Allez les yeux invisibles vers le beau.

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06/03/2013

Poème du jour...

poésie,charpentreau,réflexion,mer,joie,enfant,détenteLa mer s'est retirée  

La mer s’est retirée,
Qui la ramènera ?
La mer s’est démontée,
Qui l’a remontera ?
La mer s’est emportée,
Qui la rapportera ?
La mer est déchaînée,
Qui la rattachera ?
Un enfant qui joue sur la plage
Avec un collier de coquillages.

J. Charpentreau


01/03/2013

Poème du jour...

poésie,poètesse,quatrains,réflexion,comprendre,savoir,gallimard,américaineLa Paix est une fiction de notre Foi -

cloches par une Nuit d'Hiver

Emportant hors d'Ouïe le Voisin

Qui jamais ne mit pied à terre.

 

(Poème de Emily Dickinson - Extrait de "Quatrains" - Ed.Poésie/Gallimard - 2011)

20/02/2013

Poème du jour...

images-2.jpeg Liberté

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffées d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes raisons réunies
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom 

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté

Paul Eluard
in Poésies et vérités, 1942

03/02/2013

Poème du jour...

À des âmes envolées.

images-3.jpegCes âmes que tu rappelles, 
Mon coeur, ne reviennent pas. 
Pourquoi donc s'obstinent-elles, 
Hélas ! à rester là-bas ?

Dans les sphères éclatantes, 
Dans l'azur et les rayons, 
Sont-elles donc plus contentes 
Qu'avec nous qui les aimions ?

Nous avions sous les tonnelles 
Une maison près Saint-Leu. 
Comme les fleurs étaient belles ! 
Comme le ciel était bleu !

Parmi les feuilles tombées, 
Nous courions au bois vermeil ; 
Nous cherchions des scarabées 
Sur les vieux murs au soleil ; 
On riait de ce bon rire 
Qu'Éden jadis entendit, 
Ayant toujours à se dire 
Ce qu'on s'était déjà dit ; 

Je contais la Mère l'Oie ; 
On était heureux, Dieu sait ! 
On poussait des cris de joie 
Pour un oiseau qui passait.



Victor Hugo.

21/01/2013

Poème du jour...

images-3.jpegNuit de neige


La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.




Auteur : Guy de MAUPASSANT

07/01/2013

Poème du jour...

Unknown.jpegSi Nous abolissions le Gel

L'Eté ne cesserait pas -

Que les Saisons meurent ou règnent

Est à Notre choix -

 

(Poème de Emily Dickinson - extrait de "Quatrains" -Ed. Poésie/Gallimard - 2011)

01/01/2013

Poème du jour...

images-2.jpegAvenir.

Sonnet.


Les coquelicots noirs et les bleuets fanés 
Dans le foin capiteux qui réjouit l'étable, 
La lettre jaunie où mon aïeul respectable 
À mon aïeule fit des serments surannés,

La tabatière où mon grand-oncle a mis le nez,
Le trictrac incrusté sur la petite table 
Me ravissent. Ainsi dans un temps supputable 
Mes vers vous raviront, vous qui n'êtes pas nés.

Or, je suis très vivant. Le vent qui vient m'envoie 
Une odeur d'aubépine en fleur et de lilas, 
Le bruit de mes baisers couvre le bruit des glas.

Ô lecteurs à venir, qui vivez dans la joie 
Des seize ans, des lilas et des premiers baisers, 
Vos amours font jouir mes os décomposés.



Charles Cros.