08/04/2016
Rousseau, le peintre...
Quatrième enfant d'un ferblantier de Laval, il obtient au lycée, en 1860, un prix de dessin et un prix de musique. Employé chez un avoué à Angers, il est condamné à un mois de prison pour abus de confiance et, afin d'éviter le scandale, il signe un engagement volontaire pour l'armée. Il n'a jamais été au Mexique, malgré les allusions qu'il fit plus tard à cette expédition. Sa vie fut petite et médiocre. Marié en 1869, clerc chez un huissier, il devient commis de deuxième classe à l'octroi de Paris et le reste jusqu'en 1893. Peintre amateur, il obtient, en 1884, une autorisation de travailler comme copiste aux Musées nationaux. En 1886, présenté par Signac, il expose au Salon des indépendants, auquel il participera chaque année jusqu'à sa mort, sauf en 1899 et 1900 : sa carrière, en somme, et sa notoriété sont dues à ce Salon. En 1888, il perd sa femme, qui lui avait donné sept enfants, et se remarie en 1899. Du reste, il fut toujours très sentimental, amoureux jusqu'à sa mort. En 1889, l'Exposition universelle émeut son imagination et lui inspire un vaudeville. Cependant, il se met à peindre en 1893, ayant pris sa retraite à l'octroi. Le tableau exposé aux Indépendants en 1894, la Guerre (Paris, musée d'Orsay), montre qu'il avait dès lors acquis sa manière très originale et son style de primitif moderne. Son concitoyen de Laval, Alfred Jarry, lui fait connaître Rémy de Gourmont, qui publie dans la revue l'Ymagier, en 1895, la lithographie de ce tableau. En 1897, Rousseau expose aux Indépendants la célèbre Bohémienne endormie (New York, M. O. M. A.), dont il propose vainement l'achat au maire de Laval. À cette époque, il joue dans l'orchestre de l'Amicale du Ve arrondissement et, pour vivre, donne des leçons de peinture et de musique. Après la mort de sa seconde femme en 1903, il s'installe rue Perrel, dans le quartier populaire de Plaisance, où il fait les portraits des commerçants ses voisins, en prenant leurs mesures avec un mètre. Son premier sujet exotique, Éclaireurs attaqués par un tigre (Merion, Barnes Foundation), est exposé aux Indépendants en 1904.
L'année suivante, Rousseau est admis au Salon d'automne dans la salle des Fauves, où il envoie un grand panneau, le Lion ayant faim (coll. part.). Dès lors, il sort de l'obscurité ; Jarry lui fait connaître Apollinaire, et celui-ci lui présente Robert Delaunay, qui devient son ami. La mère de ce dernier lui commande la Charmeuse de serpents, exposée au Salon d'automne en 1907 (Paris, musée d'Orsay). En décembre de cette année, il est mis en prison pour une affaire de chèque sans provision, où il fut la dupe d'un escroc. Pour se disculper, il montre ses tableaux, dont il est fier et qui le font libérer comme irresponsable. Wilhelm Uhde, son premier biographe en 1911, s'intéresse à lui, ainsi que plusieurs artistes, qui ne le prennent pas encore très au sérieux. En son honneur, Picasso offre un banquet, resté fameux, dans son atelier du Bateau-Lavoir en 1908. Rousseau lui-même donne dans son atelier des soirées " musicales et familiales ", avec des mélodies de sa composition. D'ailleurs, en 1904, il avait édité la valse Clémence en mémoire de sa femme. Des marchands lui achètent des tableaux, notamment Vollard et Brummer. Il expose aux Indépendants, en 1909, la Muse inspirant le poète (musée de Bâle), représentant Apollinaire et Marie Laurencin. Malgré ses succès de peintre, une vie privée difficile rend ses derniers jours malheureux ; en 1910, il meurt solitaire à l'hôpital Necker. L'année suivante, ses amis Delaunay et le mouleur Queval lui achètent une concession. Sur la pierre tombale, Apollinaire écrivit un célèbre poème que, plus tard, Brancuşi grava dans la pierre. En 1947, ses restes furent transportés au parc de la Perrine à Laval.
