Allez les yeux invisibles vers le beau.

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09/05/2011

La lumière sur le sentier... (4)

5. Tue tout sentiment de séparativité.

6. Tue le désir de la sensation.

7. Tue la faim de la croissance.

 

8. Néanmoins reste seul et isolé parce que rien de ce qui a corps, rien de ce qui a conscience de la séparation, rien de ce qui est hors de l'éternel ne peut venir à ton aide. Laisse-toi instruire par la sensation et observe-la, parce qu'ainsi seulement tu peux débuter dans la science de la Soi-connaissance et poser ton pied sur le premier échelon de l'échelle. Croîs comme croît la fleur, inconsciente, mais ardemment désireuse d'ouvrir son âme à l'atmosphère. C'est ainsi que tu dois hâter l'éclosion de ton âme à l'éternel. Mais il faut que ce soit l'éternel qui sollicite l'épanouissement de ta force et de ta beauté et non le désir de croître, car, dans le premier cas, tu te développes dans toute la splendeur de ta pureté ; dans l'autre, tu ne fais que t'endurcir par l'inévitable passion de ta stature personnelle.

(Extrait de ""La lumière sur le Sentier" de Mabel Collins - Editions "Adyar")

02/05/2011

Proses des ivresses... (5)

J'étais assis au bord de l'océan un soir d'été, regardant les vagues déferler et sentant le rythme de ma respiration, lorsque je pris soudain conscience de tout mon environnement comme étant engagé dans une gigantesque danse cosmique. Etant physicien, je savais que le sable, les roches, l'eau et l'air autour de moi étaient composés de molécules vibrantes et d'atomes, consistant en particules qui en créent et en détruisent d'autres par interaction. Je savais aussi que l'atmosphère de la terre était continuellement bombardée par des pluies de rayons cosmiques, particules de haute énergie subissant de multiples collisions lorsqu'elles pénètrent dans l'air. Tout cela m'était familier de par ma recherche en physique des hautes énergies, mais jusque-là je l'avais seulement expérimenté à travers des graphes, des diagrammes et des théories mathématiques. Tandis que je me tenais sur la plage, mes expériences théoriques passées devinrent vivantes. Je vis des cascades d'énergie descendre de l'espace au sein desquelles les particules étaient créées et détruites selon des pulsations rythmiques. Je vis les atomes des éléments et ceux de mon corps participer à cette danse cosmique de l'énergie. J'en sentais les rythmes et j'en entendais les sons, et à ce moment précis je sus que c'était la danse de Shiva, le seigneur de la danse adoré par les hindous.

J'étais passé par un long entraînement aux théories physiques après plusieurs années de recherche. En même temps, je m'étais beaucoup intéressé aux mystiques orientales et j'avais commencé à repérer des parallèles avec la physique moderne. J'étais particulièrement attiré par les aspects embarrassants du Zen qui me rappelaient les problèmes de la théorie des quanta. Tout d'abord, cependant, établir une relation entre les deux était un pur exercice intellectuel. Franchir l'abîme qui sépare la pensée relationnelle et analytique de l'expérience méditative de la vérité mystique restait très difficile pour moi.

Au début, je fus aidé dans ma vie par le "pouvoir des plantes" qui me montra comment l'esprit peut voler librement, comment les "aperçus spirituels" viennent d'eux-mêmes, sans aucun effort, émergeant du fond de la conscience. Venant comme elle vint, après les années de pensée analytique approfondie, elle me submergea au point que je fondis en larmes et qu'en même temps, un peu comme Castaneda, j'éprouvai le besoin de noter mes impressions sur une feuille de papier.

 

(Extrait de "Le Tao de la physique" - Fritjof Capra)

28/04/2011

La lumière sur le sentier... (3)

L'ambition est le premier de nos maux : le grand tentateur de l'homme qui s'élève au-dessus de ses semblables. Dans sa forme la plus simple, c'est la recherche d'une récompense. Constamment, elle détourne de leurs capacités supérieures des hommes d'intelligence et de valeur, et cependant elle est un instructeur nécessaire. Ses résultats se transforment, dans la bouche, en poussière et en cendre. Ainsi que la mort et l'isolement, elle montre finalement à l'homme que travailler pour soi, c'est aller au-devant d'un désappointement.

Mais bien que cette première règle semble si simple et si facile, ne passe pas trop vite à la suivante. Car les vices de l'homme ordinaire subissent une transformation subtile et réapparaissent sous une autre forme dans le coeur du disciple. Il est aisé de dire : " Je ne veux pas être ambitieux". Il n'est pas aussi facile de dire : " Quand le Maître lira dans mon coeur, il le trouvera parfaitement pur". L'artiste sincère, qui travaille pour l'amour de son art, est quelquefois plus franchement engagé dans le droit chemin que l'occultiste qui s'imagine n'avoir plus d'attachement pour soi, mais qui, en réalité, n'a fait que reculer les limites de l'expérience et du désir, et reporter son intérêt sur les objets que lui offre l'horizon élargi de sa vie.

