Allez les yeux invisibles vers le beau.

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/06/2013

Poème du jour...

images-3.jpeg

tu reposes

endormie

nue

les questions viennent

sans véritables réponses

je vois

la fragilité d'un lit

 

suis-je pour elle.

 

(Poème de Franck Roy -Extrait de "Textos" - Ed. "Echo Optique" - 2002)

13/11/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 4... 22)

Chapitre 4 "Allez... toujours allez"... (22)



J’intégrai ce corps encore une nouvelle fois par l’anus, j’aurai pu y entrer par d’autres cavités : par la bouche, le nez, les oreilles, le vagin, tous ces orifices se prêtent à l’arrivée dans ce lieu magique. L’anus me paraissait le plus usuel, le plus naturel, le plus original et sans nul doute le plus désagréable. Je repris mon souffle avant de reprendre mon chemin, je fis le point. Je retirai de ma besace une gourde en peau de bête pour boire quelques gorgées avant de reprendre ma route. J’essayais de récupérer mes esprits — ma survie en dépendait —, j’étais fier d’être cet explorateur du corps intérieur de cette femme dont je ne connaissais rien. J’allumai ma lampe torche et poursuivit mon chemin...


(Extrait de "Un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)


à suivre...

07/10/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 4... 21)

Chapitre 4... "Aller, toujours aller..." ( 21).


Je parvenais à me dire que peut-être, il y avait eu un phénomène de rejet, ce pauvre coeur ne supportait pas un élément étranger à lui-même. Il me fallait bien du courage pour ne pas renoncer, que les turpitudes liées à ce voyage n’étaient pas sans risque, que ma détermination pourrait être atteint. J’arrivai à me dire : que la vie n’était pas toujours un long fleuve tranquille, je hurlai au néant pour qu’il me sorte de là !...  Il vint à mon secours, car je fus en son sein. Ce sentiment de bien-être avec le néant n'était qu'une utopie, tu te croyais vivant sans exister, tu pensais être la personne unique de l’existence, l’être suprême, le roi de l’univers. Le néant m’emmena à la raison, tu étais dans le néant et cela était plus qu’inconfortable, la sensation d’avoir le cul entre deux chaises. La signalétique était de poursuivre ce voyage, d’aller...


(D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre...

21/06/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 3... 20)

Chapitre 3 ... "Au coeur des choses" (20)

 

Le cœur a ses raisons que la raison ignore, je devais le quitter et continuer ma marche inlassable. Je descendais ce fleuve impassible, cette mer de sang entraîné par un courant hémodynamique. Je décidai à ne perdre volontairement et temporairement connaissance pour vivre que l’instant présent, me laisser chavirer et voir où cela m’emmène. Force est de constater que j’étais ce « bateau ivre » livré à moi-même perdu dans les méandres de ce corps. Après avoir culbuté ce qui me semblait être l’appendice xiphoïde, je tombai dans un lac à la tranquillité inquiétante et troublante. L’eau de ce lac avait un aspect jaunâtre ;  je portai mon doigt à ma bouche, je fis une grimace tout à fait convaincante, c’était de l’urine, j’étais tombé dans la vessie. Je flottai tant bien que mal à la surface ne sachant que faire de moi lorsque je fus projeté de cet organisme. Je me trouvai encore une nouvelle fois extirpé de ce corps dans la cuvette des toilettes. 


(D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre...

 

05/06/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 3... 19)

Chapitre 3... "Au coeur des choses" (19).

 

Le sang affluait en une énorme vague dans l’oreillette et le ventricule chargé d’une forte émotion... « Ah!... Que c’était bon » ! Voilà ce qu’il me disait. Je restais dubitatif et béat, je n’en saurais rien d’autre, je resterai sur ma faim. Je comprenais que le cœur reste cet organe à l’opacité muette et intraduisible que son langage reste codé et personnel réservé à une élite savante ou la seule personne qui puisse le comprendre est la personne aimée.

Je n’avais rien su sur ce cœur et ses tourments me laissaient froid et insensible. Maintenant, seul le cerveau pourrait me donner les informations manquantes à ce puzzle bien hermétique.

Le cerveau serait ma prochaine étape, certainement la plus instructive, la plus intelligente, la plus noble. Cette cervelle recèle un moteur complexe et énigmatique, son étrangeté me fait déjà hérisser les poils de l’épiderme, son fonctionnement, sa logique, son utilité, son savoir, son intelligence m’intéresse au plus haut point… Et aussi sa « féminité ». Je devais quitter ce cœur sans regret.