Source : Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
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10/03/2016
Conte... (3)
Quelque temps plus tard, Ammamellenn, qui ne s'avouait pas vaincu, alla dans un certain endroit et ramassa beaucoup d'herbes dont il fit plusieurs tas. Il revint et dit à Élias :
« Demain, tu iras à tel endroit et tu rapporteras l'herbe que j'y ai mise en tas. »
Le lendemain, Ammamellen prit les devants et se blottit dans un tas d'herbe, attendant Élias pour le tuer.
Celui-ci vint et rassembla toute l'herbe, excepté un tas dont il ne voulut pas s'approcher. Ses compagnons l'interrogèrent :
« Tu as rassemblé tous les tas d'herbe, pourquoi laisses-tu celui-là ?
— Celui-là respire, dit Élias ; les autres ne respirent pas. »
En entendant cela, Ammamellen se leva précipitamment, saisit son javelot et le lança contre Élias qu'il manqua.
Il s'écria alors : « Va, je m'incline devant toi, fils de ma sœur, que ma sœur a enfanté et qu'elle a fait enfanter à sa servante. »
Et, depuis ce jour, Élias peut vivre près de sa mère en toute tranquillité.
(Suite & Fin...)
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25/11/2015
Petite philosophie du soir...(8)
Espaces de rêve
Se dégager des espaces de rêve et d'évasion.
Et se nourrir d'imaginaire.
Cela aide parfois à mieux supporter la réalité.
Catherine Rambert
à suivre...
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15/08/2013
Les grands auteurs... (6)
Chapitre 1.
[…] En dépit des fatigues de tous genres, et sous tous les climats, la constitution de Fergusson résistait merveilleusement ; il vivait à son aise au milieu des plus complètes privations ; c'était le type du parfait voyageur, dont l'estomac se resserre ou se dilate à volonté, dont les jambes s'allongent ou se raccourcissent suivant la couche improvisée, qui s'endort à toute heure du jour et se réveille à toute heure de la nuit. […]
Chapitre 2.
[…] « Cet intrépide découvreur (discoverer) se propose de traverser en ballon toute l'Afrique de l'est à l'ouest. Si nous sommes bien informés, le point de départ de ce surprenant voyage serait l'île de Zanzibar sur la côte orientale. Quant au point d'arrivée, à la Providence seule il est réservé de le connaître. »
« La proposition de cette exploration scientifique a été faite hier officiellement à la Société Royale de Géographie ; une somme de deux mille cinq cents livres est votée pour subvenir aux frais de l'entreprise. »
« Nous tiendrons nos lecteurs au courant de cette tentative, qui est sans précédents dans les fastes géographiques. »
Comme on le pense, cet article eut un énorme retentissement ; il souleva d'abord les tempêtes de l'incrédulité, le docteur Fergusson passa pour un être purement chimérique, de l'invention de M. Barnum, qui, après avoir travaillé aux États-Unis, s'apprêtait à « faire » les Iles Britanniques.[…]
Chapitre 5.
[…] Le pauvre Écossais était réellement à plaindre ; il ne considérait plus la voûte azurée sans de sombres terreurs ; il éprouvait, en dormant, des balancements vertigineux, et chaque nuit il se sentait choir d'incommensurables hauteurs.
Nous devons ajouter que, pendant ces terribles cauchemars, il tomba de son lit une fois ou deux. Son premier soin fut de montrer à Fergusson une forte contusion qu'il se fit à la tête.
« Et pourtant, ajouta-t-il avec bonhomie, trois pieds de hauteur ! pas plus ! et une bosse pareille ! Juge donc ! »
Cette insinuation, pleine de mélancolie, n'émût pas le docteur.
« Nous ne tomberons pas, fit-il.
— Mais enfin, si nous tombons ?
— Nous ne tomberons pas. » […]
(Extrait de "Cinq semaines en ballon" de Jules Vernes)
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