Le même principe s'applique aux deux autres règles, d'apparence également simples ; médite-les longuement et ne te laisse pas tromper par ton coeur. Car maintenant, au seuil, une erreur peut réparer, mais si tu la gardes par devers toi, elle croîtra et porteras ses fruits, à moins que tu ne la détruises au prix d'une souffrance cruelle.

 

("La Lumière sur le Sentier" de Mabel Collins - Note 1 - Editions Adyar)

22/04/2011

Proses des ivresses... (4)

 

 

 

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  Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. Ces indigènes avaient le sang chaud et de leurs beaux yeux, ils déchiffraient l’univers. On pouvait voir des atomes attirés comme des amants l’un vers l’autre ;  des anges sans sexe naviguer vers des imprégnations karmiques ; des blés blonds (comme sur la terre) à  végéter dans la sagesse innée des aspirations des Dieux. De là, les tambourins de la troisième lune épousaient de leur présence un corps céleste échappé des trous noirs. Les cerveaux, ici, étaient tous connectés aux cycles des existences, naturellement et sans contraintes, libérés par le naturel encéphale d’un clair-obscur. Rien ne présageait que l’espace entier ne pouvait combler la main généreuse du maître, seul l’intérieur d’une molécule voyait la présence intrinsèque d’un divin buveur de sang pur. Le plein éveil d’un soleil au zénith n’offrait qu’un mince filet lumineux, et de manière générale il envoyait ce mince filet, sans état d’âme, à l’obscurcissement d’une voix éraillée par le chant des planètes. D’où, dans ce lieu, la grande importance d’apporter son petit-déjeuner pour voir tout ça, une simple vue était libératrice de tous les états intermédiaires de ces réalités de clarification. Les excitations de la masse corporelle n’avaient là, pas d'usage, si ce n’est de précéder la mort et de la rendre singulière. La vie future ayant vu ce passage étroit que laissait la mort déposa sa source scripturaire faisant autorité avec la loi qui régissait les fonctions organiques du système de l’univers. Dans l’immédiateté, je m'offris une chaise pour reposer ma tête toute sonore de vos derniers baisers. Décrire métaphoriquement ce que ressentait le défunt après le trépas fut bénéfique à ma conscience, légère comme l’air ambiant qui parfumait ce paradis répandu. L’essentiel nécessitait de pouvoir décrire l’atmosphère que dégageait cet endroit mystique qui engendrait une telle dévotion d’attachement mutuel, et je me considérais, être, comme la seule personne à appartenir aux forces du désir de concupiscence et d’affection, ce qui me donna l’envie de déposer mon âme au pied de la matrice qui avait fait ce monde comme une goutte essentielle d’une transmission de pensée de ma propre mère. Je n'avais toujours pas compris pourquoi des Peaux-Rouges criards les avaient cloués nus aux poteaux de couleurs, alors que ceux-ci savaient voir les choses.

 

 

(Chemins escarpés - Franck Roy)

20/04/2011

Proses des ivresses... (3)

 

 

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Mais voici que ta Mère, se dressant au milieu des Bacchantes, lança le signal rituel, la clameur du réveil, sitôt qu'elle entendit mugir nos boeufs cornus. Secouant le profond sommeil de leurs paupières, merveilles de pudeur, toutes, de se dresser, toutes, les jeunes et les vieilles, et les vierges ignorant du joug. D'abord, elles laissèrent le flot de leurs cheveux couler sur les épaules ; puis l'on en vit qui remontaient leurs peaux de faon dont les liens s'étaient relâchés, ceignant ces nébrides tachetées avec des serpents qui les léchaient à la joue ; et d'autres, dans leurs bras, prenaient de petits faons ou bien des louveteaux, à ces farouches nourrissons tendant leurs seins gonflés du lait de leur maternité nouvelle - jeunes mères ayant délaissé leur enfant. Toutes parent leur front de couronnes de lierre, ou de feuilles de chêne ou des des fleurs du smilax. Et l'une de son thyrse ayant frappé la roche, un flot frais d'eau limpide à l'instant en jaillit ; l'autre de son narthex ayant fouillé de la terre, le Dieu en fit sortir une source de vin. Celles qui ressentaient la soif du blanc breuvage, grattant du bout des doigts le sol, en recueillaient du lait en abondance. Du thyrse orné de lierre s'égouttait un doux miel... Ah ! que n'as-tu, présent, contemplé tout cela ! Le Dieu que tu blasphèmes, tu lui voudrais toi-même adresser des prières.

Nous, bouviers et pasteurs, assemblés en conseil, échangions nos avis et discutions ces choses, nous disant que c'étaient des prodiges étranges, dignes d'êtres admirés ! Et l'un de nous alors, qui fréquentait en ville, et qui savait parler, tint ce discours à tous : " O vous qui demeurez sur les plateaux sacrés de ces monts, voulez-vous que nous donnions la chasse à la reine Agavé, la mère de Penthée ? Il nous en saura gré si nous la ramenons ici du choeur bachique." Nous l'approuvâmes ; l'on se mit en embuscade dans la verte épaisseur des fourrés. Or, c'était le moment convenu : les voix, invoquaient Iakkhos, Bromios, fils de Zeus, et toute la montagne entrait comme en folie, avec ses fauves : tout s'ébranlait et courait.

