Sexe et Spiritualité (première partie)
Par Frank Hatem
Je me souviendrai toujours de ce reportage sur les ours grizzly en Alaska. Pendant toute une saison le comportement de ces ours a été suivi et filmé, et à un moment, on voit qu’une femelle grizzly habituée du coin se fait monter par un jeune mâle de passage tandis que le caïd dominant du secteur auquel elle était promise, et qui lui faisait des avances sans succès depuis des mois, dormait.
Puis le caïd se réveille, voit le manège, et accourt. Le jeune préfère ne pas demander son reste, mais ce qui est incroyable, c’est qu’alors la femelle fait mine de le chasser en le poursuivant, comme si elle n’était pas consentante ! Façon de dire à son futur mari « ne crains rien de ce paltoquet ». La comédie n’est pas qu’humaine.
L’amour physique est vraiment l’école de la solitude. Vous ne voyez pas le rapport ? Cherchez encore. Les animaux n’ont pas un sentiment de solitude encore très développé, en tout cas pas autant que les humains. Ils mentent moins, aussi. Car le mensonge aussi est une école de la solitude. Mais ce sentiment de solitude en développement est là quand même bien entendu. Au sortir du monde végétal, où la solitude est plus que rare, mais déjà un peu plus que chez les minéraux, la prise de conscience de la discontinuité du monde se développe beaucoup, et singulièrement du fait du mode de reproduction qui est en train de changer.
Les cailloux n’ont pas ce problème. Chez les végétaux au contraire, on est obligé de faire appel aux insectes pour faire le travail à votre place, et on promène ses pollens au gré du vent. Comme les végétaux ne peuvent pas se déplacer, attachés à leurs racines, leur sentiment d’unité avec le reste de l’environnement est très grand. Il n’y a pas encore vraiment de discontinuité. On est tous très reliés.
Pourtant les planètes et les particules atomiques (c’est la même chose), elles, n’expérimentent-elles pas déjà depuis longtemps la discontinuité ? Elles sont semble-t-il très éloignées les unes des autres, mais en apparence seulement. Vous pouvez trouver un peu abusif cette façon de se mettre dans la peau d’autres Règnes, et penser que c’est un délire mental, mais pas du tout, au contraire. Rien ne vous empêche de vivre à la place de vos particules ou d’autres choses, car tout est dans votre esprit, vous le savez maintenant. Et il n’y a rien dans aucun élément de l’univers qui ne soit, au moins en germe, dans tous les autres. Et il ne peut y avoir aucune différence de nature entre une partie de l’univers et une autre.
Petit à petit les physiciens quantiques arrivent eux aussi à ces mêmes conclusions. Mais hélas toujours simplement avec le mental et les mathématiques, ce qui est insuffisant pour en tirer les bonnes conséquences. Avec le mental on ne peut se mettre à la place de l’autre car il est fait pour séparer et analyser. Seul le cœur le permet.