(D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

 

09/05/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 3... 18)

Chapitre 3... "Au coeur des choses" (18)

 

Le rêve avait disparu comme il était venu sans laisser de traces apparentes, je me demandais les raisons de ce délire fantasmagorique. Aucune des explications susceptibles d’apporter un élément fiable, tangible, sérieux et dû à me résoudre à la seule contemplation, ce qui n’était pas si mal.

Comment en savoir plus sur ce cœur, comment parvenir à lui faire dire les choses dont il n’avait pas envie ? À vrai dire, pensais-je, je retirerai si peu d’éléments pour nourrir ma faim de connaissance dans ce domaine, il restera toujours aussi énigmatique et étrange. Cependant, une idée me traversa l‘esprit ; lui dire un poème et voir comment il réagira. Expérience à faire, me disais-je, sans conviction. Je cherchai dans ma « trousse à poème » un texte à le faire fondre :

 

J’écoute le vent

J’essaie de le suivre

Son souffle me transporte

J’ignore où il me mène

Je vais avec lui

Sans me soucier

De son habit

Il passe entre les branches

Il accompagne les oiseaux

Et leurs chants magiques

Il a un corps

Je n’ai qu’une envie

C’est de l’éteindre

Avec toi.


("D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre...

30/03/2012

D'un corps à l'autre... (Chapitre 3... 17)

Chapitre 3 "Au coeur des choses"... (17)

 

J’attendais de sa part (le coeur) qu’il me dise plus de choses, il se ferma dans un mutisme peu à collaborer à un dialogue constructif et intelligent. Cette attitude était le reflet d’un coeur sensible mais étrangement absent. Je ne renonçais pas, cependant, à cesser de l’interroger pour parvenir à mes fins. Les palpitations s’accéléraient à chacune des émotions ressenties, les viscères se contractaient ainsi que le sang irrigué arrivait et activait ce muscle comme une pompe à injection. Tout ce phénomène me glissa petit à petit dans une somnolence et dans un voyage quasi onirique dont je vais vous narrer le début...

 

Vous souvenez-vous de ce poème de Rimbaud « Le Bateau ivre », de ces premiers vers...

 

« Comme je descendais des fleuves impassibles, je me sentis plus guidé par les haleurs... » Partons dans le rêve...

 

...Sous des paradis grimaçants, elles débordaient de sources multicolores, propageant des gènes aux fortes odeurs d’encens, de cinnamomes, de myrrhes. De belles naïades vêtues de dentelles transparentes, le sexe offert à la contemplation ayant pour seul langage leur corps, délivraient une sensualité suave et émouvante. La beauté émanant de cette enveloppe corporelle ne délivrait aucun des messages que j’espérais; de déchiffrables qui puissent m’éclairer l’esprit.

 

— J’ai une question.

 

— Oui, si tu veux...

 

— Tu disais : « que ce qui primait dans la relation entre ces deux êtres (l’homme et la femme) n’était que purement sexuel avec une autre petite variante ».

 

— Tu peux t’expliquer ?

 

— L’attachement à l’autre n’est que purement sexuel et aussi matériel, je veux dire par là que la femme et l’homme vivent ensemble pour des commodités bassement sexuelles et matérielles. L’amour qu’ils pensent vivre n’est que le pur produit de leurs jeux de séduction, qu’ils ne sont là que pour eux, qu’ils vivent le plus souvent ce que l’autre apporte sur le plan sexuel et matériel, qu’ils pensent plus à leur intérêt personnel qu’à celui de leur partenaire.

 

— Et l’amour dans tout cela ?

 

— L’amour existe, mais il reste figé dans nos têtes, perdu dans nos rêves, nos fantasmes, nos désirs... il est à l’état latent, il ne demande qu’à naître, à éclore, à vivre dans nos cellules, à vibrer dans nos coeurs. Sa faculté à procréer, à rendre vivant l’humain timoré que nous sommes est énorme. Sa force est à l’origine de notre monde ;  le big-bang est né de l’amour... j’y crois fortement. La mutation sera génétique, certes, mais elle sera aussi mentale. L’humain évoluera par ses gènes, mais il faudra que l’homme plonge en lui, qu’il regarde en sa propre personne. Il faudra qu’il sache comprendre la cartographie de l’amour, à en savoir le mécanisme, le fonctionnement. Dès lors qu’il aura compris qu’il oublie tout et laisse son corps ingurgiter ces aliments-là, la digestion se fera naturellement et il retrouvera son état originel. L’amour, pour moi, est un don de soi.

 

— Et toi as-tu connu l’amour ?

 

— Non, il reste bloqué en moi comme la plupart des êtres qui nous entourent.

 

— Tu as d’autres questions à me poser ?

 

— Non.

 

  — Alors on y va dans ce corps ?

 

       — Oh oui !


("D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes"  - 2006)

à suivre...