Allez les yeux invisibles vers le beau.

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20/04/2011

Proses des ivresses... (3)

 

 

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Mais voici que ta Mère, se dressant au milieu des Bacchantes, lança le signal rituel, la clameur du réveil, sitôt qu'elle entendit mugir nos boeufs cornus. Secouant le profond sommeil de leurs paupières, merveilles de pudeur, toutes, de se dresser, toutes, les jeunes et les vieilles, et les vierges ignorant du joug. D'abord, elles laissèrent le flot de leurs cheveux couler sur les épaules ; puis l'on en vit qui remontaient leurs peaux de faon dont les liens s'étaient relâchés, ceignant ces nébrides tachetées avec des serpents qui les léchaient à la joue ; et d'autres, dans leurs bras, prenaient de petits faons ou bien des louveteaux, à ces farouches nourrissons tendant leurs seins gonflés du lait de leur maternité nouvelle - jeunes mères ayant délaissé leur enfant. Toutes parent leur front de couronnes de lierre, ou de feuilles de chêne ou des des fleurs du smilax. Et l'une de son thyrse ayant frappé la roche, un flot frais d'eau limpide à l'instant en jaillit ; l'autre de son narthex ayant fouillé de la terre, le Dieu en fit sortir une source de vin. Celles qui ressentaient la soif du blanc breuvage, grattant du bout des doigts le sol, en recueillaient du lait en abondance. Du thyrse orné de lierre s'égouttait un doux miel... Ah ! que n'as-tu, présent, contemplé tout cela ! Le Dieu que tu blasphèmes, tu lui voudrais toi-même adresser des prières.

Nous, bouviers et pasteurs, assemblés en conseil, échangions nos avis et discutions ces choses, nous disant que c'étaient des prodiges étranges, dignes d'êtres admirés ! Et l'un de nous alors, qui fréquentait en ville, et qui savait parler, tint ce discours à tous : " O vous qui demeurez sur les plateaux sacrés de ces monts, voulez-vous que nous donnions la chasse à la reine Agavé, la mère de Penthée ? Il nous en saura gré si nous la ramenons ici du choeur bachique." Nous l'approuvâmes ; l'on se mit en embuscade dans la verte épaisseur des fourrés. Or, c'était le moment convenu : les voix, invoquaient Iakkhos, Bromios, fils de Zeus, et toute la montagne entrait comme en folie, avec ses fauves : tout s'ébranlait et courait.

Or voici qu'Agavé bondit à ma portée : moi aussi, la voulant saisir, d'un bond, je quitte les buissons où je m'étais mis en embuscade. Mais elle de hurler : "O mes chiennes agiles, on nous traque ! Voyez ces hommes ! Suivez-moi ! Suivez-moi donc, armez toutes vos mains du thyrse !".

Nous pûmes, nous du moins, par la fuite échapper aux Bacchantes, qui nous auraient écartelés. Mais, tombant sur nos boeufs qui broutaient la prairie, sans qu'aucun fer armât leurs mains, qu'avons-nous vu ? - l'une, de ses deux bras écartés, soulever une vache au pis gonflé, toute meuglante, d'autres rien qu'en tirant, dépecer des génisses... Partout, vous eussiez vu, projetés en tous sens, des côtes, des sabots fourchus qui, suspendus aux branches des sapins, laissaient goutter du sang. Des taureaux furieux et la corne en arrêt, l'instant d'après, gisaient, terrassés, mille mains de femmes s'abattant sur eux et lacérant toute la chair qui les couvrait - plus vite, ô Prince, que tu ne pourrais, sur ta royale pupille, abaisser ta paupière... Et, comme un vol d'oiseaux qui prend l'essor, elles s'élancent vers les plaines qui s'étendent le long du cours de l'Asopos et font, pour les Thébains, naître le blé fertile ; envahissant les bourgs d'Erythres et d'Hysies, au pied du Cithéron, comme une horde hostile, elles fondent sur eux, elles dévastent tout, emportent les enfants... Rien de ce qu'elles chargent sur leurs épaules, sans qu'un lien d'aucun genre serve à l'y attacher, ne choit sur le seul sol noir ; non, pas même l'airain, ni le fer. Le feu même, à leurs cheveux mêlé, ne les consume point. Les gens des bourgs, exaspérés de ce pillage, prennent les armes, et courent sus aux Bacchantes. O Prince ! on vit alors un prodige effrayant. Le fer des javelots ne faisait point saigner leur chair : elles pourtant, rien qu'en lançant leurs thyrses, couvraient leurs ennemis de sanglantes blessures. Ces femmes faisaient fuir les hommes devant elles, preuve qu'un Dieu les assistait ! Puis on les vit retourner au lieu même où commença leur course, aux sources que le Dieu avait créées pour elles ; elles lavaient leurs mains sanglantes, leurs serpents léchaient toute trace du sang dégouttant de leurs joues.

