Allez les yeux invisibles vers le beau.

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09/09/2013

Poème du jour...

LE VIEUX SALTIMBANQUE

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Partout s’étalait, se répandait, s’ébaudissait le peuple en vacances. C’était une de ces solennités sur lesquelles, pendant un long temps, comptent les saltimbanques, les faiseurs de tours, les montreurs d’animaux et les boutiquiers ambulants, pour compenser les mauvais temps de l’année.

En ces jours-là il me semble que le peuple oublie tout, la douleur et le travail ; il devient pareil aux enfants. Pour les petits c’est un jour de congé, c’est l’horreur de l’école renvoyée à vingt-quatre heures. Pour les grands c’est un armistice conclu avec les puissances malfaisantes de la vie, un répit dans la contention et la lutte universelles.

L’homme du monde lui-même et l’homme occupé de travaux spirituels échappent difficilement à l’influence de ce jubilé populaire. Ils absorbent, sans le vouloir, leur part de cette atmosphère d’insouciance. Pour moi, je ne manque jamais, en vrai Parisien, de passer la revue de toutes les baraques qui se pavanent à ces époques solennelles. 

Elles se faisaient, en vérité, une concurrence formidable : elles piaillaient, beuglaient, hurlaient. C’était un mélange de cris, de détonations de cuivre et d’explosions de fusées. Les queues-rouges et les Jocrisses convulsaient les traits de leurs visages basanés, racornis par le vent, la pluie et le soleil ; ils lançaient, avec l’aplomb des comédiens sûrs de leurs effets, des bons mots et des plaisanteries d’un comique solide et lourd comme celui de Molière. Les Hercules, fiers de l’énormité de leurs membres, sans front et sans crâne, comme les orang-outangs, se prélassaient majestueusement sous les maillots lavés la veille pour la circonstance. Les danseuses, belles comme des fées ou des princesses, sautaient et cabriolaient sous le feu des lanternes qui remplissaient leurs jupes d’étincelles.

Tout n’était que lumière, poussière, cris, joie, tumulte ; les uns dépensaient, les autres gagnaient, les uns et les autres également joyeux. Les enfants se suspendaient aux jupons de leurs mères pour obtenir quelque bâton de sucre, ou montaient sur les épaules de leurs pères pour mieux voir un escamoteur éblouissant comme un dieu. Et partout circulait, dominant tous les parfums, une odeur de friture qui était comme l’encens de cette fête.

Au bout, à l’extrême bout de la rangée de baraques, comme si, honteux, il s’était exilé lui-même de toutes ces splendeurs, je vis un pauvre saltimbanque, voûté, caduc, décrépit, une ruine d’homme, adossé contre un des poteaux de sa cahute ; une cahute plus misérable que celle du sauvage le plus abruti, et dont deux bouts de chandelles, coulants et fumants, éclairaient trop bien encore la détresse.

Partout la joie, le gain, la débauche ; partout la certitude du pain pour les lendemains ; partout l’explosion frénétique de la vitalité. Ici la misère absolue, la misère affublée, pour comble d’horreur, de haillons comiques, où la nécessité, bien plus que l’art, avait introduit le contraste. Il ne riait pas, le misérable ! Il ne pleurait pas, il ne dansait pas, il ne gesticulait pas, il ne criait pas ; il ne chantait aucune chanson, ni gaie ni lamentable, il n’implorait pas. Il était muet et immobile. Il avait renoncé, il avait abdiqué. Sa destinée était faite.

Mais quel regard profond, inoubliable, il promenait sur la foule et les lumières, dont le flot mouvant s’arrêtait à quelques pas de sa répulsive misère ! Je sentis ma gorge serrée par la main terrible de l’hystérie, et il me sembla que mes regards étaient offusqués par ces larmes rebelles qui ne veulent pas tomber.

Que faire ? À quoi bon demander à l’infortuné quelle curiosité, quelle merveille il avait à montrer dans ces ténèbres puantes, derrière son rideau déchiqueté ? En vérité, je n’osais ; et, dût la raison de ma timidité vous faire rire, j’avouerai que je craignais de l’humilier. Enfin, je venais de me résoudre à déposer en passant quelque argent sur une de ses planches, espérant qu’il devinerait mon intention, quand un grand reflux de peuple, causé par je ne sais quel trouble, m’entraîna loin de lui.

Et, m’en retournant, obsédé par cette vision, je cherchai à analyser ma soudaine douleur, et je me dis : Je viens de voir l’image du vieil homme de lettres qui a survécu à la génération dont il fut le brillant amuseur ; du vieux poëte sans amis, sans famille, sans enfants, dégradé par sa misère et par l’ingratitude publique, et dans la baraque de qui le monde oublieux ne veut plus entrer !


