18/08/2011
D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (7)
Chapitre 1 - "Le Saut de l'ange" (fin du chapitre)
Je crois que ce qui anime tout cela et qui est à l’origine de tous nos maux, c’est la PEUR ; la peur d’être adulte, la peur de l’autre, la peur de l’avenir, la peur des religions, la peur des obèses, la peur des chiens, la peur d’une pantoufle. Cela devient ridicule et dangereux, la peur freine nos élans, la peur nous empêche de voir plus loin en toute sérénité, et pour finir la peur est castratrice. J’en arrive même à me demander, si, dans le couple, on n’a pas peur de l’autre.
— Est-ce que je t’ai apporté une réponse à ta question, monsieur l’intervieweur ?
— Oui... en partie
— Je reviendrai sur quelques sujets abordés ici.
— Monsieur l’Auteur, j’aimerais retourner dans ce corps.
— On y va....
Au matin, si peu parler ainsi, au matin, je m’éveillai dans le noir. Mon excitation était extrême, jamais je n’avais connu de telles fourmis dans les jambes. Mon appétit de curiosité était insatiable, mon envie d’aller « explorer » ce coeur, et toutes les régions de ce corps me donnaient une pêche d’enfer. Je pris mon bagage, peu de choses en l’occurrence (je n’avais pas toujours trouvé ma besace, qui me manquait beaucoup). Je commençai une longue marche en avant. Je n’avais pas fait vingt mètres lorsque je fus projeté à l’extérieur de ce corps comme si une bombe avait explosé. Je me retrouvais dans le « néant », ce qui était le plus désagréable qui soit. J’étais dans un état de léthargie complète, le sentiment de n’être plus au monde, de n’être plus qu’un esprit ; je me croyais mort. Mais surtout, une odeur de puanteur se collait à moi, je compris à la seconde d’où je sortais.
("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)
à suivre...
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03/08/2011
D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (6)
Chapitre 1 - "Le saut de l'ange" (suite)...
Je m’approchai vers un endroit où il aurait fallu une lampe torche pour distinguer où je mettais les pieds. Je ne savais pas où j’étais. J’avais perdu ma besace ; sans chaussure et besace, je n’étais pas rassuré du tout. Il était, aussi, l’heure de s’arrêter pour dormir, aucune idée de l’endroit où j’étais, il faisait noir comme chez les loups, et surtout cela ne sentait pas bon. Il était tard, il fallait bien se coucher. Je m’allongeai, à même le sol, en chien de fusil et je regardai une dernière fois autour de moi comme si cela était nécessaire dans cette obscurité. Peu à peu, je glissai dans les bras de Morphée, « ça ne sent vraiment pas bon par ici »... disais-je dans un soupir.
— J’ai une question à vous poser.
— Posez là...
— Pourquoi les femmes font-elles des bébés ?
— C’est vrai que j’y avais fait allusion. Certes j’ai de plusieurs raisons, bien entendu, toutes respectables, ce qui me gêne en premier lieu, et chez quelques hommes aussi, c’était l’entêtement à infantiliser son comportement. Ce besoin permanent, pour certaines personnes (et elles sont nombreuses à redevenir en quelque sorte « bébé », à sucer le sein de sa mère, et à jouer à « la maman »). Il y a même des femmes qui sont mères et qui jouent encore à la « maman » tout en pensant à l’enfant qu’elles étaient lorsqu’elles jouaient à « la maman », cela paraît d’une absurdité totale. Quand deviendra-t-on, une bonne fois pour toutes, des adultes responsables ? Quand, dans cette société (dite moderne), cesserons-nous chaque jour d’abêtir les gens, de les rendre plus idiots qu’ils ne sont en vérité ? par la pub, les « sermons » de niaiseries télévisuelles, les faux prédicateurs, par des politiciens véreux qui ne pensent plus à leur image personnelle et leur avenir politique qu’à celui de leurs concitoyens... quand cessera-t-on de jouer à l’enfant ?
("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy - Ed. "Pays d'herbes" - 2006)
04:50 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, récit, femme, intérieur du corps, exploration, découverte, onirique, poétique, réflexion, interrogation
26/07/2011
D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (5)
Chapitre 1 - "Le saut de l'ange" (suite)...
