Allez les yeux invisibles vers le beau.

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/06/2010

Une brève histoire de l'avenir...(6)

 

images.jpegBien d'autres bouleversements auront lieu, qu'il est aussi possible de prévoir avec une certaine précision : à l'observer sur la très longue durée, l'Histoire s'écoule en effet dans une direction unique, entêtée, très particulière, qu'aucun soubresaut, même prolongé, n'a jusqu'à présent réussi à détourner durablement : de siècle en siècle, l'humanité impose la primauté de la liberté individuelle sur toute autre valeur. Elle le fait par le rejet progressif de la résignation à toute forme de servitude, par des progrès techniques permettant de réduire tout effort, par la libération des moeurs, des systèmes politiques, de l'art et des idéologies. Autrement dit, l'histoire humaine est celle de l'émergence de la personne comme sujet de droit autorisée à penser et à maîtriser son destin, libre de toute contrainte, si ce n'est le respect du droit de l'autre aux mêmes libertés. Cette évolution à remettre en cause en permanence les pouvoirs en place et à faire naître de nouvelles puissances. En particulier, pour faire émerger cette primauté de l'individu sur la société, les peuples ont élaboré progressivement divers systèmes de répartition des biens rares. Pendant très longtemps, ils ont laissé la charge au seul bon plaisir des chefs de guerre, de prêtres et de princes à la tête de royaumes et d'empires ; puis, une nouvelle classe dirigeante, plus vaste et plus mobile, celle des marchands, a imaginé deux nouveaux mécanismes - révolutionnaires - de partage de richesses : le marché et la démocratie. Apparus il y a près de trente siècles, ils sont progressivement imposés ; ils façonnent désormais une part croissante de la réalité du monde et conditionnent l'avenir.

 

(Extrait de "Une brève histoire de l'avenir" - Jacques Attali/Fayard)


à suivre...

02/06/2010

La petite note de Franck ... (19)

Avant-Propos (cliquez...)

 

Lire l'Avant-propos de mon futur livre dont le titre provisoire est : NOTRE VIE EN CONSCIENCE... un livre qui se veut être une exploration dans l'univers de l'humain. Je pense que ces textes sauront être une prise de conscience et une introspective sur nous-mêmes. A LIRE dans un an ou deux si tout va bien !

 

(Rendez-vous pour une nouvelle petite... de Franck)

15/05/2010

Une brève histoire de l'avenir...(4)

 

images.jpegAbsurde aussi de tenter de prévoir l'avenir, car toutes les réflexions à son sujet ne sont en général que des élucubrations sur le présent : ainsi, dès les premières sociétés humaines, les discours sur les temps futurs se résumaient à prédire un éternel retour des astres et des récoltes. Pour les prêtres et les augures, le monde ne pouvait survivre qu'en obtenant le retour de la pluie et du soleil ; un monde meilleur n'était pas possible que dans un au-delà cosmique, espace idéal, lui aussi stable, cyclique, dont l'avènement tenait plus au bon vouloir énigmatique des dieux qu'aux actions des hommes. Quand il devint clair que l'innovation pouvait améliorer la vie matérielle, intellectuelle et esthétique, apparurent, d'abord autour de la Méditerranée, quelques peuples déterminés à concevoir et mettre en oeuvre un progrès terrestre. Ceux qui pensèrent ensuite l'avenir de la Terre (philosophes, artistes, juristes, puis savants, économistes, sociologues, romanciers, futurologues) le décrivent encore, en général, comme le prolongement naïf de leur propre présent. Par exemple, à la fin du XVIe siècle, tous pronostiquaient que l'apparition en Europe des caractères mobiles de l'imprimerie ne ferait que renforcer les deux pouvoirs alors dominants l'Eglise et l'Empire ; de même, à la fin du XVIIIe siècle, la majorité des analystes ne voyaient que dans la machine à vapeur qu'une attraction de foire qui ne changerait rien au caractère agricole de l'économie ; de même encore, à la fin du XIXe siècle, l'électricité n'avait, pour l'essentiel des observateurs, qu'un seul avenir : permettre d'éclairer autrement les rues. Et si, au début du XXe siècle, certains prévoyaient l'apparition du sous-marin, de l'avion, du cinéma, de la radio, de la télévision, personne - pas même Jules Verne - ne pensait que cela pourrait venir modifier l'ordre géopolitique alors dominé par l'Empire britannique ; personne non plus a fortiori ne voyait venir le déclin de l'Europe, la montée du communisme, du fascisme et du nazisme ; encore moins venue de l'art abstrait, du jazz, de l'arme nucléaire ou de la contraception. De même, à la fin du siècle dernier, beaucoup considéraient encore l'ordinateur personnel et Internet comme des curiosités de peu d'importances, et rares ceux qui imaginaient le mariage homosexuel. Enfin, récemment encore, très peu d'analystes ont vu venir le retour de l'islam au coeur de l'Histoire...

