08/11/2013
Camus... (L'absurde)
« L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde »33. Dans cette phrase est concentrée la puissance d'un conflit, d'une confrontation qui sous-tend et emporte l'œuvre de Camus. Deux forces s'opposent : l'appel humain à connaître sa raison d'être et l'absence de réponse du milieu où il se trouve, l'homme vivant dans un monde dont il ne comprend pas le sens, dont il ignore tout, jusqu'à sa raison d'être.
L'appel humain, c'est la quête d'une cohérence, or pour Camus il n'y a pas de réponse à ce questionnement sur le sens de la vie. Tout au moins n'y a-t-il pas de réponse satisfaisante, car la seule qui pourrait satisfaire l'écrivain devrait avoir une dimension humaine : « Je ne puis comprendre qu'en termes humains »33. Ainsi les religions qui définissent nos origines, qui créent du sens, qui posent un cadre, n'offrent pas de réponse pour l'homme absurde : « Je ne sais pas si ce monde a un sens qui le dépasse. Mais je sais que je ne connais pas ce sens et qu'il m'est impossible pour le moment de le connaître. Que signifie pour moi une signification hors de ma condition ? »33. L'homme absurde n'accepte pas de perspectives divines, il veut des réponses humaines.
L'absurde n'est pas un savoir, c'est un état acquis par la confrontation consciente de deux forces. Maintenir cet état demande une lucidité et nécessite un travail, l'absurde c'est la conscience toujours maintenue d'une « fracture entre le monde et mon esprit » écrit Camus dans Le Mythe de Sisyphe. Ainsi l'homme absurde doit-il s'obstiner à ne pas écouter les prophètes (c'est-à-dire avoir assez d'imagination pour ne pas croire aveuglément à leur représentation de l'enfer ou du paradis) et à ne faire intervenir que ce qui est certain, et si rien ne l'est, « ceci du moins est une certitude »33.
L'homme absurde ne pourrait échapper à son état qu'en niant l'une des forces contradictoires qui le fait naître : trouver un sens à ce qui est ou faire taire l'appel humain.
Une manière de donner du sens serait d'accepter les religions et les dieux. Or ces derniers n'ont pas d'emprise sur l'homme absurde. L'homme absurde se sent innocent, il ne veut faire que ce qu'il comprend et « pour un esprit absurde, la raison est vaine et il n'y a rien au-delà de la raison »33.
Une autre manière de trouver du sens serait d'en injecter : faire des projets, établir des buts, et par là même croire que la vie peut se diriger. Mais à nouveau « tout cela se trouve démenti d'une façon vertigineuse par l'absurdité d'une mort possible »33. En effet, pour l'homme absurde il n'y a pas de futur, seul compte l'ici et le maintenant.
La première des deux forces contradictoires, le silence déraisonnable du monde, ne peut donc être niée. Quant à l'autre force contradictoire permettant cette confrontation dont naît l'absurde, qui est l'appel humain, la seule manière de la faire taire serait le suicide. Mais ce dernier est exclu car à sa manière « le suicide résout l'absurde »33. Or l'absurde ne doit pas se résoudre. L'absurde est générateur d'une énergie. Et ce refus du suicide, c'est l'exaltation de la vie, la passion de l'homme absurde. Ce dernier n'abdique pas, il se révolte.
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06/11/2013
Trois maîtres de vie... (16)
Le Bouddha, Socrate et Jésus sont les fondateurs de ce que j'appellerais un "humanisme spirituel". Le philosophe Karl Jaspers leur a consacré le premier tome de son histoire de la philosophie (en y ajoutant Confucius) et les considère comme "ceux qui ont donné la mesure de l'humain". Quoi de plus nécessaire et actuel face à l'urgente refondation d'une civilisation devenue planétaire ? Une planète par trop tiraillée entre une vision purement mercantile et matérialiste d'un côté, un fanatisme et un dogmatisme religieux de l'autre. Deux tendances contraires en apparence et que pourtant tout rassemble pour conduire le monde au chaos en maintenant l'être humain dans la logique de l'"avoir", de l'obéissance infantilisante et de la domination. Je suis convaincu que seule la recherche de l'"être" et de la responsabilité - individuelle et collective - peut nous sauver de nous-mêmes. C'est ce que nous enseignent, depuis plus de deux millénaires, chacun à sa manière, Socrate, le philosophe athénien, Jésus, le prophète juif palestinien et Siddhârta, dit "le Bouddha", le sage indien.
