Allez les yeux invisibles vers le beau.

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14/09/2011

D'un Corps à l'Autre (Chapitre 2)... (9)

Chapitre 2 "Y retourner" (2)

 

Eurêka ! ma besace, elle est là ! Après quelques heures de marche qui m’apparaissaient avoir été fort longues, je fus comme aveuglé par un jet de lumière phosphorescente. Il me paralysa un instant, moi qui venais de sortir du noir. Ce jet me procura une étrange sensation. Sensation vite canalisée par ce qui se présentait en face de moi; je venais de quitter les « galeries » caverneuses du derrière pour arriver devant l’intestin grêle appelé aussi duodénum. Duodénum accolé à la paroi abdominale postérieure vers le pylore à la première anse du jéjunum, pour ceux que cela intéresse. Il commençait à tomber une pluie fine désagréable qui me tombait devant les yeux m’empêchant de voir mon chemin. Je me disais que le parcours ne serait pas sans une seule embûche jusqu’à la fin, la pluie redoublait, j’avançai péniblement sans prêter véritablement attention au décor. Décor, qui pour le peu que je voyais n’avait pas d’intérêt particulier. Remontant l’intestin grêle, je fus comme aspiré et emporté dans un tourbillon comme si j’avais chuté dans une machine à laver. Brassé, mêlé à de la viande et de la purée, mon esprit ne fit qu’un tour, j’étais bel et bien dans l’estomac! Cela me donna faim, de ma besace, je retirai ma serviette et je la nouais autour de mon cou et je fus à table! Certes, il fallait être agile de la fourchette et du couteau (que j’avais également sorti de ma besace) pour saisir les moindres victuailles. J’y parvenais non sans mal. À l’intérieur de l’estomac où je me trouvais, je remarquai que celui-ci avait un mal fou à digérer, j’essayai d’y déceler quelques aigreurs et même plus gravement y voir un début d’ulcère, mais je n’étais pas médecin

 

 

 

(Extrait "D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Chapitre 2 - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre...

10/09/2011

Proses des ivresses... (14)

 

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Ce que vous apprenez la première fois que vous vous enivrez à seize ans, en tiraillant par le bras les vieux pisseurs de Moody Street et en criant : " Vous ne comprenez pas que vous êtes Dieu", c'est ce que vous apprenez quand vous comprenez la signification qui est ici, devant vous sur cette terre pesante : vivre seulement pour mourir... regardez le ciel, les étoiles ; regardez la tombe, la mort - En demandant l'assistance, l'assistance transcendantale venue des autres sphères de cette Fleur Imaginaire, demandez au moins, implorez qu'on vous enseigne cette vérité : - aidez-moi à comprendre que je suis Dieu - que tout est Dieu -.

 

(Prose de Jack Kerouac extrait de "Visions de Gérard" - Ed. Gallimard)

07/09/2011

La route...

Quand il se réveillait dans les bois dans l'obscurité et le froid de la nuit il tendait la main pour toucher l'enfant qui dormait à son côté. Les nuits obscures au-delà de l'obscur et les jours chaque jour plus gris que celui d'avant. Comme l'assaut d'on ne sait quel glaucome froid assombrissant le monde sous sa taie. A chaque précieuse respiration sa main se soulevait et retombait doucement. Il repoussa la bâche en plastique et se souleva dans les vêtements et les couvertures empuantis et regarda vers l'est en quête d'une lumière mais il n'y en avait pas. Dans le rêve dont il venait de s'éveiller il errait dans une caverne où l'enfant le guidait par la main. La lueur de leur lanterne miroitait sur les parois de calcite mouillées. Ils étaient là tous deux pareils aux vagabonds de la fable, engloutis et perdus dans les entrailles d'une bête de granit. De profondes cannelures de pierre où l'eau tombait goutte à goutte et chantait. Marquant dans le silence les minutes de la terre et ses heures et ses jours et les années sans s'interrompre jamais. Jusqu'à ce qu'ils arrivent dans une vaste salle de pierre où il y avait un lac noir et antique. Et sur la rive d'en face une créature qui levait sa gueule ruisselante au-dessus de la vasque de travertin et regardait fixement dans la lumière avec des yeux morts et aveugles comme des oeufs d'araignée.

 

(Extrait de "La Route" de Cormac MC Carthy - Ed. de "L'Olivier")

 

L'apocalyspe a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d'une humanité retournée à la barbarie. Cormac MC Carthy raconte leur odyssée dans ce récit dépouillé à l'extrème.

livre, réflexion, apocalypse, intelligence, survie, récit, route, Cormac MC Carthy, écrivain


04/09/2011

D'un Corps à l'Autre (Chapitre 2)... (8)

Chapitre 2 "Y retourner". (1)

 

Plus malin qu’un esprit, il fallait trouver, cet état végétatif avait assez duré, n’être qu’un esprit n’était pas une vie. Une vie sans un corps de chair, ce n’était pas la vie. Je n’étais pas loin d’une neurasthénie congénitale. Je trouvai la solution bizarrement, puisque j’étais sorti par le derrière, je rentrerai par le derrière... oui, mais comment  ? Eurêka ! j’avais trouvé : au moyen d’un suppositoire suis-je bête de n’avoir pas pensé plutôt, à ce moyen de locomotion peu coûteux et qui m’emmènerait tout de go à l’endroit où mon parcours fut interrompu ? Mais comment intégrer la capsule ? Je frappai à la porte d’une pharmacie locale — dans le néant, il y en avait aussi, pour soigner les incurables du vide —. La pharmacienne, au demeurant, très sympathique me posa quelques questions, je relatai les faits. Elle me fit patienter dans une salle d’attente, quelques minutes plus tard un homme en blouse blanche, la soixantaine, les cheveux grisonnants apparut. Je le précédai dans une pièce pleine de machines étranges, il m’examina puis il me dit de m’allonger sur le divan. Il me donna un médicament à avaler et il me dit : « Maintenant vous allez fermer les yeux et vous allez penser fortement à ce corps et, dans quelques minutes, vous y serez »...

