Allez les yeux invisibles vers le beau.

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21/06/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 3... 20)

Chapitre 3 ... "Au coeur des choses" (20)

 

Le cœur a ses raisons que la raison ignore, je devais le quitter et continuer ma marche inlassable. Je descendais ce fleuve impassible, cette mer de sang entraîné par un courant hémodynamique. Je décidai à ne perdre volontairement et temporairement connaissance pour vivre que l’instant présent, me laisser chavirer et voir où cela m’emmène. Force est de constater que j’étais ce « bateau ivre » livré à moi-même perdu dans les méandres de ce corps. Après avoir culbuté ce qui me semblait être l’appendice xiphoïde, je tombai dans un lac à la tranquillité inquiétante et troublante. L’eau de ce lac avait un aspect jaunâtre ;  je portai mon doigt à ma bouche, je fis une grimace tout à fait convaincante, c’était de l’urine, j’étais tombé dans la vessie. Je flottai tant bien que mal à la surface ne sachant que faire de moi lorsque je fus projeté de cet organisme. Je me trouvai encore une nouvelle fois extirpé de ce corps dans la cuvette des toilettes. 


(D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre...

 

05/06/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 3... 19)

Chapitre 3... "Au coeur des choses" (19).

 

Le sang affluait en une énorme vague dans l’oreillette et le ventricule chargé d’une forte émotion... « Ah!... Que c’était bon » ! Voilà ce qu’il me disait. Je restais dubitatif et béat, je n’en saurais rien d’autre, je resterai sur ma faim. Je comprenais que le cœur reste cet organe à l’opacité muette et intraduisible que son langage reste codé et personnel réservé à une élite savante ou la seule personne qui puisse le comprendre est la personne aimée.

Je n’avais rien su sur ce cœur et ses tourments me laissaient froid et insensible. Maintenant, seul le cerveau pourrait me donner les informations manquantes à ce puzzle bien hermétique.

Le cerveau serait ma prochaine étape, certainement la plus instructive, la plus intelligente, la plus noble. Cette cervelle recèle un moteur complexe et énigmatique, son étrangeté me fait déjà hérisser les poils de l’épiderme, son fonctionnement, sa logique, son utilité, son savoir, son intelligence m’intéresse au plus haut point… Et aussi sa « féminité ». Je devais quitter ce cœur sans regret.


(D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

 

09/05/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 3... 18)

Chapitre 3... "Au coeur des choses" (18)

 

Le rêve avait disparu comme il était venu sans laisser de traces apparentes, je me demandais les raisons de ce délire fantasmagorique. Aucune des explications susceptibles d’apporter un élément fiable, tangible, sérieux et dû à me résoudre à la seule contemplation, ce qui n’était pas si mal.

Comment en savoir plus sur ce cœur, comment parvenir à lui faire dire les choses dont il n’avait pas envie ? À vrai dire, pensais-je, je retirerai si peu d’éléments pour nourrir ma faim de connaissance dans ce domaine, il restera toujours aussi énigmatique et étrange. Cependant, une idée me traversa l‘esprit ; lui dire un poème et voir comment il réagira. Expérience à faire, me disais-je, sans conviction. Je cherchai dans ma « trousse à poème » un texte à le faire fondre :

 

J’écoute le vent

J’essaie de le suivre

Son souffle me transporte

J’ignore où il me mène

Je vais avec lui

Sans me soucier

De son habit

Il passe entre les branches

Il accompagne les oiseaux

Et leurs chants magiques

Il a un corps

Je n’ai qu’une envie

C’est de l’éteindre

Avec toi.


("D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre...

30/03/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 3... 17)

Chapitre 3 "Au coeur des choses"... (17)

 

J’attendais de sa part (le coeur) qu’il me dise plus de choses, il se ferma dans un mutisme peu à collaborer à un dialogue constructif et intelligent. Cette attitude était le reflet d’un coeur sensible mais étrangement absent. Je ne renonçais pas, cependant, à cesser de l’interroger pour parvenir à mes fins. Les palpitations s’accéléraient à chacune des émotions ressenties, les viscères se contractaient ainsi que le sang irrigué arrivait et activait ce muscle comme une pompe à injection. Tout ce phénomène me glissa petit à petit dans une somnolence et dans un voyage quasi onirique dont je vais vous narrer le début...

