16/08/2010
une brève histoire de l'avenir...(11)
Tout cela n'ira naturellement pas sans de terribles secousses : bien avant la disparition de l'Empire américain, bien avant que le climat ne devienne quasi insupportable, des populations se disputeront des territoires, d'innombrables guerres auront lieu ; nations, pirates, mercenaires, mafias, mouvements religieux se doteront d'armes nouvelles, instruments de surveillance, de dissuasion et de frappe utilisant les ressorts de l'électronique, de la génétique, des nanotechnologies. De plus, l'avènement de l'hyperempire conduira chacun à devenir le rival de tous. On se battra pour le pétrole, pour l'eau, pour conserver un territoire, pour le quitter, pour imposer une foi, pour en combattre une autre, pour détruire l'Occident, pour faire régner ses valeurs. Des dictatures militaires, confondant armées et polices, pendront le pouvoir. Une guerre plus meurtrière que les autres, un hyperconflit cristallisant tous les autres, éclatera peut-être, anéantissant l'humanité.
Vers 2060, au plus tôt - à moins que l'humanité ne disparaisse sous un déluge de bombes - , ni l'Empire américain, ni l'hyperempire, ni l'hyperconflit ne seront tolérables. De nouvelles forces, altruistes et universalistes, déjà à l'oeuvre aujourd'hui, prendront le pouvoir mondialement, sous l'empire d'une nécessité écologique, éthique, économique, culturelle et politique. Elles conduiront progressivement à un nouvel équilibre, cette fois planétaire, entre le marché et la démocratie : l'hyperdémocratie. Des institutions, mondiales et continentales, organiseront alors, grâce à de nouvelles technologies, la vie collective ; elles fixeront des limites à l'artefact marchand, à la modification de la vie et à la mise en valeur de la nature ; elles favoriseront la gratuité, la responsabilité, l'accès au savoir. Elles rendront possible la naissance d'une intelligence universelle, mettant en commun les capacités créatrices de tous les êtres humains, pour les dépasser. Une nouvelle économie dite relationnelle, produisant des services sans chercher à en tirer profit, se développera en concurrence avec le marché avant d'y mettre fin, tout comme le marché mit un terme, il y a quelque siècles, au féodalisme.
En ces temps-là, moins éloignés qu'on ne le croit, le marché et la démocratie, au sens où nous les entendons aujourd'hui, seront devenus des concepts dépassés, des souvenirs vagues, aussi difficiles à comprendre que le sont aujourd'hui le cannibalisme ou les sacrifices humains.
(Extrait de "Une brève histoire de l'avenir" de Jacques Attali/Fayard)
à suivre...
03:43 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : monde, humanité, avenir, livre, attali, anticipation
02/07/2010
Une brève histoire de l'avenir...(8)
Progressivement toujours, la compétition a conduit à concentrer les pouvoirs sur les marchés et la démocratie - supposés être également accessibles à tous - en de nouvelles élites mouvantes, maîtres du capital et du savoir, creusant de nouvelles inégalités.
Si cette histoire multimillénaire se poursuit encore pendant un demi-siècle, le marché et la démocratie s'étendront partout où ils sont encore absents ; la croissance s'accélera, le niveau de vie s'élèvera ; la dictature disparaîtra des pays où elle règne encore. Mais la précarité et la déloyauté deviendront les règles ; l'eau et l'énergie se feront plus rares, le climat sera mis en péril ; les inégalités et les fustrations s'aggraveront ; des conflits se multipliront ; de grands mouvements de population s'amorceront.
Vers 2035, à la fin d'une très longue bataille, et au milieu d'une grave crise écologique, les Etats-Unis, empire encore dominant, seront vaincus par cette mondialisation des marchés, en particulier financiers, et par la puissance des entreprises, en particulier celles des compagnies d'assurances. Epuisés financièrement et politiquement, comme les autres empires avant eux, les Etats-Unis cesseront alors de gérer le monde. Ils resteront la puissance majeure de la planète ; ils ne seront pas remplacés par un autre empire ni par une autre nation dominante. Le mondes deviendra, provisoirement, polytcentrique, géré par une petite dizaine de puissances régionales.
(Extrait de "Une brève histoire de l'avenir" - Jacques Atalli/fayard)
à suivre...
05:55 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : atalli, la mondialisation, notre avenir, les conséquences, les etats-unis, livre
30/06/2010
Poème du jour...
MA BOHEME
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel. Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à La Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bords des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
(Poème de Arthur Rimbaud in "Poésies"/Gallimard).
