05/07/2011
Poème du Jour...
POETES
La tristesse des illettrés dans les ténèbres des bouteilles
L'inquiétude imperceptible des charrons
Les pièces de monnaie dans la vase profonde
Dans les nacelles de l'enclume
Vit le poète solitaire
Grande brouette des marécages.
(Poème de René Char)
07:30 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, char, surréaliste, poète, réflexion
18/06/2011
Poème du Jour...
Je traverse
cette rue qui n'a pas de nom
dans une ville
loin de ma mémoire
je lève les yeux
espérant te voir
à une fenêtre
je marche
pour te trouver
je sais
qu'il n'existe
nulle adresse
à notre amour.
(Poème de Franck Roy in "Textos" aux Editions "Echo Optique" - 2002)
04:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, roy, poème, amour, tristesse, recueil, littérature, écho optique
15/06/2011
Poème du Jour...
La Fiancée aux mains parfaites
Tout est brisé
avec les migrations
venues des climats sans totem
Je me redécouvre
plus libre
plus abandonné
que si rien d'illusoire n'était advenu
depuis les premiers cimetières de sable blanc
depuis les bouquets mauves des nuits calcinées
depuis l'âge d'or d'une première grève de la faim
O que la fille aux jupons de lumière
que la gamine aux lèvres neuves
que la très pure aventurière
que la femme lavée des neiges
se couche dans la vie
du plus timide
de plus pauvre
du plus maladroit
du plus déshérité
et l'assassine si cela lui chante.
(Poème de Achille Chavée) - Surréaliste.
04:29 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, chavée, surréalisme, recueil, littérature
26/05/2011
Poème du Jour...
Dans la barque, au ras des eaux, qui s'assoupit,
La voile large tendue parmi l'espace et blanche,
Tandis que le jour décroît, que le soir penche,
Le bon rocher vogue sur le fleuve infini.
A pleine voile, aussi, le soir, l'idée luit,
Au-dessus de la vie et du tourbillon de l'avalanche,
Blanche en un encadrement de sombres branches,
Là-bas à l'horizon vague de l'esprit
Maître,
Sur la rive d'où je vois votre voile apparaître
Et dans mon âme que réconforte la clarté.
Je regarde et j'adore
Le rayonnement argenté
Qui dans le crépuscule semble une aurore.
(Poème de Edouard Dujardin -1861-1949)
Fils unique du capitaine de marine marchande Théophile Dujardin, il fit ses études au lycée Corneille à Rouen, puis au lycée Louis-le-Grand à Paris. En 1886, il devint rédacteur de la Revue Indépendante où il publia son premier roman, Les Lauriers sont coupés.
Après la mort de ses parents, il hérita de leur fortune qu'il dépensa en partie pour financer la mise en scène de ses pièces de théâtre, Le Chevalier du passé en 1882 et Antonia en 1891.
Dujardin avait des goûts de luxe en matière vestimentaire et comptait au nombre des dandys et des noctambules parisiens de l'époque. Ses nombreuses liaisons étaient notoires, notamment avec des actrices, des mannequins et autres femmes séduisantes. Il avait plusieurs amies qui faisaient carrière dans les arts et il les a parfois aidées financièrement. Ayant dilapidé sa fortune dans ce train de vie frivole, il dut se lancer dans les entreprises lucratives tels que le jeu et l'immobilier. Il mit aussi ses talents littéraires au service des journaux en rédigeant des annonces publicitaires. C'est dans un de ces journaux que la police trouva un article compilé par Dujardin pour lequel il fut condamné à une peine de prison qui fut commuée plus tard.
En 1885, Dujardin et Téodor de Wyzewa1 fondent la Revue Wagnérienne, après la Revue Indépendante de Félix Fénéon créée l'année précédente. L'une des innovations du journal consistait à organiser des expositions dans ses locaux.
En 1893, Dujardin épousa la belle Germaine dont il se sépara en 1901. Le couple ne divorça qu'en 1924, date à laquelle Dujardin épousa en secondes noces Marie Chenou, de trente ans plus jeune que lui. Il eut deux enfants, vécut une vieillesse paisible et mourut à l'âge de 87 ans.