Je n’avais fait qu’une toute petite partie du chemin ; le prochain défi était de rejoindre les régions alvéolées qui me conduisaient vers le coeur, cela était un vaste programme. De toute façon, je n’avais pas le choix, assis au bord de la route, une brindille à la bouche, je contemplai ce que j’avais vaincu. J’avais une faim de loup pour ne pas dire de lion, j’avais l’estomac dans les talons. En parlant de talons, mes chaussures ne chantaient que la chamade, surtout celle de droite qui « bâillait », aucune paire de rechanges dans ma besace. Cette besace qui me suivait tout le temps et dans toute circonstance avait connu une histoire peu banale. Sachez qu’elle avait gravi la plupart des montagnes de l’Himalaya, seule sans l’aide de personne « étonnant non » ; comme aurait dit le regretter Pierre Desproges. Ce qui paraissait encore de plus banal c’était qu’elle soit avec moi aujourd’hui, mais je sentais que pour elle ce « voyage » à l’intérieur du corps de la femme lui était fort agréable, pour ne pas dire unique dans sa vie de besace.
« Mais, ma besace, il faut repartir », je ramassai un bout de bois et repartis, pieds nus, en sifflotant, ma besace en bandoulière. Le paysage resplendissait par ici... j'avançai, l’air désabusé ? Tout en marchant, j’aperçus au loin quelque chose de difforme qui m’intrigua, en approchant, je distinguai nettement une chatte au pelage épais et bouclé comme rarement j’en avais vu avec un miaulement gentillet sur le point de m’attendrir, mais la route était longue... Je n’avais pas le temps de la caresser, car je devais traverser de nombreuses cavités et galeries artérielles. Je reviendrai voir ce petit animal, de cela j’en étais sûr, qui était en manque d’affection.
("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy - Editions "Pays d'Herbes" - 2006)
à suivre...
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08/07/2011
D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (4)
Chapitre 1 - "Le saut de l'ange". (suite)...
Une voix douce, une voix à peine perceptible, on aurait dit celle d’un enfant ; non... c’était le chant d’une jeune naïade, grande et belle. Elle était vêtue d’une tunique blanche nouée d’un cordon rose autour de sa taille. Elle avait les cheveux mi-longs et bouclés d’une blondeur germanique et cela laissait en deviner un visage fin aux traits réguliers et d’une pureté sublime, un visage d’ange. Ses yeux étaient d’un bleu méthylène et vous guérissaient à distance de tous vos maux, même ceux du coeur, ceux de l’âme aussi ; une beauté qui vous faisait voyager de l’Orient aux portes de l’Asie.
— Dis-moi encore, je veux... je veux ce « monde » !
— On y va, on plonge...
J’arpentai ce col de l’utérus à vitesse, grand V ; je ne me souciai pas de l’aridité de la pente, ni du charme du site. L’aspect du décor, j’y apportais peu d’attention, même si l’endroit apparaissait austère, mais douillet. Je ne songeais pas à ce lieu-là éternellement, mais y venir de temps en temps ne me déplairait pas. Songez, braves gens, que bien des hommes n'auront aucune chance d’avoir ce privilège de séjourner ici, à un prix raisonnable défiant toute concurrence ; car un tel paradis existe. J’eus, jadis, le plaisir d’y prolonger longuement un séjour, j’en ai gardé que de bons souvenirs. À vrai dire, les hommes se plaignent, alors qu’ils se voilent la face refusant ces petits à côté qui sont pour moi les meilleurs moments de la vie. J’avais certainement vécu, dans une autre vie, la même expérience ponctuée d’anecdotes tout aussi croustillantes, comme celles de gravir ce « col » en kilt ou d’apercevoir PPDA le redescendre, lui aussi, à vitesse, grand V. Mais cela était maintenant loin ; mon bonheur, c’est que ça reste un vrai bonheur. Certes, les femmes ne sauront jamais arpenter d’une façon agile une telle montagne, d’ailleurs, elles n’y ont pas accès. Tout cela me permet de penser : « Ah ! le plaisir d’être un homme au sommet de l’Everest ».
("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy aux Editions "Pays d'Herbes" - 2006)
à suivre...
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28/06/2011
Proses des ivresses... (8)
L'herbe du diable n'est qu'un chemin parmi des millions d'autres. N'importe quoi peut servir de chemin. C'est pourquoi il ne faut jamais oublier qu'un chemin est seulement un chemin ; si tu sens que tu ne dois pas le suivre, alors sous aucun prétexte ne continue d'y avancer. Pour obtenir une telle lucidité d'esprit il faut discipliner sa vie. Alors, seulement, tu pourras comprendre que tout chemin n'est chemin auquel tu peux renoncer si ton coeur le désire sans faire affront à personne, ni à toi ni aux autres. Mais ta décision de poursuivre sur un chemin ou l'abandonner doit être libre de peur ou d'ambition. Je te préviens, considère chaque chemin en toute liberté et avec une grande attention. Essaie-le autant de fois que le jugeras nécessaire. Puis pose-toi, et à toi seul, une question ; une question que seul un vieil homme peut se poser. Lorsque mon benefactor m'en parla j'étais bien trop jeune et mon sang était trop ardent pour que je puisse la saisir. A présent, je comprends la question et je vais te la dire " ce chemin a-t-il un coeur ?" Tous les chemins sont les mêmes, ils ne conduisent nulle part. Il y a des chemins qui traversent la forêt, d'autres qui vont dans la forêt. Dans ma propre vie, je puis dire que j'ai parcouru de longs, longs chemins, mais je suis arrivé quelque part. Et maintenant la question de mon benefactor a pris tout son sens. Ce chemin a-t-il un coeur ? Si oui, le chemin est bon, sinon il est inutile. Ces deux chemins ne conduisent nulle part, mais l'un d'entre eux a un coeur et l'autre n'en a pas. L'un est propice à un merveilleux voyage ; aussi longtemps que tu le suis, tu ne fais qu'un avec lui. L'autre te fera maudire ta vie. L'un rend fort, l'autre t'affaiblit.
