18/07/2011
La Lumière sur le Sentier... (8)
Ces trois mots : " Cherche la Voie ", sembleront peut-être de bien petite importance pour former une règle à eux seuls. Le disciple dira : " Approfondirais-je toutes ces pensées si je ne cherchais pas la voie ? " Cependant ne passe pas trop rapidement. Arrête-toi, et réfléchis un moment. Est-ce bien la voie que tu désires ? Ou y aurait-il dans ta vision une vague perspective de grandes hauteurs à escalader, d'un grand avenir à réaliser ?... Prends garde. La voie doit être cherchée pour elle-même et non par égard à tes pieds qui la fouleront.
Il y a un rapport entre cette règle et la dix-septième de la seconde série. Lorsque après des siècles de luttes et de nombreuses victoires, tu auras gagné la dernière bataille et demandé le secret final, alors tu seras prêt à aller plus loin. Lorsque le secret final de cette grande leçon aura été révélé, c'est en lui que se découvrira le mystère du Sentier nouveau - voie qui conduit au-delà de toute expérience humaine, et qui entièrement au-dessus de toute perception et de toute imagination humaines.
A chacune de ces étapes, il est nécessaire de s'arrêter longtemps et bien réfléchir.
A chacune de ces étapes, il est nécessaire de s'assurer que la Voie a été choisie pour elle-même.
La Voie et la Vérité se montrent d'abord. La Vie vient ensuite.
(Extrait de "La Lumière sur le Sentier " de Mabel Collins - Ed. Adyar)
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13/07/2011
Proses des ivresses... (9)
Frères, vous pullulez, vous vous entroupez, vous vous encroûtez. Bientôt les caves seront à sec et que deviendrons-nous ? Les uns crèveront lamentablement, les autres se mettront à boire d'infâmes potions chimiques. On verra des hommes s'entretuer pour une goutte de teinture d'iode. On verra des femmes se prostituer pour une bouteille d'eau de Javel. On verra des mères distiller leurs enfants pour en extraire des liqueurs innommables. Cela durera sept années. Pendant les sept années suivantes, on boira du sang. D'abord le sang des cadavres, pendant un an. Puis le sang des malades, pendant deux ans. Puis chacun boira son propre sang, pendant quatre ans. Pendant les sept années suivantes, on ne boira que des larmes et les enfants inventeront des machines à faire pleurer leurs parents pour se désaltérer. Alors il n'y aura plus rien à boire et chacun criera à son dieu : " rends-moi mes vignes ! " et chaque dieu répondra : " rends-moi mon soleil ! ", mais il n'y aura plus de soleils, ni de vignes, et plus moyens de s'entendre.
Des soleils et des vignes, il y en a encore. Mais sans soif, on ne fait plus de vin. Plus de vin, on ne cultive plus les vignes. Plus de vignes, les soleils s'en vont : ils ont autre chose à faire que de chauffer les terres sans buveurs, ils se diront : allons maintenant vivre pour nous. Cela, le voulez-vous ?
- Non ! gronda l'auditoire.
- Avez-vous soif ?
- Oui ! confessa l'auditoire.
- Eh bien, allons aux vignes ! Mais pour cela, il faut partir comme moi, en délaissant tous les biens de ce monde, en n'emportant que le strict nécessaire. Qui a soif me suive !
(" La Grande Beuverie " de René Daumal - Ed. Gallimard)
04:34 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : daumal, littérature, livre, beuverie, réflexion, prose, ivresse, écrivain
12/07/2011
Poème du Jour...
L'AMOUREUSE
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens
Elle a la forme de mes mains
Elle a la couleur de mes yeux
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.
(Poème de Paul Eluard - " Mourir de ne pas mourir " - 1924)
08:02 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, eluard, surréaliste, l'amoureuse, réflexion, détente, intelligence, recueil
08/07/2011
D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (4)
Chapitre 1 - "Le saut de l'ange". (suite)...
Une voix douce, une voix à peine perceptible, on aurait dit celle d’un enfant ; non... c’était le chant d’une jeune naïade, grande et belle. Elle était vêtue d’une tunique blanche nouée d’un cordon rose autour de sa taille. Elle avait les cheveux mi-longs et bouclés d’une blondeur germanique et cela laissait en deviner un visage fin aux traits réguliers et d’une pureté sublime, un visage d’ange. Ses yeux étaient d’un bleu méthylène et vous guérissaient à distance de tous vos maux, même ceux du coeur, ceux de l’âme aussi ; une beauté qui vous faisait voyager de l’Orient aux portes de l’Asie.
— Dis-moi encore, je veux... je veux ce « monde » !
— On y va, on plonge...
J’arpentai ce col de l’utérus à vitesse, grand V ; je ne me souciai pas de l’aridité de la pente, ni du charme du site. L’aspect du décor, j’y apportais peu d’attention, même si l’endroit apparaissait austère, mais douillet. Je ne songeais pas à ce lieu-là éternellement, mais y venir de temps en temps ne me déplairait pas. Songez, braves gens, que bien des hommes n'auront aucune chance d’avoir ce privilège de séjourner ici, à un prix raisonnable défiant toute concurrence ; car un tel paradis existe. J’eus, jadis, le plaisir d’y prolonger longuement un séjour, j’en ai gardé que de bons souvenirs. À vrai dire, les hommes se plaignent, alors qu’ils se voilent la face refusant ces petits à côté qui sont pour moi les meilleurs moments de la vie. J’avais certainement vécu, dans une autre vie, la même expérience ponctuée d’anecdotes tout aussi croustillantes, comme celles de gravir ce « col » en kilt ou d’apercevoir PPDA le redescendre, lui aussi, à vitesse, grand V. Mais cela était maintenant loin ; mon bonheur, c’est que ça reste un vrai bonheur. Certes, les femmes ne sauront jamais arpenter d’une façon agile une telle montagne, d’ailleurs, elles n’y ont pas accès. Tout cela me permet de penser : « Ah ! le plaisir d’être un homme au sommet de l’Everest ».
("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy aux Editions "Pays d'Herbes" - 2006)
à suivre...
04:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : récit, littérature, réflexion, recueil, femme, intelligence, monde intérieur, onirique, poétique
05/07/2011
Poème du Jour...
POETES
La tristesse des illettrés dans les ténèbres des bouteilles
L'inquiétude imperceptible des charrons
Les pièces de monnaie dans la vase profonde
Dans les nacelles de l'enclume
Vit le poète solitaire
Grande brouette des marécages.
(Poème de René Char)
07:30 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, char, surréaliste, poète, réflexion
04/07/2011
La Lumière sur le sentier... (7)
- Cherche la Voie.
- Cherche la Voie en te retirant à l'intérieur.
- Cherche la Voie en avançant hardiment au-dehors.
... Ne te contente pas de la chercher par une seule route. Il y a pour chaque tempérament un chemin qui semble plus spécialement attrayant. Mais la Voie ne peut être trouvée au moyen de la dévotion seule, ni par la contemplation religieuse seule, ni par le progrès ardent, ni par l'observation studieuse de la vie. Aucune de ces routes ne peut, à elle seule, aider le disciple à franchir plus d'un échelon. Or tous les échelons sont nécessaires pour former l'échelle. Les vices de l'homme deviennent des échelons, un à un, à mesure qu'ils sont surmontés. Les vertus de l'homme, elles aussi, sont des échelons nécessaires et dont, en aucune manière, il ne peut se passer. Cependant, bien qu'elles créent une atmosphère favorable et un avenir heureux, elles sont sans utilité si elles existent seules. La nature entière de l'homme doit être sagement mise à profit par celui qui désire entrer dans la Voie. Chaque homme est pour lui-même, d'une manière absolue, la Voie, la Vérité et la Vie. Mais il n'est tout cela, effectivement, que lorsqu'il saisit don individualité tout entière, et que, par la force de sa volonté spirituelle éveillée, il reconnaît cette individualité comme étant non pas lui-même, mais cette chose qu'il a créée laborieusement pour son propre usage et au moyen de laquelle il se propose, à mesure que sa croissance développe lentement son intelligence d'atteindre la Vie qui se trouve au-delà de l'individualité. Lorsqu'il sait que pour cette raison sa vie existe, cette vie séparée, étonnante et complexe, alors, en vérité, et alors seulement, il est sur la Voie.
Cherche-la en te plongeant dans les profondeurs mystérieuses et glorieuses de être intérieur.
Cherche-la en analysant toute expérience, en utilisant tes sens afin de comprendre la croissance et la signification de l'individualité, ainsi que la beauté et l'obscurité de ces autres fragments divins qui peinent côte à côte avec toi et qui forment la race à laquelle tu appartiens.
Cherche-la par l'étude des lois de l'existence, des lois de la nature et des lois du surnaturel ; et cherche-la par la soumission profonde de ton âme à l'étoile vacillante qui brûle à l'intérieur. Par degrés, à mesure que tu veilleras et que tu adoreras, sa lumière deviendra plus intense. Tu sauras alors que tu as trouvé le commencement de la voie. Et quand tu en auras atteint le terme, sa lumière deviendra soudainement la lumière infinie.
("La Lumière sur le Sentier" de Mabel Collins - Ed. Adyar)
à suivre...
04:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, collins, philosophie, philosophe, réflexion, reconstruire, âme, beauté, sagesse, lumière, infini
28/06/2011
Proses des ivresses... (8)
L'herbe du diable n'est qu'un chemin parmi des millions d'autres. N'importe quoi peut servir de chemin. C'est pourquoi il ne faut jamais oublier qu'un chemin est seulement un chemin ; si tu sens que tu ne dois pas le suivre, alors sous aucun prétexte ne continue d'y avancer. Pour obtenir une telle lucidité d'esprit il faut discipliner sa vie. Alors, seulement, tu pourras comprendre que tout chemin n'est chemin auquel tu peux renoncer si ton coeur le désire sans faire affront à personne, ni à toi ni aux autres. Mais ta décision de poursuivre sur un chemin ou l'abandonner doit être libre de peur ou d'ambition. Je te préviens, considère chaque chemin en toute liberté et avec une grande attention. Essaie-le autant de fois que le jugeras nécessaire. Puis pose-toi, et à toi seul, une question ; une question que seul un vieil homme peut se poser. Lorsque mon benefactor m'en parla j'étais bien trop jeune et mon sang était trop ardent pour que je puisse la saisir. A présent, je comprends la question et je vais te la dire " ce chemin a-t-il un coeur ?" Tous les chemins sont les mêmes, ils ne conduisent nulle part. Il y a des chemins qui traversent la forêt, d'autres qui vont dans la forêt. Dans ma propre vie, je puis dire que j'ai parcouru de longs, longs chemins, mais je suis arrivé quelque part. Et maintenant la question de mon benefactor a pris tout son sens. Ce chemin a-t-il un coeur ? Si oui, le chemin est bon, sinon il est inutile. Ces deux chemins ne conduisent nulle part, mais l'un d'entre eux a un coeur et l'autre n'en a pas. L'un est propice à un merveilleux voyage ; aussi longtemps que tu le suis, tu ne fais qu'un avec lui. L'autre te fera maudire ta vie. L'un rend fort, l'autre t'affaiblit.
("L'herbe du diable et la petite fumée" de Carlos Castaneda - 1935 - Ed. du Soleil noir)
04:09 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, récit, prose, casteneda, réflexion, intelligence, chemin, liberté, sagesse