 

Vous souvenez-vous de ce poème de Rimbaud « Le Bateau ivre », de ces premiers vers...

 

« Comme je descendais des fleuves impassibles, je me sentis plus guidé par les haleurs... » Partons dans le rêve...

 

...Sous des paradis grimaçants, elles débordaient de sources multicolores, propageant des gènes aux fortes odeurs d’encens, de cinnamomes, de myrrhes. De belles naïades vêtues de dentelles transparentes, le sexe offert à la contemplation ayant pour seul langage leur corps, délivraient une sensualité suave et émouvante. La beauté émanant de cette enveloppe corporelle ne délivrait aucun des messages que j’espérais; de déchiffrables qui puissent m’éclairer l’esprit.

 

— J’ai une question.

 

— Oui, si tu veux...

 

— Tu disais : « que ce qui primait dans la relation entre ces deux êtres (l’homme et la femme) n’était que purement sexuel avec une autre petite variante ».

 

— Tu peux t’expliquer ?

 

— L’attachement à l’autre n’est que purement sexuel et aussi matériel, je veux dire par là que la femme et l’homme vivent ensemble pour des commodités bassement sexuelles et matérielles. L’amour qu’ils pensent vivre n’est que le pur produit de leurs jeux de séduction, qu’ils ne sont là que pour eux, qu’ils vivent le plus souvent ce que l’autre apporte sur le plan sexuel et matériel, qu’ils pensent plus à leur intérêt personnel qu’à celui de leur partenaire.

 

— Et l’amour dans tout cela ?

 

— L’amour existe, mais il reste figé dans nos têtes, perdu dans nos rêves, nos fantasmes, nos désirs... il est à l’état latent, il ne demande qu’à naître, à éclore, à vivre dans nos cellules, à vibrer dans nos coeurs. Sa faculté à procréer, à rendre vivant l’humain timoré que nous sommes est énorme. Sa force est à l’origine de notre monde ;  le big-bang est né de l’amour... j’y crois fortement. La mutation sera génétique, certes, mais elle sera aussi mentale. L’humain évoluera par ses gènes, mais il faudra que l’homme plonge en lui, qu’il regarde en sa propre personne. Il faudra qu’il sache comprendre la cartographie de l’amour, à en savoir le mécanisme, le fonctionnement. Dès lors qu’il aura compris qu’il oublie tout et laisse son corps ingurgiter ces aliments-là, la digestion se fera naturellement et il retrouvera son état originel. L’amour, pour moi, est un don de soi.

 

— Et toi as-tu connu l’amour ?

 

— Non, il reste bloqué en moi comme la plupart des êtres qui nous entourent.

 

— Tu as d’autres questions à me poser ?

 

— Non.

 

  — Alors on y va dans ce corps ?

 

       — Oh oui !


("D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes"  - 2006)

à suivre...

18/02/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 3... 16)

Chapitre 3 "Au coeur des choses"... (16)

 

Me voici, j’y étais dans l’antre de cet organe central de l’appareil circulatoire, muscle situé entre les deux poumons. La forme était à peu près celle d’une pyramide triangulaire ;  où circulait le sang veineux et artériel ? Celui-ci, ce cœur précisément avait des battements de beauté sans cesse répétés, il voulait me parler, j’entendais sa clameur : « J’ai des choses à vous dire… » Je lui répondis par ces mots : « Quelles sont ces réalités ». J’étais tout à fait perplexe et interrogateur, je voulais aller au fond de celui-ci pour en retirer le nectar suprême, découvrir la texture, la nature, dont ces fibres émotionnelles et sensorielles me dévoileraient les choses à savoir.