Ah ! Quel qu'il soit, ce Dieu, ô maître, accueille-le dans ta cité, car il est grand à tous égards et surtout, à ce qu'on me rapporte, aux mortels il fit don de la vigne, endormeuse de nos chagrins. Or, sans le vin, où serait donc l'amour, quel charme resterait aux mortels ici-bas ?

 

(Les Bacchantes - Euripide)

19/04/2011

Poème du Jour...

MA BOHEME

 

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;

Mon paletot aussi devenait idéal ;

J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;

Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

 

Mon unique culotte avait un large trou.images-1.jpeg

- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberges était à la Grande-Ourse.

- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

 

Et je les écoutais, assis au bord des routes,

Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes

De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

 

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,

Comme des lyres, je tirais les élastiques

De mes ombres blessés, un pied près de mon coeur !

 

(Poème d'Arthur Rimbaud (Fantaisie) in "Poésies")

13/04/2011

La lumière sur le sentier... (2)

 

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1) Tue l'ambition.

2) Tue le désir de vivre.

3) Tue le désir du bien-être.

4) Travaille comme travaillent ceux qui sont ambitieux. Respecte ta vie comme font ceux qui la désirent. Sois heureux comme le sont ceux qui vivent pour le bonheur.

Chercher en ton coeur la racine du mal et détruis-là. Elle vit, féconde, dans le coeur du disciple dévoué comme dans le coeur de l'homme de désir. Seul, le fort peut la détruire. Le faible doit attendre sa croissance, en son épanouissement, sa mort. Et c'est une plante qui vit et se développe à travers les âges. Elle fleurit lorsque l'homme a accumulé sur sa tête des existences innombrables. Celui qui veut entrer dans le Sentier du pouvoir doit arracher cette chose de son coeur. Le coeur alors saignera, et la vie de l'homme semblera entièrement dissoute. Cette épreuve doit être subie : elle peut se présenter dès le premier échelon de l'échelle périlleuse qui mène au Sentier de vie ; elle peut tarder jusqu'au dernier. Mais souviens-toi, ô disciple, qu'elle doit être subie, et concentre sur cette tâche toutes les énergies de ton âme. Ne vis ni dans le présent ni dans l'avenir, mais dans l'éternel. Cette ivraie géante ne peut y fleurir. Pour effacer cette souillure de l'existence, il suffit de la seule atmosphère de l'éternelle Pensée.

 

(Extrait de la Première Partie de "La lumière sur le Sentier" de Mabel Collins)

05/04/2011

La lumière sur le sentier... (1)

Ces règles ont été écrites

pour tous les disciples

 

suis-les...

 

Première partie :

 

Avant que les yeux puissent voir, ils doivent être devenus inaccessibles aux larmes.

Avant que l'oreille puisse entendre, elle doit avoir perdu sa sensitivité.

Avant que la voix puisse parler en la présence des Maîtres, elle doit être incapable de blesser.

Avant que l'âme puisse se tenir debout en la présence des Maîtres, ses pieds doivent être lavés dans le sang du coeur.

 

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Mabel COLLINS (1851 - 1927) romancière et écrivain mystique. Elle adhéra à la Société Théosophique en 1884 et lorsque Madame Biavatsky lança en 1887 son nouveau journal à Londres "Lucifer", elle en devint co-rédacteur en chef pendant quelques mois.

Ecrit en 1884, ce traité est présenté "à l'intention de ceux qui ne connaissent pas la Sagesse orientale et désirent en recevoir l'influence".

Les aphorismes qui forment la base de ce traité, sont rédigés sous forme de paradoxes très inspirants.

Sa production littéraire est très importante, mais du point de vue mystique "La lumière sur le Sentier" reste son oeuvre majeure.

 

à suivre...

