Allez les yeux invisibles vers le beau.

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18/06/2012

Poème du jour...

14 JUILLET

 

feu d'artifice sur le port

cette foule sur les pontons les quais

comme assise dans le vide

silencieusement curieusement

 

on attend l'un contre l'autre

parmi tant d'autres contre d'autres

 

avec seuls

les mats métalliques

et les haubans

pour dire ce soir-là

la douceur d'exister.

 

(Poème de François de Cornière "C'était quand ?" - Ed. "Le Dé bleu" - 1999)

04/05/2012

Poème du jour...

QUI D'AUTRE ?

 

poésie, réflexion, le dé bleu, mazo,poète, écrivain, vieQui d'autre que moi

Pourrait dire que j'existe,

Qui d'autre que moi

Que je suis là, muet, parmi vous,

Avec cet effroi, cette angoisse

Ancrés en moi depuis toujours

Telle l'intarissable blessure

D'une vie que je n'aurai pas vécue ?

 

(Poème de Bernard Mazo -"La vie foudroyée" - Ed. Le Dé Bleu - 1999)

26/04/2012

Poème du jour...

images.jpegL'aube est infime, qui avance, et longe tes paupières, le temps d'éclore à tes blessures. Ce qui se lève à peine t'initie, toi et le jour, à ta précarité. Un regard ne se posera plus et il t'adresse le silence ; il  replie sa parole avec un peu de sang et une perte dans les yeux pour épeler son désastre. Comme s'il fallait, pour déceler la dignité, une agonie dans sa frayeur et son chemin, rides après frissons, comme s'il fallait un second plan dans le visage.

Craindre que ne défaille, outre cette parole, trace de ton sourire dans la glace, celui que tu aurais cessé de prêter à la chance.

 

(Poème de Bruno Berchoud -" L'ombre portée du marcheur" - Ed. "le dé bleu" - 1998)

16/03/2012

Poème du jour...

FEMME ET OISEAU

 

images-1.jpegLe chat rêve et ronronne dans la lutherie brune. Il scrute le fond de l'ébène et de biais lape à distance le tout vif acajou. C'est l'heure où le sphinx de la garance détend par milliers sa trompe autour de la fontaine de Vaucluse et où partout la femme n'est plus qu'un calice débordant de voyelles en liaison avec magniola illimitable de la nuit.

 

(Poème de André Breton)images-2.jpeg

05/03/2012

Poème du jour...

POETE NOIR

 

Poète noir, un sein de pucelle

te hante,

poète aigri, la vie bout

et la ville brûle,

et le ciel se résorbe en pluie,

ta plume gratte au coeur de la vie.

 

Forêt, forêt, des yeux fourmillent

sur les pignons multipliés ;

cheveux d'orage, les poète

enfourchent des chevaux, des chiens.

 

Les yeux ragent, les langues tournent

le ciel afflue dans les narines

comme un lait nourricier et bleu ;

je suis suspendu à vos bouches

femmes, coeurs de vinaigre durs.

 

(Poème de Antonin Artaud - "L'Ombilic des Limbes"/ Gallimard - 1921)images-1.jpeg

21/02/2012

Poème du jour...

JE TE L'AI DIT POUR LES NUAGES

 

Je te l'ai dit pour les nuages

Je te l'ai dit pour l'arbre de la mer

Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles

Pour les cailloux du bruit

Pour les mains familières

Pour l'oeil qui devient visage ou paysage

Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur

Pour toute la nuit bue

Pour la grille des routes

Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert

Je te l'ai dit pour tes pensées pour tes paroles

Toute caresse toute confiance se survivent.

 

(Extrait du recueil "L'Amour la Poésie" de Paul Eluard - 1929)images-1.jpeg

15/02/2012

Poème du jour...

Le manteau d'Arlequin

 

images-1.jpegEux dans la bouffée des rampes, nous dans leur pénombre. Eux dans le tréfonds, nous dans la plaie. Ensemble dans l'espace masqué du réel. Dans la nargue de son spectacle. Eux dans leurs métamorphoses, nous dans nos figures de terre. Ensemble dans les creux du monde.

Comme échoué au milieu des vies mortes, on sait le lieu trompeur, estomac de velours capable de nous avaler tout cru dans le maelström de sa langue. Et c'est cette probable succion qui nous attire, nous soude coudes à coudes suspendus à la mastication du Temps.

Eux dans les ficelles des cintres, nous sur leur grill. Eux dans le puits du corps. Nous dans leur cordée de voix. Ensemble dans l'espace retourné du réel. Dans les bris de son spectacle. Eux dans leurs manteaux d'Arlequin, nous dans nos plis de terre. Ensemble dans la barque du présent.

 

(Extrait du recueil "Les Dérives Immobiles" de Jean-Pierre Sautreau - Ed. "Soc & Foc" - 2011)