01/09/2011
Poème du Jour...
APRES-DEMAIN
(Fragment)
Quand je serai caillou
j'irai dormir la huit dans les soupières
et le jour dans les sacs à main
Quand je serai porte de prison
je pêcherai à la dynamite
Quand je serai planche à pain
je téléphonerai à mes amis
Quans je serai couteau
j'apprivoiserai la dentelle
Quand je serai enclume
je laverai mon linge à la rivière
Quand je serai plat à barbe
je mordrai les chiens
(Extrait de "Ma tête à couper" de Jehan Mayoux - 1939)
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16/08/2011
Poème du Jour...
J'ensemence
une terre aride
je veux croire
qu'un peu d'humus
l'éveillera
lui donneras corps
j'arroserai de baisers
sa bouche
tout juste éclose
elle dira
ce que la mort
ne sait dire
je t'aime.
(Poème de Franck Roy - extrait de "Textos" - Ed. " Echo Optique" -2002)
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12/08/2011
Poème du Jour...
L'OUBLI DU MAIL
Le rite et parc hagard
L'air sérieux
Conjurent les omnibus.
Loin les sonneries sont perdues
Pour ma plus grande résolution et la gorge de fauvette
Votive au milieu du vent.
Carême au marché qui bruit des mots à dire
Aux plis d'une soie tremblante.
Le toit recru délaissé
Au deuxième silence d'une seule heure sans escorte
Porteur du signe de reconnaissance.
(Poème de Vincent Bounoure - extrait de "La Voix des éléments" - 1974)
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31/07/2011
Poème du Jour...
reste ce que chacun
au moindre mal
transbahute de soi
un peu plus loin
tous les jours
un peu plus loin
au mieux on s'accompagne
en forçant le sourire
(Poème d'Antoine Emaz extrait de "Boue"" - Editions "Deyrolle" - 1997)
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20/07/2011
Poème du Jour...
PORTE DU SECOND INFINI
A Antonin Artaud
L'encrier périscope me guette au tournant,
mon porte-plume rentre dans sa coquille.
La feuille de papier déploie ses grandes ailes blanches :
Avant peu ses deux serres m'arracheront les yeux.
Je n'y verrai que du feu mon corps
feu mon corps !
Vous eûtes l'occasion de le voir en grand appareil le jour de tous les ridicules.
Les femmes mirent leurs bijoux dans leur bouche comme Démosthème.
Mais je suis inventeur d'un téléphone de verre de Bohème et de tabac anglais
en relation directe avec la peur !
(Poème de Robert Desnos - "C'est les bottes de 7 lieues cette phrase " Je me vois" - 1926)
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12/07/2011
Poème du Jour...
L'AMOUREUSE
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens
Elle a la forme de mes mains
Elle a la couleur de mes yeux
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.
(Poème de Paul Eluard - " Mourir de ne pas mourir " - 1924)
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08/07/2011
D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (4)
Chapitre 1 - "Le saut de l'ange". (suite)...
Une voix douce, une voix à peine perceptible, on aurait dit celle d’un enfant ; non... c’était le chant d’une jeune naïade, grande et belle. Elle était vêtue d’une tunique blanche nouée d’un cordon rose autour de sa taille. Elle avait les cheveux mi-longs et bouclés d’une blondeur germanique et cela laissait en deviner un visage fin aux traits réguliers et d’une pureté sublime, un visage d’ange. Ses yeux étaient d’un bleu méthylène et vous guérissaient à distance de tous vos maux, même ceux du coeur, ceux de l’âme aussi ; une beauté qui vous faisait voyager de l’Orient aux portes de l’Asie.
— Dis-moi encore, je veux... je veux ce « monde » !
— On y va, on plonge...
J’arpentai ce col de l’utérus à vitesse, grand V ; je ne me souciai pas de l’aridité de la pente, ni du charme du site. L’aspect du décor, j’y apportais peu d’attention, même si l’endroit apparaissait austère, mais douillet. Je ne songeais pas à ce lieu-là éternellement, mais y venir de temps en temps ne me déplairait pas. Songez, braves gens, que bien des hommes n'auront aucune chance d’avoir ce privilège de séjourner ici, à un prix raisonnable défiant toute concurrence ; car un tel paradis existe. J’eus, jadis, le plaisir d’y prolonger longuement un séjour, j’en ai gardé que de bons souvenirs. À vrai dire, les hommes se plaignent, alors qu’ils se voilent la face refusant ces petits à côté qui sont pour moi les meilleurs moments de la vie. J’avais certainement vécu, dans une autre vie, la même expérience ponctuée d’anecdotes tout aussi croustillantes, comme celles de gravir ce « col » en kilt ou d’apercevoir PPDA le redescendre, lui aussi, à vitesse, grand V. Mais cela était maintenant loin ; mon bonheur, c’est que ça reste un vrai bonheur. Certes, les femmes ne sauront jamais arpenter d’une façon agile une telle montagne, d’ailleurs, elles n’y ont pas accès. Tout cela me permet de penser : « Ah ! le plaisir d’être un homme au sommet de l’Everest ».
("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy aux Editions "Pays d'Herbes" - 2006)
à suivre...
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