Au milieu de cet organe palpitant et à chaque battement me voici ballotter, cela finissait par m’agacer puis j’en venais à me calmer, à être à son écoute, à entendre chacun de ses mots, de ses plaintes, de ses sentiments, de ses émotions. Je voulais le comprendre pour mieux l’apprivoiser et être indulgent avec lui. Je décidais de mettre toute ma confiance à lui répondre intelligemment. De cela naîtrait une conversation saine et enrichissante. Le sang, couleur rouge vif, affluait au niveau du ventricule gauche et je crus entendre une plainte, un long râle, un gémissement venir du plus profond. Pour moi, il n’y avait aucun doute, cela était de l’anxiété, une anxiété tellement communicative qu’elle m’interpella. J’essayai, dans un premier temps, de l’analyser, de prendre un certain recul, d’être le plus objectif pour déchiffrer le fond de sa pensée, mais je restai impuissant à sa plainte. Interpréter et définir une plainte ne se révélait pas à une quelconque pathologie, l’ampleur que celle-ci déployait m’inquiétait. Tout au plus, compatir et se montrer magnanime, on ne vit pas dans la plainte. Le cœur était si complexe, et celui-ci si étranger. Je me posais la question suivante : « Est-ce que les cellules de la femme étaient les mêmes que celles de l'homme ? » La réponse me paraissait évidente, c’était certain qu’elles étaient identiques, mais moi j’y voyais une petite différence. La cellule (ou bien les cellules) était l’unité fondamentale, morphologique et fonctionnelle de l’organisme humain, elle (ou elles) générait l’activité biologique et interne de notre corps, partant de là toutes les informations centralisées, par le cerveau, arrivaient pêle-mêle à ce pauvre cœur, qui ne savait que dire.

 

("D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre...

03/02/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 2... 15)


Chapitre 2... "Y retourner"... (15)


Arrivé devant ce col de l’utérus, passage obligatoire, pour continuer mon long périple. Dès les premières pentes, mon pied droit glissa sous de petites pierres évitant la chute, je m’équilibrai bien malgré moi, le plus possible à la paroi. Je dus mettre toute ma bonne volonté et toute mon énergie pour atteindre le sommet. De ce sommet, je contemplais avec extase le paysage, ma motivation était de marcher, marcher, toujours marcher. Savoir, voir, comprendre était mon ultime raison. Je quittai ce col pour aller vers le cœur, organe musculaire et emblématique qui me posait bien des questions. Siège des sensations et émotions, organe qui distribue le sang vers les cellules organiques, mais je m’intéressais plus à l’aspect émotionnel que par son aspect physiologique. Même si l’un ne va pas sans l’autre, cette Faculté à rassembler toutes les forces vitales essentielles à l’épanouissement de l’être. Comprendre le sentiment amoureux, son intensité, sa graduation, sa longévité, sa capacité à éclore dans la chair de la tendre aimée. Bien des réponses à apporter pour mieux cerner cet organe (le cœur) à l’origine de nos émois qui avec l’aide du cerveau (je reparlerai du cerveau dans une prochaine étape) régente tout le système biologique et physiologique de notre organisme.

 

 Aller vers ce cœur n’était pas une mince affaire, il me fallait rejoindre la cage thoracique vers les poumons, organes de la respiration, où se font les échanges gazeux et qui vous font cracher le sang quand la plèvre est atteinte ; puis, il me fallait glisser à l’intérieur de cette cage et passer au milieu de deux convulsions. Je me devais de plonger dans une mer de sang et me laisser couler petit à petit vers l’objet cet obscur objet du désir au rythme des battements. Je me surpris à déclamer à haute voix un poème :

 

Quand l’effroi

Vint à en troubler un cœur aux abois

Un vide s’entend

Comme des battements sourds

Si seulement l’amour pouvait le lui donner

La chaleur enveloppante

De battements de beauté sans cesse répétés.


(D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre...

29/01/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 2... 14)


Chapitre 2 "Y retourner"... (14)

 

Je repris mon chemin par le conduit vaginal en direction de l’utérus, l’utérus dont j’avais gravi le col lors de la première étape de ce « voyage », plein de découvertes. Je me trouvais à l’intérieur de ce vagin en totale confiance, en étant serein, joyeux, n’ayant aucune appréhension particulière en me disant qu’il était bon de se sentir ici. Alors qu’ailleurs la vie au-delà de ce corps devait être bien triste, que le monde s’il ne pouvait exister que par la sensation que je ressentais à ce moment précis se devait d’être apaisant et harmonieux. En adéquation, en osmose avec les cellules de mon propre corps que constitue ce monde et qui sont autant de particules, qui fait la Genèse de ce grand univers et qui nous rattache aux éléments les plus infimes de l’intelligence et du cosmos ? Fais que tout est lié à notre cerveau et à notre corps, par définition. 


(D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre....