11/08/2011
Proses des ivresses... (11)
LES REVERBERES AFRICAINS
J'étais ivre l'autre nuit d'un vin venu d'Europe et qui avait fait le voyage sur un bateau lent et secoué par la tempête. Ce vin qui avait des souvenirs marins et l'humeur impétueuse des flots, avait communiqué pour toujours à son essence spirituelle un caractère sauvage et tumultueux. La mer donne à ses amis un goût ardent de la liberté : ce vin avait un goût de corsaire ; en des temps meilleurs il se fût fait pirate, aurait mérité d'être pendu à une vergue dans le port de Londres, non loin de quelque celèbre capitaine. Je ne dirai rien de moi : ce vin merveilleux m'habitait.
Ainsi gréé, puissant comme un dieu, je partis au hasard des rues du Caire.
(Prose de Georges Limbour - extrait de "Soleil bas" - Ed. Gallimard)
à suivre...
( Portrait de Georges Limbour par Picasso...)
05:39 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : prose, ivresse, livre, littérature, réflexion, limbour, surréaliste, écrivain, 1900-1970
08/08/2011
La Lumière sur le Sentier... (9)
Cherche-là en éprouvant toute expérience, et rappelle-toi qu'en te disant cela, je ne veux pas dire : "Cède aux séductions des sens afin de les connaître". Tu peux agir ainsi avant de devenir un occultiste, mais non pas après. Lorsque tu as choisi le sentier et que tu y es entré, tu ne peux céder sans honte à ces séductions. Cependant, il t'est permis de les éprouver sans horreur ; tu peux les peser, les observer, les analyser, et attendre, avec une patience confiante, l'heure où elles ne t'affecteront plus. Mais ne condamne pas qui succombe ; tends-lui la main comme un frère pèlerin dont les pieds sont alourdis par la fange. Rappelle-toi, ô disciple, que l'abîme peut être énorme entre l'homme vertueux et le pêcheur, mais qu'il est plus énorme encore entre l'homme vertueux et celui qui est arrivé à la Connaissance ; il est sans limites entre l'homme vertueux et celui qui est au seuil de la Divinité. C'est pourquoi garde-toi de t'imaginer que tu ne fais plus partie de la masse.
Lorsque tu sauras trouvé le commencement de la Voie, l'étoile de ton âme fera voir sa lumière et, à sa clarté, tu percevras combien grande est l'obscurité dans laquelle elle luit. L'intellect, le coeur, le cerveau, tout est obscurité, tout est ténèbres jusqu'à ce que la première grande bataille ait été gagnée. Ne sois point terrifié ni découragé à cette vue ; garde tes yeux fixés sur la petite lumière et elle grandira. Mais que ces ténèbres, en toi-même, t'aident à comprendre la détresse de ceux qui n'ont vu aucune lumière et dont les âmes vivent dans une nuit profonde. Ne les blâme pas. Ne te détourne pas d'eux, mais essaie de soulever un peu de ce lourd Karma du monde ; donne ton aide aux quelques fortes mains qui empêchent les pouvoirs ténébreux d'obtenir une victoire complète. Tu entreras alors dans une Association de joie qui impose assurèment un labeur terrible et de profondes tristesses, mais aussi une vive et toujours grandissante félicité.
(Extrait de "La Lumière sur le Sentier" de Mabel Collins - Ed. Adyar). A suivre...
05:33 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mabel collins, réflexion, karma, comprendre, exploration intérieur, intelligence, philosophie, lumière, sentier
03/08/2011
D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (6)
Chapitre 1 - "Le saut de l'ange" (suite)...
Je m’approchai vers un endroit où il aurait fallu une lampe torche pour distinguer où je mettais les pieds. Je ne savais pas où j’étais. J’avais perdu ma besace ; sans chaussure et besace, je n’étais pas rassuré du tout. Il était, aussi, l’heure de s’arrêter pour dormir, aucune idée de l’endroit où j’étais, il faisait noir comme chez les loups, et surtout cela ne sentait pas bon. Il était tard, il fallait bien se coucher. Je m’allongeai, à même le sol, en chien de fusil et je regardai une dernière fois autour de moi comme si cela était nécessaire dans cette obscurité. Peu à peu, je glissai dans les bras de Morphée, « ça ne sent vraiment pas bon par ici »... disais-je dans un soupir.
— J’ai une question à vous poser.
— Posez là...
— Pourquoi les femmes font-elles des bébés ?
— C’est vrai que j’y avais fait allusion. Certes j’ai de plusieurs raisons, bien entendu, toutes respectables, ce qui me gêne en premier lieu, et chez quelques hommes aussi, c’était l’entêtement à infantiliser son comportement. Ce besoin permanent, pour certaines personnes (et elles sont nombreuses à redevenir en quelque sorte « bébé », à sucer le sein de sa mère, et à jouer à « la maman »). Il y a même des femmes qui sont mères et qui jouent encore à la « maman » tout en pensant à l’enfant qu’elles étaient lorsqu’elles jouaient à « la maman », cela paraît d’une absurdité totale. Quand deviendra-t-on, une bonne fois pour toutes, des adultes responsables ? Quand, dans cette société (dite moderne), cesserons-nous chaque jour d’abêtir les gens, de les rendre plus idiots qu’ils ne sont en vérité ? par la pub, les « sermons » de niaiseries télévisuelles, les faux prédicateurs, par des politiciens véreux qui ne pensent plus à leur image personnelle et leur avenir politique qu’à celui de leurs concitoyens... quand cessera-t-on de jouer à l’enfant ?
