Allez les yeux invisibles vers le beau.

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02/03/2011

Jean Raspail... son livre controversé.

16/02/2011

Poème du Jour...

 

Unknown.jpegWALLY

 

Les champs de toutes les couleurs ont finalement jeté leur dévolu sur une ville dont le nom, désormais, égarera le voyageur.

Les rues sont pleines de gens qui ont souci de rire, qui rient de leur état civil et de l'heure qui patiente dans leur poche sans s'avouer battue.

D'étranges petites filles que l'on croyait paralytiques et auxquelles leurs parents avaient promis des béquilles neuves pour leur anniversaire, font leurs premiers pas sur une corde raide.

Un voyou lance une pierre qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau à une passante qui ressemble, mais à quoi ressemble-t-elle, à quoi sinon à l'image que les miroirs à sens unique se font des passantes non-rencontrées et c'est bien suffisant pour qu'ils volent en éclats, pour qu'ils volent à la rencontre des éclats de passante, des éclats qui brillent dans la main d'un voyou et le sang n'est pas long à paraître.

La pierre cependant parle de s'étendre. On ne sait à quels archipels mène l'éloquence des pierres.

Je vous souhaite une longue et heureuse existence dit une femme qui venait de mourir à un enfant qui songeait à naître...

... Vous n'aurez que le temps de sécher vos plaies au hasard du soleil.

 

(Poème Georges Hénien - publié dans "troisième convoi" - 1946)

05/02/2011

Prospérité sans croissance.

