Allez les yeux invisibles vers le beau.

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12/10/2011

D'un Corps à l'Autre (Chapitre 2)... (10)

Chapitre 2 "Y retourner"... (10)

 

 

Je me trouvais dans l’estomac d’où je sortais péniblement, puis je tombai, malgré moi, dans le rectum, zut! me disais-je vexé. Je me couchai pour me reposer un peu lorsqu’un grand fracas se fit entendre. J’étais encore une nouvelle fois extirpé de ce corps par la faute d’un énorme pet, j’étais dans le néant. Ma détermination était, elle, intacte; je retournerai dans ce corps, je voulais savoir, explorer, comprendre cette anatomie si riche, si passionnante à découvrir. Une main secourable (la main du néant, le néant possède une invisibilité parfois palpable qui vous fait sortir, parfois, du vide pour vous y remettre). Combien de fois le vide se confie lorsque l’on sait l’écouter, je dressai une oreille attentive, il me glissa : « Veux-tu que je vienne avec toi? », sa question me laissait perplexe . Je lui répondis : « Pour quelle raison? », sa réponse fut étonnante : « Pour voir s'il y a du vide en elle ». Je lui fis cette proposition : « Entre dans ma besace », et nous partîmes à la recherche d'une pharmacie. Une pharmacie, il n'y en a pas à chaque coin de rue, même dans le néant où je n'avais pas envie de passer une journée entière à me morfondre. J'avais donc pensé à utiliser le même moyen de locomotion que pour le voyage précédent pour atteindre les régions hostiles de ce monde décidément récalcitrant à ma venue.

 

 

("D'un corps à l'autre"  de Franck Roy - Editions "Pays d'Herbes" - 2006)

14/09/2011

D'un Corps à l'Autre (Chapitre 2)... (9)

Chapitre 2 "Y retourner" (2)

 

Eurêka ! ma besace, elle est là ! Après quelques heures de marche qui m’apparaissaient avoir été fort longues, je fus comme aveuglé par un jet de lumière phosphorescente. Il me paralysa un instant, moi qui venais de sortir du noir. Ce jet me procura une étrange sensation. Sensation vite canalisée par ce qui se présentait en face de moi; je venais de quitter les « galeries » caverneuses du derrière pour arriver devant l’intestin grêle appelé aussi duodénum. Duodénum accolé à la paroi abdominale postérieure vers le pylore à la première anse du jéjunum, pour ceux que cela intéresse. Il commençait à tomber une pluie fine désagréable qui me tombait devant les yeux m’empêchant de voir mon chemin. Je me disais que le parcours ne serait pas sans une seule embûche jusqu’à la fin, la pluie redoublait, j’avançai péniblement sans prêter véritablement attention au décor. Décor, qui pour le peu que je voyais n’avait pas d’intérêt particulier. Remontant l’intestin grêle, je fus comme aspiré et emporté dans un tourbillon comme si j’avais chuté dans une machine à laver. Brassé, mêlé à de la viande et de la purée, mon esprit ne fit qu’un tour, j’étais bel et bien dans l’estomac! Cela me donna faim, de ma besace, je retirai ma serviette et je la nouais autour de mon cou et je fus à table! Certes, il fallait être agile de la fourchette et du couteau (que j’avais également sorti de ma besace) pour saisir les moindres victuailles. J’y parvenais non sans mal. À l’intérieur de l’estomac où je me trouvais, je remarquai que celui-ci avait un mal fou à digérer, j’essayai d’y déceler quelques aigreurs et même plus gravement y voir un début d’ulcère, mais je n’étais pas médecin

 

 

 

(Extrait "D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Chapitre 2 - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre...

04/09/2011

D'un Corps à l'Autre (Chapitre 2)... (8)

Chapitre 2 "Y retourner". (1)

 

Plus malin qu’un esprit, il fallait trouver, cet état végétatif avait assez duré, n’être qu’un esprit n’était pas une vie. Une vie sans un corps de chair, ce n’était pas la vie. Je n’étais pas loin d’une neurasthénie congénitale. Je trouvai la solution bizarrement, puisque j’étais sorti par le derrière, je rentrerai par le derrière... oui, mais comment  ? Eurêka ! j’avais trouvé : au moyen d’un suppositoire suis-je bête de n’avoir pas pensé plutôt, à ce moyen de locomotion peu coûteux et qui m’emmènerait tout de go à l’endroit où mon parcours fut interrompu ? Mais comment intégrer la capsule ? Je frappai à la porte d’une pharmacie locale — dans le néant, il y en avait aussi, pour soigner les incurables du vide —. La pharmacienne, au demeurant, très sympathique me posa quelques questions, je relatai les faits. Elle me fit patienter dans une salle d’attente, quelques minutes plus tard un homme en blouse blanche, la soixantaine, les cheveux grisonnants apparut. Je le précédai dans une pièce pleine de machines étranges, il m’examina puis il me dit de m’allonger sur le divan. Il me donna un médicament à avaler et il me dit : « Maintenant vous allez fermer les yeux et vous allez penser fortement à ce corps et, dans quelques minutes, vous y serez »...