Or voici qu'Agavé bondit à ma portée : moi aussi, la voulant saisir, d'un bond, je quitte les buissons où je m'étais mis en embuscade. Mais elle de hurler : "O mes chiennes agiles, on nous traque ! Voyez ces hommes ! Suivez-moi ! Suivez-moi donc, armez toutes vos mains du thyrse !".

Nous pûmes, nous du moins, par la fuite échapper aux Bacchantes, qui nous auraient écartelés. Mais, tombant sur nos boeufs qui broutaient la prairie, sans qu'aucun fer armât leurs mains, qu'avons-nous vu ? - l'une, de ses deux bras écartés, soulever une vache au pis gonflé, toute meuglante, d'autres rien qu'en tirant, dépecer des génisses... Partout, vous eussiez vu, projetés en tous sens, des côtes, des sabots fourchus qui, suspendus aux branches des sapins, laissaient goutter du sang. Des taureaux furieux et la corne en arrêt, l'instant d'après, gisaient, terrassés, mille mains de femmes s'abattant sur eux et lacérant toute la chair qui les couvrait - plus vite, ô Prince, que tu ne pourrais, sur ta royale pupille, abaisser ta paupière... Et, comme un vol d'oiseaux qui prend l'essor, elles s'élancent vers les plaines qui s'étendent le long du cours de l'Asopos et font, pour les Thébains, naître le blé fertile ; envahissant les bourgs d'Erythres et d'Hysies, au pied du Cithéron, comme une horde hostile, elles fondent sur eux, elles dévastent tout, emportent les enfants... Rien de ce qu'elles chargent sur leurs épaules, sans qu'un lien d'aucun genre serve à l'y attacher, ne choit sur le seul sol noir ; non, pas même l'airain, ni le fer. Le feu même, à leurs cheveux mêlé, ne les consume point. Les gens des bourgs, exaspérés de ce pillage, prennent les armes, et courent sus aux Bacchantes. O Prince ! on vit alors un prodige effrayant. Le fer des javelots ne faisait point saigner leur chair : elles pourtant, rien qu'en lançant leurs thyrses, couvraient leurs ennemis de sanglantes blessures. Ces femmes faisaient fuir les hommes devant elles, preuve qu'un Dieu les assistait ! Puis on les vit retourner au lieu même où commença leur course, aux sources que le Dieu avait créées pour elles ; elles lavaient leurs mains sanglantes, leurs serpents léchaient toute trace du sang dégouttant de leurs joues.

Ah ! Quel qu'il soit, ce Dieu, ô maître, accueille-le dans ta cité, car il est grand à tous égards et surtout, à ce qu'on me rapporte, aux mortels il fit don de la vigne, endormeuse de nos chagrins. Or, sans le vin, où serait donc l'amour, quel charme resterait aux mortels ici-bas ?

 

(Les Bacchantes - Euripide)

19/04/2011

Poème du Jour...

MA BOHEME

 

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;

Mon paletot aussi devenait idéal ;

J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;

Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

 

Mon unique culotte avait un large trou.images-1.jpeg

- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberges était à la Grande-Ourse.

- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

 

Et je les écoutais, assis au bord des routes,

Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes

De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

 

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,

Comme des lyres, je tirais les élastiques

De mes ombres blessés, un pied près de mon coeur !

 

(Poème d'Arthur Rimbaud (Fantaisie) in "Poésies")

13/04/2011

La lumière sur le sentier... (2)

 

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1) Tue l'ambition.

2) Tue le désir de vivre.

3) Tue le désir du bien-être.

4) Travaille comme travaillent ceux qui sont ambitieux. Respecte ta vie comme font ceux qui la désirent. Sois heureux comme le sont ceux qui vivent pour le bonheur.

Chercher en ton coeur la racine du mal et détruis-là. Elle vit, féconde, dans le coeur du disciple dévoué comme dans le coeur de l'homme de désir. Seul, le fort peut la détruire. Le faible doit attendre sa croissance, en son épanouissement, sa mort. Et c'est une plante qui vit et se développe à travers les âges. Elle fleurit lorsque l'homme a accumulé sur sa tête des existences innombrables. Celui qui veut entrer dans le Sentier du pouvoir doit arracher cette chose de son coeur. Le coeur alors saignera, et la vie de l'homme semblera entièrement dissoute. Cette épreuve doit être subie : elle peut se présenter dès le premier échelon de l'échelle périlleuse qui mène au Sentier de vie ; elle peut tarder jusqu'au dernier. Mais souviens-toi, ô disciple, qu'elle doit être subie, et concentre sur cette tâche toutes les énergies de ton âme. Ne vis ni dans le présent ni dans l'avenir, mais dans l'éternel. Cette ivraie géante ne peut y fleurir. Pour effacer cette souillure de l'existence, il suffit de la seule atmosphère de l'éternelle Pensée.

 

(Extrait de la Première Partie de "La lumière sur le Sentier" de Mabel Collins)