Ses œuvres sont variées et incluent un grand nombre des pièces de théâtre, des poèmes et des romans. Dujardin a aussi laissé des essais de critique littéraire et sociale et des souvenirs. James Joyce reconnaissait l'influence des œuvres de Dujardin sur ses propres recherches littéraires, notamment le monologue intérieur. LeHarry Ransom Humanities Research Center parle de Dujardin comme d'« une voix importante pour les symbolistes2 ».
Ses écrits sur la religion soutiennent l'inexistence de Jésus 3,4.
04:58 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature, dujardin, poète, écrivain, recueil
22/04/2011
Proses des ivresses... (4)
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. Ces indigènes avaient le sang chaud et de leurs beaux yeux, ils déchiffraient l’univers. On pouvait voir des atomes attirés comme des amants l’un vers l’autre ; des anges sans sexe naviguer vers des imprégnations karmiques ; des blés blonds (comme sur la terre) à végéter dans la sagesse innée des aspirations des Dieux. De là, les tambourins de la troisième lune épousaient de leur présence un corps céleste échappé des trous noirs. Les cerveaux, ici, étaient tous connectés aux cycles des existences, naturellement et sans contraintes, libérés par le naturel encéphale d’un clair-obscur. Rien ne présageait que l’espace entier ne pouvait combler la main généreuse du maître, seul l’intérieur d’une molécule voyait la présence intrinsèque d’un divin buveur de sang pur. Le plein éveil d’un soleil au zénith n’offrait qu’un mince filet lumineux, et de manière générale il envoyait ce mince filet, sans état d’âme, à l’obscurcissement d’une voix éraillée par le chant des planètes. D’où, dans ce lieu, la grande importance d’apporter son petit-déjeuner pour voir tout ça, une simple vue était libératrice de tous les états intermédiaires de ces réalités de clarification. Les excitations de la masse corporelle n’avaient là, pas d'usage, si ce n’est de précéder la mort et de la rendre singulière. La vie future ayant vu ce passage étroit que laissait la mort déposa sa source scripturaire faisant autorité avec la loi qui régissait les fonctions organiques du système de l’univers. Dans l’immédiateté, je m'offris une chaise pour reposer ma tête toute sonore de vos derniers baisers. Décrire métaphoriquement ce que ressentait le défunt après le trépas fut bénéfique à ma conscience, légère comme l’air ambiant qui parfumait ce paradis répandu. L’essentiel nécessitait de pouvoir décrire l’atmosphère que dégageait cet endroit mystique qui engendrait une telle dévotion d’attachement mutuel, et je me considérais, être, comme la seule personne à appartenir aux forces du désir de concupiscence et d’affection, ce qui me donna l’envie de déposer mon âme au pied de la matrice qui avait fait ce monde comme une goutte essentielle d’une transmission de pensée de ma propre mère. Je n'avais toujours pas compris pourquoi des Peaux-Rouges criards les avaient cloués nus aux poteaux de couleurs, alors que ceux-ci savaient voir les choses.
(Chemins escarpés - Franck Roy)
04:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, expérience, roy, ivresses, prose, réflexion, poésie
19/04/2011
Poème du Jour...
MA BOHEME
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberges était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes ombres blessés, un pied près de mon coeur !
(Poème d'Arthur Rimbaud (Fantaisie) in "Poésies")
06:59 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, rimbaud, fantaisie, ma bohème, plaisir, recueil, littérature, poète
04/03/2011
Poème du Jour...
SUR LA COLLINE...
Sur la colline qui n'était inspirée que par les lèvres peintes
les yeux blancs s'ouvrent à la lumière de la fête
et la respiration va mourir de sa belle mort
On dirait qu'une main
se pose sur l'autre versant de la colline
et que les hommes crient
C'était du ciel de Dieu que tombaient les paroles absurdes
Maintenant partons pour la maison des algues
où nous verrons les éléments couverts par leur ombre
s'avancer comme des criminels
pour détruire le passager de demain
ô mon amie ma chère peur.
(Poème de Benjamin Péret - extrait de "Immortelle Maladie" - 1924)
06:14 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, surréaliste, péret, sur la colline, livre, littérature