 

( Extrait de "D'un corps à l'autre" - Chapitre 2 "Y retourner" de Franck Roy - Ed. "Pays d'herbes - 2006).

à suivre...

18/08/2011

D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (7)

Chapitre 1 - "Le Saut de l'ange" (fin du chapitre)

 

Je crois que ce qui anime tout cela et qui est à l’origine de tous nos maux, c’est la PEUR ; la peur d’être adulte, la peur de l’autre, la peur de l’avenir, la peur des religions, la peur des obèses, la peur des chiens, la peur d’une pantoufle. Cela devient ridicule et dangereux, la peur freine nos élans, la peur nous empêche de voir plus loin en toute sérénité, et pour finir la peur est castratrice. J’en arrive même à me demander, si, dans le couple, on n’a pas peur de l’autre.

  Est-ce que je t’ai apporté une réponse à ta question, monsieur l’intervieweur ?

— Oui... en partie

— Je reviendrai sur quelques sujets abordés ici.

— Monsieur l’Auteur, j’aimerais retourner dans ce corps.

— On y va....

          Au matin, si peu parler ainsi, au matin, je m’éveillai dans le noir. Mon excitation était extrême, jamais je n’avais connu de telles fourmis dans les jambes. Mon appétit de curiosité était insatiable, mon envie d’aller « explorer » ce coeur, et toutes les régions de ce corps me donnaient une pêche d’enfer. Je pris mon bagage, peu de choses en l’occurrence (je n’avais pas toujours trouvé ma besace, qui me manquait beaucoup). Je commençai une longue marche en avant. Je n’avais pas fait vingt mètres lorsque je fus projeté à l’extérieur de ce corps comme si une bombe avait explosé. Je me retrouvais dans le « néant », ce qui était le plus désagréable qui soit. J’étais dans un état de léthargie complète, le sentiment de n’être plus au monde, de n’être  plus qu’un esprit ;  je me croyais mort. Mais surtout, une odeur de puanteur se collait à moi, je compris à la seconde d’où je sortais.

 

("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre...

03/08/2011

D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (6)

Chapitre 1 - "Le saut de l'ange" (suite)...

 

Je m’approchai vers un endroit où il aurait fallu une lampe torche pour distinguer où je mettais les pieds. Je ne savais pas où j’étais. J’avais perdu ma besace; sans chaussure et besace, je n’étais pas rassuré du tout. Il était, aussi, l’heure de s’arrêter pour dormir, aucune idée de l’endroit où j’étais, il faisait noir comme chez les loups, et surtout cela ne sentait pas bon. Il était tard, il fallait bien se coucher. Je m’allongeai, à même le sol, en chien de fusil et je regardai une dernière fois autour de moi comme si cela était nécessaire dans cette obscurité. Peu à peu, je glissai dans les bras de Morphée, « ça ne sent vraiment pas bon par ici »... disais-je dans un soupir.

 

— J’ai une question à vous poser.

— Posez là...

— Pourquoi les femmes font-elles des bébés ?

 — C’est vrai que j’y avais fait allusion. Certes j’ai de plusieurs raisons, bien entendu, toutes respectables, ce qui me gêne en premier lieu, et chez quelques hommes aussi, c’était l’entêtement à infantiliser son comportement. Ce besoin permanent, pour certaines personnes (et elles sont nombreuses à redevenir en quelque sorte « bébé », à sucer le sein de sa mère, et à jouer à « la maman »). Il y a même des femmes qui sont mères et qui jouent encore à la « maman » tout en pensant à l’enfant qu’elles étaient lorsqu’elles jouaient à « la maman », cela paraît d’une absurdité totale. Quand deviendra-t-on, une bonne fois pour toutes, des adultes responsables ? Quand, dans cette société (dite moderne), cesserons-nous chaque jour d’abêtir les gens, de les rendre plus idiots qu’ils ne sont en vérité ? par la pub, les « sermons » de niaiseries télévisuelles, les faux prédicateurs, par des politiciens véreux qui ne pensent plus à leur image personnelle et leur avenir politique qu’à celui de leurs concitoyens... quand cessera-t-on de jouer à l’enfant?