 

( Extrait de "D'un corps à l'autre" - Chapitre 2 "Y retourner" de Franck Roy - Ed. "Pays d'herbes - 2006).

à suivre...

31/08/2011

La Lumière sur le Sentier... (10)

Sois prêt à voir s'épanouir la fleur dans le silence qui suivra l'orage, pas avant.

 

Elle croîtra, elle s'élèra, elle produira des branches et des feuilles et formera des bourgeons au sein même de la tempête et pendant toute la durée de la lutte. Mais sa fleur ne s'ouvrira pas avant que la personnalité entière de l'homme soit dissoute et détruite ; pas avant qu'elle soit tenue, par le fragment divin qui l'a créée, comme un simple sujet d'épreuve et de grave expérience ; pas avant la nature entière ait cédé au Soi supérieur et lui soit devenue soumise. Un calme alors surviendra, semblable à celui qui se répand sur les contrées tropicales après une pluie d'orage, calme où la nature opère avec une telle rapidité que son action devient visible. C'est ainsi que la paix descendra sur l'esprit harassé. Et dans le silence profond surviendra l'événement mystérieux qui fera connaître à l'âme qu'elle a trouvé la Voie. Donne-lui le nom qu'il te plaira : c'est une voix qui parle là où il n'y a nul être pour parler ; - c'est un messager qui vient, messager sans forme ni substance ; - ou c'est encore la fleur de l'âme qui s'est ouverte. Il ne peut être décrit par aucune métaphore. Mais on peut aller à sa rencontre, le désirer, le chercher, alors même que la tourmente fait rage. Le silence peut durer un moment ou un millier d'années. Mais il prendra fin. Cependant tu emporteras sa force en toi. A maintes reprises la bataille doit être engagée et gagnée. Pour un intervalle seulement, la nature peut être tranquille.

 

Les règles ci-dessus sont les premières qui sont écrites sur les murailles du Temple de l'Enseignement :

Ceux qui demandent recevront.

Ceux qui désirent lire, liront.

Ceux qui désirent apprendre, apprendront.

 

LA PAIX SOIT AVEC VOUS

 

(Extrait de "La lumière sur le sentier" de Mabel Collins - Ed. "Adyar")

à suivre...

18/08/2011

D'un Corps à l'Autre (Chapitre 1)... (7)

Chapitre 1 - "Le Saut de l'ange" (fin du chapitre)

 

Je crois que ce qui anime tout cela et qui est à l’origine de tous nos maux, c’est la PEUR ; la peur d’être adulte, la peur de l’autre, la peur de l’avenir, la peur des religions, la peur des obèses, la peur des chiens, la peur d’une pantoufle. Cela devient ridicule et dangereux, la peur freine nos élans, la peur nous empêche de voir plus loin en toute sérénité, et pour finir la peur est castratrice. J’en arrive même à me demander, si, dans le couple, on n’a pas peur de l’autre.

  Est-ce que je t’ai apporté une réponse à ta question, monsieur l’intervieweur ?

— Oui... en partie

— Je reviendrai sur quelques sujets abordés ici.

— Monsieur l’Auteur, j’aimerais retourner dans ce corps.

— On y va....

          Au matin, si peu parler ainsi, au matin, je m’éveillai dans le noir. Mon excitation était extrême, jamais je n’avais connu de telles fourmis dans les jambes. Mon appétit de curiosité était insatiable, mon envie d’aller « explorer » ce coeur, et toutes les régions de ce corps me donnaient une pêche d’enfer. Je pris mon bagage, peu de choses en l’occurrence (je n’avais pas toujours trouvé ma besace, qui me manquait beaucoup). Je commençai une longue marche en avant. Je n’avais pas fait vingt mètres lorsque je fus projeté à l’extérieur de ce corps comme si une bombe avait explosé. Je me retrouvais dans le « néant », ce qui était le plus désagréable qui soit. J’étais dans un état de léthargie complète, le sentiment de n’être plus au monde, de n’être  plus qu’un esprit ;  je me croyais mort. Mais surtout, une odeur de puanteur se collait à moi, je compris à la seconde d’où je sortais.

 

("D'un corps à l'autre" - récit de Franck Roy - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)

à suivre...

11/08/2011

Proses des ivresses... (11)

  

 prose,ivresse,livre,littérature,réflexion,limbour,surréaliste,écrivain,1900-1970

 

LES REVERBERES AFRICAINS

 

J'étais ivre l'autre nuit d'un vin venu d'Europe et qui avait fait le voyage sur un bateau lent et secoué par la tempête. Ce vin qui avait des souvenirs marins et l'humeur impétueuse des flots, avait communiqué pour toujours à son essence spirituelle un caractère sauvage et tumultueux. La mer donne à ses amis un goût ardent de la liberté : ce vin avait un goût de corsaire ; en des temps meilleurs il se fût fait pirate, aurait mérité d'être pendu à une vergue dans le port de Londres, non loin de quelque celèbre capitaine. Je ne dirai rien de moi : ce vin merveilleux m'habitait.

Ainsi gréé, puissant comme un dieu, je partis au hasard des rues du Caire.

 

(Prose de Georges Limbour - extrait de "Soleil bas" - Ed. Gallimard)images-1.jpeg

à suivre...

 

 

( Portrait de Georges Limbour par Picasso...)