("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy - Ed. "Pays d'herbes" - 2006)
04:50 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, récit, femme, intérieur du corps, exploration, découverte, onirique, poétique, réflexion, interrogation
31/07/2011
Poème du Jour...
reste ce que chacun
au moindre mal
transbahute de soi
un peu plus loin
tous les jours
un peu plus loin
au mieux on s'accompagne
en forçant le sourire
(Poème d'Antoine Emaz extrait de "Boue"" - Editions "Deyrolle" - 1997)
04:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, emaz, littérature, réflexion, recueil, boue
26/07/2011
D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (5)
Chapitre 1 - "Le saut de l'ange" (suite)...
Je n’avais fait qu’une toute petite partie du chemin ; le prochain défi était de rejoindre les régions alvéolées qui me conduisaient vers le coeur, cela était un vaste programme. De toute façon, je n’avais pas le choix, assis au bord de la route, une brindille à la bouche, je contemplai ce que j’avais vaincu. J’avais une faim de loup pour ne pas dire de lion, j’avais l’estomac dans les talons. En parlant de talons, mes chaussures ne chantaient que la chamade, surtout celle de droite qui « bâillait », aucune paire de rechanges dans ma besace. Cette besace qui me suivait tout le temps et dans toute circonstance avait connu une histoire peu banale. Sachez qu’elle avait gravi la plupart des montagnes de l’Himalaya, seule sans l’aide de personne « étonnant non » ; comme aurait dit le regretter Pierre Desproges. Ce qui paraissait encore de plus banal c’était qu’elle soit avec moi aujourd’hui, mais je sentais que pour elle ce « voyage » à l’intérieur du corps de la femme lui était fort agréable, pour ne pas dire unique dans sa vie de besace.
« Mais, ma besace, il faut repartir », je ramassai un bout de bois et repartis, pieds nus, en sifflotant, ma besace en bandoulière. Le paysage resplendissait par ici... j'avançai, l’air désabusé ? Tout en marchant, j’aperçus au loin quelque chose de difforme qui m’intrigua, en approchant, je distinguai nettement une chatte au pelage épais et bouclé comme rarement j’en avais vu avec un miaulement gentillet sur le point de m’attendrir, mais la route était longue... Je n’avais pas le temps de la caresser, car je devais traverser de nombreuses cavités et galeries artérielles. Je reviendrai voir ce petit animal, de cela j’en étais sûr, qui était en manque d’affection.
("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy - Editions "Pays d'Herbes" - 2006)
à suivre...
04:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : récit, franck roy, littérature, corps, femme, exploration, anatomie, voyage, découvrir, iniatique, réflexion
20/07/2011
Poème du Jour...
PORTE DU SECOND INFINI
A Antonin Artaud
L'encrier périscope me guette au tournant,
mon porte-plume rentre dans sa coquille.
La feuille de papier déploie ses grandes ailes blanches :
Avant peu ses deux serres m'arracheront les yeux.
Je n'y verrai que du feu mon corps
feu mon corps !
Vous eûtes l'occasion de le voir en grand appareil le jour de tous les ridicules.
Les femmes mirent leurs bijoux dans leur bouche comme Démosthème.
Mais je suis inventeur d'un téléphone de verre de Bohème et de tabac anglais
en relation directe avec la peur !
(Poème de Robert Desnos - "C'est les bottes de 7 lieues cette phrase " Je me vois" - 1926)
07:34 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, desnos, surréaliste, détente, réflexion, littérature, recueil, poète, écrivain
19/07/2011
Proses des ivresses... (10)
Je cherchais dans mes pensées corporelles le besoin de comprendre mon corps, d’une pensée conceptuelle je réduisais mon corps à ses simples expressions, un grand vide se creusait ainsi entre mon esprit et celui-ci. À cet instant, je comprenais que ce qui se formulait dans ma tête était un corps qui n’était pas le mien et qui en était le noeud extrême de sa complexité et de son néant intérieur avec la crainte de le voir s’enfuir. C’est alors que je me tournais vers mon coeur dans sa vitalité et son accroissement, car celui-ci donnait des signes extérieurs de richesses pures. Ses pulsations rythmaient mon être dans l’obtention de son pouvoir à atteindre la lumineuse conscience par la libération naturelle de la peur et de repousser les limites de l’échéance fatale. Une naissance concrète prenait place à travers mon esprit par la méditation profonde, de la réalité émergente d’une respiration saine d’un vrai souffle ordinaire et de bonne qualité. Mon corps et mes pensées eurent consciences de ce souffle, essence claire et vive, clarté absolue de la sagesse éveillée, respiration maintenant externe qui éleva mon corps au-dessus de lui-même. État intermédiaire de l’âme exaltée et vivante, obtenu par la seule grâce d’un grand besoin d’altitude qu’implorait la lumière intérieure que diffusait mon corps. Un recueillement méditatif s’ensuivit par voie naturelle et écoute des sens, je venais de comprendre que le cycle de l’existence se rattachait au déplacement de mon corps avec ses pensées dans le désir de celui-ci. Corps éveillé au sein de l’espace lumineux qui lui était réservé, agrégat des sensations dans sa perfection intrinsèque de son jeu corporel, de l’éclat créer par lui sous l’emprise de ses plaisirs. Nécessaire épanouissement programmé au sein de la confiance la plus humaine par la délivrance de la lumière, du renouveau de celle-ci, de sa force à engendrer des rayons intelligents vers la compassion et la vie à travers le corps et l’esprit.
(Texte inédit de Franck Roy à paraître dans "Chemins escarpés")
04:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pensées, livre, proses, littérature, esprit, corps, état, philosophie, réflexion