("L'herbe du diable et la petite fumée" de Carlos Castaneda - 1935 - Ed. du Soleil noir)
04:09 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, récit, prose, casteneda, réflexion, intelligence, chemin, liberté, sagesse
13/06/2011
Proses des ivresses... (7)
Même après trois semaines sous méthedrine, la descente n'est pas forcément si terrible. Cela peut aller, suivant l'état d'âme du protagoniste, du simple épuisement physique au désespoir suicidaire avec entre les deux des centaines de variantes plus exécrables les unes que les autres. Je savais que ça allait être terriblement dur pour moi, et j'allai m'asseoir sous un arbre, au bord de la route, en priant pour que le temps s'arrête et que je me fige sur place, en suspens, au milieu de nulle part. Ah si je pouvais rester là une bonne fois pour toutes au bord de cette route, me disais-je, et envoyer balader toute cette merde ! Si j'avais eu un flingue, je m'en serais servis avec joie, et j'aurais sali ce bel arbre des débris de ma triste cervelle.
Mais nous avons repris la route. Vers sept heures, j'étais en train de regarder des rangées de poteaux qui défilaient à toute allure sur le bas-côté, quand soudain les larmes me montèrent aux yeux avec une force tellement irrésistible que je fus obligé de les laisser jaillir, avec de grands hoquets rageurs. Je me détournai et j'enfouis mon visage dans le petit espace entre la portière et le dossier de mon siège. Tout en me couvrant les yeux de la main droite, j'agrippais de toutes mes forces le col de ma chemise, derrière ma nuque. Tout ce que je désirais, c'est absorber un peu de speed. Physiquement, je me sentais bien ; toute l'horreur était dans ma tête. J'aurais dû pouvoir y faire face, mais je n'y arrivais pas, et je trouvais que c'était injuste. Pourquoi fallait-il que j'aie à me collecter avec toute cette chiennerie ? Pourquoi moi, et pas eux ? Pourquoi moi, et pas vous ?
("Speed" de Burroughs Jr. - Editions "Olympia" - 1947)
04:24 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, prose, ivresses, folie, burrough, livre, récit, désordre mental, démence, réflexion, écrivain, auteur
06/06/2011
D'un Corps à l'Autre (Postface)... (1)
Voici la postface d'un récit que j'ai écrit en Mai 2006, vous aurez la version intégrale de ce livre au sujet, "volontairement" délicat.
D'UN CORPS A L'AUTRE
Ce soir là, les yeux rivés sur la TV, je tombai sur une curieuse émission d'Arte, malheureusement elle était déjà bien entamée, l'homme et la femme ne sont pas faits pour vivre ensemble (je résume).
Génétiquement pas pareil semblait dire le contenu, du fait de leurs chromosomes, XY pour l'homme et XX pour la femme. Des chercheurs émettent l'hypothèse selon laquelle il existe une évaluation de distance entre l'ADN de l'homme et de la femme. Alors que le génome humain est totalement décrypté, il s'avère que 300 gènes séparent la fille du garçon, soit 1 % de leur patrimoine héréditaire. L'écart peu paraître minime, mais selon les chercheurs, il est presque aussi grand que celui qui sépare le genre humain des grands singes, soit 1,5%. Il aurait donc autant de distance, génétiquement parlant, entre la femme et l'homme qu'entre les primates et Homo sapiens.
L'émission terminée et encore sous le choc, je me glissai sous les draps et plongeai dans une réflexion, qui au bénéfice de la nuit, allait se montrer constructive puisqu'elle déboucha sur ce récit. Réflexion qui se veut une sorte de voyage allégorique, fantastique et poétique à l'intérieur du corps de la FEMME.
(Postface de Franck Roy de son livre "D'UN CORPS A L'AUTRE" aux Editions "Pays d'Herbes" - Mai 2006)
à suivre...
05:30 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : postface, littérature, récit, réflexion, commentaire, philosophie, débat, femme, corps