif le quotidien des hommes, est-il étonnant que l'on se
tourne vers les poètes ? Et insolite que ce sont de jeunes étudiantes
qui portent le projet de ce Printemps des poètes ? Et que cela se
passe à La Roche-sur-Yon qui entretient des liens de forte amitié
avec Tizi-Ouzou et le peuple Amazigh ? Pas vraiment. La poésie
vise au coeur de l'humain, tire une « salve d'avenir » (Machado). Ce
n'est pas un privilège de rencontrer les poètes invités lors de cet
événement, c'est une nécessité. À très bientôt, donc.
Louis Dubost