(Extrait de "Socrate, Jésus, Bouddha" de Frédéric Lenoir - Ed. "Fayard" - 2009)
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05/11/2013
Trois maîtres de vie... (commentaire)
« Trois maîtres de vie » annonce le sous-titre avec raison. L'homme moderne perdu de matérialisme et d'hédonisme n'a sans doute jamais eu autant besoin de leurs enseignements. Le mérite de Frédéric Lenoir est d'avoir su présenter simplement la vie et les idées de ces trois phares de l'Humanité en les présentant en parallèle et en montrant toutes leurs concordances.
Ce livre intelligemment didactique et vulgarisateur répond de manière simple, honnête et agréable à toutes les questions que le lecteur peut se poser à leur propos. Qui sont-ils ? Comment les connait-on ? Ont-ils même réellement existé ? Après une première partie consacrée à leurs biographies, Lenoir en vient à nous présenter leurs doctrines respectives. Il nous fait découvrir que leurs enseignements sont étrangement proches, parlants et toujours d'actualité et qu'ils peuvent se résumer ainsi : l'homme est immortel, sa vie ne se résume pas à son court passage sur terre. Il doit chercher la vérité, se connaître lui-même et devenir libre. Mais cette quête ne serait rien sans justice (vertu suprême avec l'égalité) et sans cette clé de voûte indépassable, l'amour, qu'il soit compassion bouddhiste, éros socratique ou agapè christique. Mais comme le dit l'auteur dans sa conclusion : « La vie est courte, mais le chemin de la sagesse est long. (') Ces maîtres de vie nous éduquent et nous aident à vivre. Ils ne nous proposent pas un bonheur « clés en main », mais aboutissement d'un véritable travail sur soi. Ce sont des guides exigeants, des accoucheurs bienveillants, d'éternels éveilleurs. » Un très bon livre d'initiation à la métaphysique dont chacun devrait pouvoir tirer profit.
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29/10/2013
Le miracle de la pleine conscience... (1)
(1) La discipline essentielle
En occident, l'éducation des enfants est vraiment différente de celle que l'on donne traditionnellement au Vietnam. Ici, les parents pensent que "la liberté est nécessaire au développement de l'enfant". Hier, Allen est venu me rendre visite avec son fils Joey. Cet enfant grandit si vite ! Il a déjà sept ans et parle couramment français et anglais. Il connaît même quelques mots d'argot qu'il a appris dans la rue. Pendant les deux heures qu'à duré notre conversation, Allen à dû surveiller en permanence son fils du coin de l'oeil. L'enfant a joué, discuté sans arrêt, nous interrompant sans cesse et nous empêchant d'avoir une conversation suivie. Je lui ai donné plusieurs livres d'images mais, demandant une attention constante de la part des adultes, il les a à peine regardés, les a jetés par terre et nous a de nouveau coupé la parole. Finalement, il a mis son blouson et est sorti jouer avec le fils du voisin.
(Extrait de "Le Miracle de la pleine conscience" de Thich Nat Hanh - Ed. "J'ai lu" - 1994)
à suivre...
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16/10/2013
Pensée du Jour...
Qu'il ait des idées claires et distinctes ou des idées confuses, le Mental s'efforce de persévérer dans son être pour une durée indéfinie, et il est consient de son effort. (...) Quand on le rapporte au Mental seul, cet effort s'appelle Volonté ; mais quand on le rapporte à la fois au Mental et au Corps, on le nomme Appétit, et celui-ci n'est rien d'autre que l'essence même de l'homme, essence d'où suivent nécessairement toutes les conduites qui servent sa propre conservation (...) Le Désir est l'appétit avec la conscience de lui-même.
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07/10/2013
Pensée du Jour...
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05/10/2013
Trois maîtres de vie... (15)
C'est à partir de ces textes les plus anciens que j'ai tenté de retranscrire ici la vie et la pensée de nos trois sages. J'ai cherché à citer autant que possible ces textes qui permettent d'entendre la voix lointaine de Socrate, de Jésus et du Bouddha. Le lecteur qui n'a pas encore eu le loisir les sutras bouddhistes, les dialogues de Platon ou les Evangiles pourra ainsi se confronter aux textes eux-mêmes et, par là, aux paroles qui leur sont attribuées et qui résonnent encore si fort à nos oreilles, pour peu que l'on sache les écouter.
(Extrait de "Socrate, Jésus, Bouddha" de Frédéric Lenoir - Ed. "Fayard" - 2009)
à suivre...
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