 

 ("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy - Ed. "Pays d'herbes" - 2006)

26/07/2011

D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (5)

Chapitre 1 - "Le saut de l'ange" (suite)...

 

 

Je n’avais fait qu’une toute petite partie du chemin; le prochain défi était de rejoindre les régions alvéolées qui me conduisaient vers le coeur, cela était un vaste programme. De toute façon, je n’avais pas le choix, assis au bord de la route, une brindille à la bouche, je contemplai ce que j’avais vaincu. J’avais une faim de loup pour ne pas dire de lion, j’avais l’estomac dans les talons. En parlant de talons, mes chaussures ne chantaient que la chamade, surtout celle de droite qui « bâillait », aucune paire de rechanges dans ma besace. Cette besace qui me suivait tout le temps et dans toute circonstance avait connu une histoire peu banale. Sachez qu’elle avait gravi la plupart des montagnes de l’Himalaya, seule sans l’aide de personne « étonnant non » ; comme aurait dit le regretter Pierre Desproges. Ce qui paraissait encore de plus banal c’était qu’elle soit avec moi aujourd’hui, mais je sentais que pour elle ce « voyage » à l’intérieur du corps de la femme lui était fort agréable, pour ne pas dire unique dans sa vie de besace.

            « Mais, ma besace, il faut repartir », je ramassai un bout de bois et repartis, pieds nus, en sifflotant, ma besace en bandoulière. Le paysage resplendissait par ici... j'avançai, l’air désabusé ? Tout en marchant, j’aperçus au loin quelque chose de difforme qui m’intrigua, en approchant, je distinguai nettement une chatte au pelage épais et bouclé comme rarement j’en avais vu avec un miaulement gentillet sur le point de m’attendrir, mais la route était longue... Je n’avais pas le temps de la caresser, car je devais traverser de nombreuses cavités et galeries artérielles. Je reviendrai voir ce petit animal, de cela j’en étais sûr, qui était en manque d’affection.

 

("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy - Editions "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre...

 

 

 

 

 

 

 

08/07/2011

D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (4)

 

Chapitre 1 - "Le saut de l'ange". (suite)...


 Une voix douce, une voix à peine perceptible, on aurait dit celle d’un enfant;  non... c’était le chant d’une jeune naïade, grande et belle. Elle était vêtue d’une tunique blanche nouée d’un cordon rose autour de sa taille. Elle avait les cheveux mi-longs et bouclés d’une blondeur germanique et cela laissait en deviner un visage fin aux traits réguliers et d’une pureté sublime, un visage d’ange. Ses yeux étaient d’un bleu méthylène et vous guérissaient à distance de tous vos maux, même ceux du coeur, ceux de l’âme aussi; une beauté qui vous faisait voyager de l’Orient aux portes de l’Asie. 

 — Dis-moi encore, je veux... je veux ce « monde » !

— On y va, on plonge...

J’arpentai ce col de l’utérus à vitesse, grand V;  je ne me souciai pas de l’aridité de la pente, ni du charme du site. L’aspect du décor, j’y apportais peu d’attention, même si l’endroit apparaissait austère, mais douillet. Je ne songeais pas à ce lieu-là éternellement, mais y venir de temps en temps ne me déplairait pas. Songez, braves gens, que bien des hommes n'auront aucune chance d’avoir ce privilège de séjourner ici, à un prix raisonnable défiant toute concurrence; car un tel paradis existe. J’eus, jadis, le plaisir d’y prolonger longuement un séjour, j’en ai gardé que de bons souvenirs. À vrai dire, les hommes se plaignent, alors qu’ils se voilent la face refusant ces petits à côté qui sont pour moi les meilleurs moments de la vie. J’avais certainement vécu, dans une autre vie, la même expérience ponctuée d’anecdotes tout aussi croustillantes, comme celles de gravir ce « col » en kilt ou d’apercevoir PPDA le redescendre, lui aussi, à vitesse, grand V. Mais cela était maintenant loin ; mon bonheur, c’est que ça reste un vrai bonheur. Certes, les femmes ne sauront jamais arpenter d’une façon agile une telle montagne, d’ailleurs, elles n’y ont pas accès. Tout cela me permet de penser : « Ah! le plaisir d’être un homme au sommet de l’Everest ». 

 

 

("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy aux Editions "Pays d'Herbes" - 2006)

 

à suivre...