51S8tnwOKmL._SL500_AA300_.jpgNos sociétés sont dominées par la croissance économique. Qu'elle soit effective ou que son absence inquiète, l'idée de croissance est l'alpha et l'oméga de l'univers économique. Et quand bien même l'accent serait mis sur ses conséquences négatives, notamment d'ordre environnemental, la prise en compte de ces dernières ne conduit généralement pas à la remise en cause de la croissance, mais passe par la recherche de constructions qui, dans une large mesure, font figure d'oxymore : « croissance verte », « green business », etc. 
Dans cet ouvrage au style alerte et précis, Tim Jackson s'attaque avec une efficacité remarquable à ce Dieu des temps modernes qu'est la croissance économique. 
Certes, par le passé les contempteurs n'ont pas manqué. Les Baudrillard, Illich, Gorz, ou, dans un registre assez différent, Georgescu-Roegen ont cherché, souvent avec conviction, à mettre en lumière les effets pervers de la croissance économique ainsi que les limites s'imposant à cette dernière. Cependant, la contribution de Tim Jackson n'est pas redondante vis-à-vis de ces écrits parfois anciens. Elle renouvelle, au contraire, très significativement l'argumentaire en lice. En s'appuyant, en effet, sur des statistiques récentes ou sur des apports analytiques de la vaste littérature traitant du développement durable, l'auteur établit une critique en règle de la croissance et de ses avatars de type « croissance verte ». Il tente alors de fonder une nouvelle économie écologique. 
Il est possible de repérer trois temps dans le développement de l'auteur : 
1) La prospérité n'est pas la croissance. Si la corrélation est relativement patente au départ, au-delà d'un certain niveau, l'accumulation de biens matériels n'implique plus une amélioration de certains indicateurs de prospérité (espérance de vie, mortalité infantile, participation à l'enseignement...) ni une augmentation du bonheur ressenti. 
2) Le « découplage » dont parlent beaucoup les économistes de l'environnement ne semble guère constituer un objectif atteignable. Le découplage est la possibilité de réduire les impacts environnementaux négatifs avec une croissance économique maintenue. En s'appuyant, sur un matériau statistique conséquent, Jackson montre que si le « découplage relatif » - à savoir la baisse de l'impact environnemental par unité produite - est souvent avéré, en revanche le « découplage absolu », autrement dit la baisse de l'impact total en situation de croissance ne se retrouve pas, sauf exception, dans la réalité. 
3) Dès lors, puisque la croissance économique ne paraît pas pouvoir s'obtenir sans dégradation de l'environnement, mais que de toute façon, la croissance n'est pas le corollaire de la prospérité, il s'agit de promouvoir une prospérité, ne passant pas par la croissance des biens matériels, et qui viserait à la fois la préservation de l'environnement et l'épanouissement des individus. C'est là l'objet de ce nouveau modèle intitulé « macroéconomie écologique » que propose Tim Jackson. 
Cette nouvelle macroéconomie, qui marque le troisième moment de la thèse, demeure assurément problématique. C'est bien sûr plus un projet à préciser et à mettre en aeuvre qu'un modèle que l'on pourrait comparer avec les schémas économiques dominants. L'auteur, d'ailleurs, le reconnaît aisément. S'il cherche à lui conférer une ossature keynésienne, pour autant, ses caractéristiques précises sont loin d'être stabilisées. Sur un mode quasi humoristique, il écrit : « Alors en quoi peut bien consister l'activité économiquement productive dans cette économie ? La réponse ne saute pas aux yeux. Certainement des 'services énergétiques' plutôt qu'un approvisionnement énergétique. À vendre de la mobilité plutôt que des voitures. À recycler, à réutiliser, à faire du leasing peut-être. À donner des leçons de yoga, sans doute, à couper les cheveux, à jardiner (...) » (p. 134) : des composantes qui n'ont rien de très originales, mais dont l'auteur recherche l'articulation sans vaeu de croissance économique nécessaire. Au contraire, Jackson insiste vivement sur le partage du travail : le bien-être de la population passe aussi par moins de travail pour certains et plus pour ceux qui n'en ont pas. Sans grande surprise, le livre met aussi l'accent sur le rôle essentiel des « investissements écologiques ». 
Une lacune importante de l'ouvrage me semble être l'absence de prise en considération des interactions entre économies au plan international. On ne voit pas très bien d'ailleurs si les préconisations de Jackson visent spécifiquement l'économie du Royaume Uni - ce que laisseraient supposer certains passages - ou concerneraient d'emblée l'économie-monde. Cette omission est vraiment dommageable car comment penser l'émergence d'une économie écologique dans un monde qui ne le serait pas ou comment penser l'instauration d'une économie écologique globale dès lors que certains « partenaires » ne semblent guère tentés par la philosophie sous-jacente (pensons aux Etats-Unis non signataires du Protocole de Kyoto ou les « émergents » avides d'expansion économique)? 
Il n'en reste pas moins que « Prospérité sans croissance », en s'attaquant efficacement au tabou de la croissance économique, constitue un livre important. Déjà, la version originale a pris une place significative dans les débats socioéconomiques du monde anglo-saxon. Il faut espérer que la version française obtiendra également l'attention qu'elle mérite

(Analyse du livre par un lecteur sur Amazon)

07:46 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, essai, tim, jackson, étude, économie

03/02/2011

Poème du Jour...

 

Unknown.jpegIDEAL MAITRESSE

 

Je m'étais attardé ce matin-là à brosser les dents d'un joli animal que, patiemment, j'apprivoise. C'est un caméléon. Cette aimable bête fuma, comme à l'ordinaire, quelques cigarettes puis je partis. 

Dans l'escalier je la rencontrai "Je mauve" me dit-elle et tandis que moi-même je cristal à peine ciel-je à son regard qui fleuve vers moi.

Or il serrure et, maîtresse ! Tu pichpin qu'a joli vase je me chaise si les chemins tombeaux.

L'escalier, toujours l'escalier qui bibliothèque et la foule au bas plus abîme que le soleil ne cloche.

Remontons ! Mais en vain, les souvenirs sa sardine ! à peine, à peine un bouton tirelire-t-il. Tombez, tombez ! En voici le verdict : " La danseuse sera fusillée à l'aube en tenue de danse avec ses bijoux immolés au feu de son corps. Le sang des bijoux, soldats !".

Et quoi, déjà je miroir. Maîtresse tu carré noir et si les nuages de tout à l'heure myosotis, ils moulins dans la toujours présente éternité.

