Allez les yeux invisibles vers le beau.

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/12/2011

Poème du jour...

LES POMMES

 

Unknown.jpegNon madame, non

Je ne veux pas de belles pommes

Je veux de bonnes pommes.

Celles qui ont goût d'automne

Celles qui sous leur robe

ont un roman biblique

une histoire de pommier-faune

avec un pied en accroche-coeur

une histoire de hibou

une histoire de papillon jaune...

 

(Poème  de Xavier Bouguenec extrait de "Les Pommes" - Ed. "Soc & Foc - 2010)

à suivre...

20/12/2011

D'un corps à l'autre... (Chapitre 2... 13)

Chapitre 2 "Y retourner"... (13).



Je regardai, avec circonspection, ce petit organe érectile : le clitoris. Je le tâtai de mon doigt pour en connaître sa nature physiologique et fonctionnelle. À dire vrai, les organes de la femme sont d’une énigme des plus complexes qui m’amène à penser que cela pourrait être une des causes de l’incompatibilité possible de l’incompréhension relationnelle entre la femme et l’homme. Je veux dire que ce qui prime entre ces deux êtres n’est que purement sexuel. Avec pourtant une petite variante dont je vous parlerai plus tard.


— S’il te plaît, j’ai une question à te poser.

— Je t’écoute.

— Tu disais, au début, il faut être un adulte responsable... 

— À vrai dire, je le sens comme ça, c’est une personne affirmée, mûre qui jette sur la vie, sa vie, un oeil circonspect, prêt à intervenir en cas de litige, qui gère (même si je n’aime pas ce mot).

— Et l’enfant dans tout cela ?

— L’enfant que nous avons été subsiste en nous, il vit, il grandit, on ne peut le nier. Parfois même, il respire, il est là, il se réveille, me fait sentir sa présence, l’enfant me fait palper des choses. Intelligent, il nous structure, nous sommes l’adulte qu’il fait de nous, il agit sur notre personnalité, mais ne tombons pas dans son jeu, il est tellement malin qu’il peut nous engloutir, nous happer, nous dévorer et nous rendre infantiles. Il faut savoir le mettre à distance. 

— As-tu d’autres questions ?

— Non pas pour le moment.

— Alors, on plonge.

— Oh oui !


("D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006) à suivre...

19/12/2011

Prose des Ivresses... (22)

images-1.jpeg

images.jpeg


A PIPE OF TOBACCO

 

Petit tuyau au grand pouvoir,

Charmeur de l'heure oisive,

Objet de mon fervent désir,

Lèvre de cire et oeil de feu :

Mes doigts enserrent doucement

Ta taille de cierge neigeux ;

Et je bourre d'un petit instrument

Le ventre charmant que forme ton fourneau ;

Et quelle joie, entre toutes les joies,

Lorsque je respire tes baisers suaves !...

 

(Poème de I. H. Browne - 1705-1760)

13/12/2011

Poème du jour...

 

Le vent

 

Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.

Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre ! -
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.

Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?

Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,

 

Voici le vent cornant Novembre.

 

(Poème de Emile  Verhaeren extrait de "Les Villages illusoires")

07/12/2011

Poème du jour...

images-1.jpegCAFETIERE DE BEURRE

 

Les guides à la main semant sa jolie langue

tout essouflée avec une gaule amazone

la montagne bébé ramasse cinquante centimes

dans le jardin sangsue anémone

tombée d'une échelle carte postale.

Le frein de la salade en ceinture de cuir

une orange à la main souffle sur les vêtements

du patissier qui fait les vendanges à l'hôpital

du drapeau à la hampe de radis.

Nous sommes dans le grenier des merles

où l'aimable araignée porte des pépins

d'un air fatigué dans la large liqueur

des gilets en petits vers rongeurs.

Voltiger en l'air festin de chenille

c'est le risque du paradis de fer blanc

suspendu au plafond de la cheminée.

 

(Francis Picabia - " Poèmes et dessins de la fille née sans mère" - 1918 - Ed. "Belfond")

05/12/2011

La Lumière sur le sentier... (16)

Etre capable de se tenir de pied ferme veut dire avoir confiance ; être capable d'entendre, c'est avoir ouvert les portes de l'âme ; être capable de voir, c'est avoir acquis la faculté de percevoir ; être capable de parler, c'est avoir gagné le pouvoir d'aider les autres ; avoir vaincu le désir, c'est avoir appris à maîtriser et à utiliser la personnalité ; avoir atteint la connaissance de Soi, c'est s'être retiré dans l'intérieur de la forteresse, là où la personnalité de l'homme peut être jugée avec un esprit d'impartialité ; avoir vu ton âme dans sa fleur, c'est avoir obtenu, en toi-même, une vision momentanée de sa transfiguration qui fera de toi, un jour, plus qu'un homme ; reconnaître, c'est accomplir la grande tâche de regarder en face la lumière étincelante, sans baisser les yeux et sans reculer d'épouvante, comme devant quelque fantôme effroyable. C'est ce qui arrive à quelques-uns, et la victoire est ainsi perdue au moment où elle allait être remportée. Entendre la voix du silence, c'est comprendre que la seule direction véritable vient de l'intérieur ; entrer dans le Temple de l'Enseignement, c'est arriver à un état dans lequel le savoir devient possible. Tu trouveras alors bien des paroles écrites en lettres flamboyantes et qui, pour toi, seront faciles à déchiffrer, car lorsque le disciple est prêt, le Maître l'est également.

 

(Extrait de "La Lumière sur le Sentier" de Mabel Collins - Ed. "Adyar")

01/12/2011

Proses des Ivresses... (21)


images.jpeg


LE CAFE

 

C'est toi, divin café, dont l'aimable liqueur,

Sans altérer la tête épanouit le coeur !

Ainsi, quand mon palais est émoussé par l'âge

Avec plaisir encor je goûte ton breuvage.

Que j'aime à préparer ton nectar précieux,

Nul n'usurpe chez moi ce soin délicieux.

Sur le réchaud brûlant, moi seul, tournant la graine,

A l'or de ta couleur fais succéder l'ébène ;

Moi seul, contre la noix qu'arment ses dents de fer, 

Je fais, en le broyant, crier ton fruit amer,

Chargé de ton parfum, c'est toi seul qui, dans l'onde,

Infuses à mon foyer ta poussière féconde ;

Oui, tour à tour calmant, excitant tes bouillons,

Suis, d'un oeil attentif tes légers tourbillons.

Enfin, de ta liqueur, lentement reposée,

Dans la vase fumant, la lie est déposée ;

Ma coupe, ton nectar, le miel américain,

Que du suc des roseaux exprima l'Africain,

Tout est prêt ; du Japon, l'émail reçoit tes ondes

Et, seul, tu réunis les tribus des deux mondes.

Viens donc, divin nectar ! viens donc, inspire-moi :

Je ne veux qu'un désert, mon Antigone, et toi !

A peine j'ai senti ta vapeur odorante,  

Soudain de ton climat la chaleur pénétrante

Réveille tous mes sens, sans trouble, sans chaos,

Mes pensers plus nombreux, accourent à grands flots,

Mon idée était triste, aride, dépouillée ;

Elle rit, elle sort richement habillée,

Et je crois, du génie éprouvant le réveil,

Boire dans chaque goutte un rayon de soleil.

 

(Poème de Jacques Delille - extrait de "Oeuvres" - 1738-1813)