04/04/2011

Proses des ivresses... (2)

 

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Quelques minutes après la crise de cocaïne, on fait preuve d'une soudaine hilarité et d'une impression de légèreté. On sent un certain engourdissement sur les lèvres et le palais, suivi d'une impression de chaleur dans les mêmes régions ; et l'on boit de l'eau froide, elle paraîtra chaude aux lèvres et froide à la gorge. A d'autres moments, l'impression dominante est une fraîcheur assez agréable dans la bouche et la gorge.

Lors de ce premier essai, je subis une courte période d'effets toxiques, qui ne se reproduisirent pas au cours des essais suivants. Ma respiration devint plus lente et plus profonde et je me sentis quelque peu languissant. Après quelques minutes, la véritable euphorie de la cocaïne commença, introduite par une série d'éructations apaisantes. Tout de suite après la prise de cocaïne, je notai un léger ralentissement de mon pouls et plus tard une relative accélération. j'ai observé les mêmes signes physiques de l'effet de la cocaïne chez les autres surtout chez les personnes de mon âge. Le symptôme le plus fréquent se révéla être la répétition d'éructations apaisantes. celle-ci sont fréquemment accompagnées d'un grondement provenant probablement du haut de l'intestin ; deux personnes que j'ai observées, qui me disaient être capable de reconnaître les mouvements de leur estomac, déclaraient avoir détecté à plusieurs reprises de tels mouvements. souvent, à la fin de l'effet produit par la cocaïne, les sujets prétendent avoir éprouvé une impression de chaleur intense dans la tête. Je remarquais cette impression chez moi-même aussi bien qu'au cours d'expériences ultérieures, bien que d'autres fois elle fut absente. La cocaïne donna lieu à des vertiges que dans deux cas.

Les effets toxiques de la coca sont finalement de faible durée et d'une bien moindre intensité que ceux produits par des doses efficaces de quinine ou de salicylate de soude ; ils semblent devenir même plus faibles après usage répété de la cocaïne.

("La Cocaïne" de Sigmund FREUD)

 

 

Note de Franck : Selon l'humeur du moment, il y aura dans cette nouvelle rubrique "Proses des ivresses" des récits insolites, surréalistes et parfois déroutants écrits par des auteurs connus ou inconnus (en l'occurrence votre serviteur et ceux qui voudront m'envoyer leur texte à l'adresse suivante : kraly.57@orange.fr) ces textes avant d'être mis en ligne seront jugés à la seule appréciation du propriétaire du blog. Tous les sujets seront abordés, sans pour cela qu'ils  tombent dans le scabreux. Vous pouvez, d'ores et déjà, m'envoyer vos textes.

 


 

PS : Un seul repère pour lire ces textes le logo (qui sera identique à chaque fois).

01/04/2011

écrivains en herbe...

Je vous livre ici "les conseils pour un jeune écrivain en herbe" vu sur un le blog d'un ami, mais une envie irrésistible me donne la joie de le faire partager au le plus grand nombre...

à voir ici...

29/03/2011

Proses des ivresses... (1)

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"Etes-vous un homme positif et l'or est-il votre dieu, goûtez à ceci, et les mines du Pérou, de Guzarate et de Golconde vous seront ouvertes. Etes-vous un homme d'imagination, êtes-vous poète, goûtez encore ceci, et les barrières du possible disparaîtront : les champs de l'infini vont s'ouvrir, vous vous promènerez libre de coeur, libre d'esprit dans le domaine sans borne de la rêverie."

(extrait de "Le Comte de Monte-Cristo" - Alexandre Dumas)

 

Note de Franck : Selon l'humeur du moment, il y aura dans cette nouvelle rubrique "Proses des ivresses" des récits insolites, surréalistes et parfois déroutants écrits par des auteurs connus ou inconnus (en l'occurrence votre serviteur et ceux qui voudront m'envoyer leur texte à l'adresse suivante : kraly.57@orange.fr) ces textes avant d'être mis en ligne seront jugés à la seule appréciation du propriétaire du blog. Tous les sujets seront abordés, sans pour cela qu'ils  tombent dans le scabreux. Vous pouvez, d'ores et déjà, m'envoyer vos textes.

Pour commencer un court extrait d'Alexandre Dumas.

 

PS : Un seul repère pour lire ces textes le logo (qui sera identique à chaque fois).