 

(Extrait de "Langage cuit" - 1923 - Poème de Robert Desnos)

01/02/2011

Le Prophète... (6)... Suite & Fin.

 

Unknown.jpegOui, vous êtes pareils à l'océan,

Et bien que des bateaux lourdement chargés attendent la marée le long de vos côtes, pareils à l'océan vous ne pouvez cependant pas hâter vos marées.

Et vous êtes aussi pareils aux saisons,

Et même si en hiver vous niez votre printemps, le printemps qui repose en vous sourit malgré tout dans sa somnolence et n'en est pas offensé. Ne pensez pas que je vous dis ces choses afin que vous puissiez vous répéter l'un à l'autre, "Il a fait de nous un bel éloge. Il n'a vu en nous que le bon". Je ne fais pour vous que mettre en mots ce que vous-mêmes connaissez en pensée. Et qu'est-ce que la connaissance par le mot sinon l'ombre de la connaissance sans le mot ? Vos pensées et mes mots sont les ondes d'une mémoire scellée qui consigne nos hiers, et les jours anciens, alors que la terre ne connaissait ni elle ni nous, et les nuits, alors que la terre tournait dans le chaos.

Des sages sont venus vous donner de leur sagesse. Je suis venu vous prendre de votre sagesse : et voilà que j'ai trouvé ce qui est plus grand que la sagesse. C'est un esprit ardent accumulant en vous toujours plus de lui-même, tandis que vous, inattentifs à son expansion, déplorez le déclin de vos jours. C'est la vie en quête de la vie dans les corps que la tombe effraie.

 

(Extrait de "Le Prophète" de Khalil Gibran - Ed. du Livre de Poche)

Suite & Fin.

17/01/2011

Le Prophète... (5)

 

Unknown.jpegEt un homme dit, Parle-nous de la Connaissance de Soi.

Et il répondit, disant :

Vos coeurs connaissent en silence les secrets des jours et des nuits. Mais vos oreilles sont avides des rumeurs de ce que vos coeurs connaissent. Vous voudriez connaître avec des mots ce que vous avez toujours connu en pensée. Vous voudriez toucher avec vos doigts le corps nu de vos rêves.

Et il est bon qu'il en soit ainsi.

Quand elle jaillit, la source qui était cachée dans votre âme aspire à remonter et à courir en murmurant vers la mer ; et le trésor de vos infinies profondeurs veut être révélé à vos yeux. Mais qu'il n'y ait pas de balance pour peser votre trésor inconnu ; et ne fouillez pas dans les profondeurs de votre connaissance avec une perche ou une sonde. Car le moi est une mer infinie et qui ne se laisse pas mesurer.

Ne dites pas, "J'ai trouvé la vérité" mais plutôt, "J'ai trouvé une vérité".

Ne dites pas, "J'ai trouvé le chemin de l'âme". Dites plutôt, "J'ai trouvé l'âme qui passait sur mon chemin". Car l'âme ne va pas en droite ligne, ni ne croît comme un roseau. L'âme s'épanouit, comme un lotus aux pétales innombrables.

 

(Extrait de "Le Prophète" de Khalil Gibran - Ed. Le Livre de Poche)

08/01/2011

Le Prophète... (4)

 

Unknown.jpegPuis un ermite, qui venait une fois l'an à la ville, s'avança et dit, Parle-nous du plaisir. Et il répondit, disant :

Le plaisir est un chant de liberté,

Mais il n'est pas la liberté.

Il est l'épanouissement de vos désirs,

Mais il n'est pas le fruit.

Il est une profondeur appelant une hauteur,

Mais il n'est ni le bas, ni le haut.

Il est l'encagé prenant son envol,

Mais il n'est pas environné d'espace.

Oui, en toute verité, le plaisir est un chant de liberté.

Et je vous entendrais volontiers le chanter de tout votre coeur ; mais je ne voudrais pas vous voir perdre vos coeurs à le chanter.

 

(Extrait de " Le Prophète" de Khalil Gibran - Ed. du Livre de Poche)