04:38 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, rimbaud, ma bohème, gallimard
22/06/2010
Une brève histoire de l'avenir...(7)
Progressivement, et malgré des réactions de plus en plus violentes, le marché a transformé, sur des territoires de plus en plus vastes, l'essentiel des services (l'alimentation, les vêtements, le loisir, le logement, le transport, la communication), rendus d'abord gratuitement - de bon gré ou sous la contrainte-, en services marchands ; puis il les a transformés en objets industriels produits en série, en véritables outils de l'autonomie individuelle.
Progressivement aussi, la liberté marchande a contribué à faire naître la liberté politique, d'abord pour une minorité, puis pour beaucoup, au moins formellement, sur des territoires de plus en plus vastes, remplaçant presque partout le pouvoir religieux et militaire. Au total, la dictature a laissé naître le marché, qui a engendré la démocratie. Ainsi se sont installées, à partir du XIIe siècle, les premières démocraties de marché.
Progressivement encore, leur espace géographique s'est étendu ; le coeur du pouvoir sur l'ensemble de ces démocraties de marché s'est peu à peu déplacé vers l'ouest : il est passé du XIIe siècle du Proche-Orient à la Méditerranée, puis à la mer du Nord, à l'océan Atlantique, et enfin, aujourd'hui, au Pacifique, Neuf "Coeurs" se sont alors succédé : Bruges, Venise, Anvers, Gènes, Amsterdam, Londres, Boston, New-York, et aujourd'hui Los Angeles. L'ensemble du monde, mis à part la Chine et le Moyen-Orient, est désormais partie prenante de cet Ordre marchand.
(Extrait de "Une brève histoire de l'avenir" de Jacques Atalli/Fayard)
à suivre...
05:28 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : atalli, l'avenir, société, humanité
17/06/2010
Poème du jour...
La cassure de terrain est une gorge
Ce mot creuse sans y mener. Ici l'on
s'entrecroise à vallon.
Ailleurs en continent. Repère amer.
Torse jusqu'au loin mâle engage à
l'échancrure femme.
Descend d'amont sans parenté la mer
aval.
(Poème de Jean-Damien Chéné - "Paysages, Lieux : Chez" / Le Dé Bleu (1998).
05:52 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, jean-damien chéné, le dé bleu, recueil
09/06/2010
Une brève histoire de l'avenir...(6)
Bien d'autres bouleversements auront lieu, qu'il est aussi possible de prévoir avec une certaine précision : à l'observer sur la très longue durée, l'Histoire s'écoule en effet dans une direction unique, entêtée, très particulière, qu'aucun soubresaut, même prolongé, n'a jusqu'à présent réussi à détourner durablement : de siècle en siècle, l'humanité impose la primauté de la liberté individuelle sur toute autre valeur. Elle le fait par le rejet progressif de la résignation à toute forme de servitude, par des progrès techniques permettant de réduire tout effort, par la libération des moeurs, des systèmes politiques, de l'art et des idéologies. Autrement dit, l'histoire humaine est celle de l'émergence de la personne comme sujet de droit autorisée à penser et à maîtriser son destin, libre de toute contrainte, si ce n'est le respect du droit de l'autre aux mêmes libertés. Cette évolution à remettre en cause en permanence les pouvoirs en place et à faire naître de nouvelles puissances. En particulier, pour faire émerger cette primauté de l'individu sur la société, les peuples ont élaboré progressivement divers systèmes de répartition des biens rares. Pendant très longtemps, ils ont laissé la charge au seul bon plaisir des chefs de guerre, de prêtres et de princes à la tête de royaumes et d'empires ; puis, une nouvelle classe dirigeante, plus vaste et plus mobile, celle des marchands, a imaginé deux nouveaux mécanismes - révolutionnaires - de partage de richesses : le marché et la démocratie. Apparus il y a près de trente siècles, ils sont progressivement imposés ; ils façonnent désormais une part croissante de la réalité du monde et conditionnent l'avenir.
(Extrait de "Une brève histoire de l'avenir" - Jacques Attali/Fayard)
à suivre...
07:28 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humanité, avenir, attali, livre, histoire
02/06/2010
La petite note de Franck ... (19)
Avant-Propos (cliquez...)
Lire l'Avant-propos de mon futur livre dont le titre provisoire est : NOTRE VIE EN CONSCIENCE... un livre qui se veut être une exploration dans l'univers de l'humain. Je pense que ces textes sauront être une prise de conscience et une introspective sur nous-mêmes. A LIRE dans un an ou deux si tout va bien !
(Rendez-vous pour une nouvelle petite... de Franck)
08:36 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, avant-propos, franck roy, conscience