(Extrait de "Petits poèmes en prose" de Charles Baudelaire)

08/09/2013

Fukushima : Fuite d'eau...

07/09/2013

Chemins escarpés... (21)

images-2.jpegAinsi se lève l’aube victorieuse, paisible et heureuse, sous la forme de corps flamboyants où de riches liens s’unissent. De ton imagination, tu en fais un dialogue et une saine nourriture de l’esprit en osmose avec les consciences actuelles… De celles qui s’échappent du cerveau par leur émanation naturelle et qui se dirigent vers les êtres de lumière. Bien que je me félicite de les voir ainsi voler comme des papillons vers leurs nids, par une sagesse souveraine, toutes ces luminescences qui sentent bon la connaissance s’offrent le bonheur. Promesse de matins radieux sous un ciel tout bleu, j’implore, alors, votre patience pour ce défilé génial qui en ordre serré entrera dans ces esprits clairvoyants. Nul doute, on s’écoutera dire : « Elles sont en lieu sûr pour l’éternité qu’elles sachent en garder les substances essentielles à nos vies ». Semblables aux choses qui s’octroient un décor, ces luminescences seront les gardiennes des lieux. À nous d’en sauvegarder leurs âmes.

 

(Poème inédit de Pôl Kraly (alias Franck Roy) in "Chemins escarpés" - à paraître)

 

06/09/2013

Vient de Paraître...

Mon roman "Ce que doivent être les choses" vient de paraître sous deux formules chez lulu.com, en version papier et en version numérique pour tablettes sur "eBook"...


6,99 Euros - 200 pages (version numérique - eBook)

 

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19,04 Euros - 200 pages (version papier) - (de bonne qualité)

 

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05/09/2013

Trois maîtres de vie... (13)

lenoir,écrivain,philosophe,socrate,jésus,bouddha,connaissance,réflexion,comprendre,savoir,livre,essai,fayardSocrate, Jésus et Bouddha nous apprennent à vivre. Le témoignage de leur vie et l'enseignement qu'ils proposent est, me semble-t-il, universel et d'une étonnante modernité. Leur message est centré sur l'être individuel et sa croissance, sans jamais nier sa nécessaire inscription dans le corps social. Il propose un savant dosage de liberté et d'amour, de connaissance de soi et de respect d'autrui. Même s'il s'enracine diversement dans un fonds de croyances religieuses, il n'est jamais froidement dogmatique : il donne toujours du sens et fait appel à la raison. Il parle aussi au coeur.

 

 

(Extrait de "Socrate, Jésus, Bouddha" de Frédéric Lenoir - Ed. Fayard - 2009)

 

à suivre...

04/09/2013

Méloé...

Mon roman "Méloé" vient de paraître chez lulu.com vous pouvez le commander...

 

18,90 Euros - 238 pages

 

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03/09/2013

Chemins escarpés... (20)

images-2.jpegQuel que soit l’objet de ton intention, la fournaise qui brûle en toi concrétisera les moments précis de ce que j’appelle : « le souffle divin de l’esprit sur la braise de la nécessaire exaltation de l’envie », et cela par-delà les horizons sinistres. Tu feras en sorte d’organiser les exaltations de ton âme au service des vides profonds de ces existences brûlées. Tu raviveras la flamme de tes enthousiasmes par la beauté de ton langage et l’éloquence de ton verbe, et cela viendra en écho dans un concert par les voix intimes de ton cœur. Imaginant un pays où se reposent les naissances à venir les paroles étirées de tes discours lumineux, tu les épouseras en accord avec les consciences réunies par le véritable langage de ton intelligence recouvrée. À la porte des conseils avisés de l’esprit, le détachement incitatif de celui-ci t’ouvrira les portes de la méditation aux choses essentielles des cycles notoires de nos vies enfin existantes. Malgré la condition naturelle, reposant dans l’espace, le vol de psyché atteindra des hauteurs où la claire lumière dans un flot naturel se fera force et certitude. Les nuits seront belles et fraîches sous la voûte céleste et comme un oiseau, son vol épousera les vents ascendants pour créer de plaisants paysages à nos yeux. Et de cet enchantement complice et illimité de l’air ambiant à son vol souverain, l’esprit rejoindra sans qu’on lui demande cette matière qui respire et qui vit. Ce corps qui rassemble tout l’univers en parfaite harmonie avec l’immuable richesse de la connaissance. Le temps sera venu alors pour s’y complaire dans cette chair intérieure, car ce corps possèdera la création du monde.

 

(Poème inédit de Pôl Kraly (alias Franck Roy) in "Chemins escarpés" - à paraître)


à suivre...