 

à suivre...

 

(Extrait de "Une brève histoire de l'avenir" de Jacques Attali/Fayard)

06/05/2010

Le livre des morts Tibétain

 







préface de Matthieu Ricard

Reconnu et encensé dans le monde entier où il a été de nombreuses fois traduit, Le Livre des morts tibétain fait désormais partie du patrimoine littéraire de l'humanité.

Longtemps détourné de son sens véritable et présenté de façon fragmentaire, il est ici, pour la première fois, livré au public sous sa forme complète, directement traduit du tibétain et expliqué dans son contexte originel.

Le Bardo Thödröl - intitulé en français Livre des morts tibétain - signifie en réalité La Grande Libération par l'écoute dans les états intermédiaires. Composé par le grand maître Padmasambhava au VIIIe siècle, il traite des mystères les plus profonds de l'existence. Le bardo, «état intermédiaire», désigne d'abord le passage entre la mort et la renaissance dans une vie future. Le rêve, la méditation, la vie et le moment de la mort sont aussi des bardo, des aventures d'un esprit qui n'a ni commencement ni fin.

De la mort aujourd'hui taboue, ce texte millénaire nous révèle précisément qu'elle est le miroir de ce qu'a été notre vie. Loin d'être un anéantissement, elle offre, selon le degré de préparation spirituelle de l'individu, la formidable possibilité d'une libération complète de l'être ou l'étape obligée vers une nouvelle existence sous conditions.

C'est donc à l'être humain de découvrir la nature véritable de l'esprit : l'esprit de claire lumière. La mort sera alors l'instant de vérité où il reconnaîtra cette luminosité fondamentale pour s'y immerger, cessant ainsi d'errer de vie en vie sous le poids d'une illusion toujours recommencée.

 

(traduit du tibétain et commenté par Philippe Cornu aux Editions Buchet Chastel)

 

 

05/05/2010

Une brève histoire de l'avenir...(3)

Pour expliquer et étayer ce pronostic, j'entends raconter ici l'histoire de cet avenir.

Entreprise absurde, dira-t-on. Tant d'événements, tant d'individus peuvent en inverser le cours ! Et, de surcroît, si le fondement de l'Histoire est la conquête de la liberté individuelle, alors cette finalité même la rend imprévisible. quelques exemples suffisent à s'en convaincre : si, en 1799, le général Bonaparte n'avait pas pris un tel ascendant sur ses contemporains, la Révolution française aurait pu immédiatement accoucher d'une république parlementaire, gagnant ainsi un siècle sur l'Histoire réelle. Si, en juin 1914, un assassin, à Sarajevo, avait raté sa cible, la Première Guerre mondiale ne se serait pas déclenchée, en tout cas pas de la même façon. Si, en juin 1941, Hitler n'avait pas envahi la Russie, il aurait pu, comme le général Franco, mourir au pouvoir et dans son lit ; si le Japon, la même année, avait attaqué la Russie au lieu des Etats-Unis, ceux-ci ne seraient peut-être pas entrée dans la guerre et n'auraient pas libéré l'Europe, comme ils n'ont ensuite jamais libérée ni l'Espagne ni la Pologne ; la France, l'Italie et le reste de l'Europe seraient ainsi peut-être restés sous la botte hitlérienne au moins jusqu'à la fin des années 1970. Enfin si, en 1984, le secrétaire général du parti communiste soviétique, Youri Andropov, n'était pas mort prématurément, et si le successeur de son successeur avait été, comme il était prévu, Grigori Romanov au lieu de Mikhaïl Gorbatchev, l'Union soviétique existerait probablement encore...

 

à suivre...

(extrait de "Une brève histoire de l'avenir" de Jacques Atalli/Fayard)

28/04/2010

Une brève histoire de l'avenir. (1)

 

images.jpegAujourd'hui se décide ce que sera le monde en 2050 et se prépare ce qu'il sera en 2100. Selon la façon dont nous agirons, nos enfants et nos petits-enfants habiteront un monde vivable ou traverseront un enfer en nous haïssant. Pour leur laisser une planète fréquentable, il nous faut prendre la peine de penser l'avenir, de comprendre d'où il vient et comment agir sur lui. C'est possible : l'Histoire obéit à des lois qui permettent de la prévoir et de l'orienter.

La situation est simple : les forces du marché prennent en main la planète. Ultime expression du triomphe de l'individualisme, cette marche triomphante de l'argent explique l'essentiel des plus récents soubresauts de l'Histoire : peut l'accélérer, pour la refuser, pour la maîtriser.

Si cette évolution va à son terme, l'argent en finira avec tout ce qui peut lui nuire, y compris les Etats, qu'il détruira peu à peu, même les Etats-Unis d'Amérique. Devenu la loi unique du monde, le marché formera ce que je nommerai l'hyperempire, insaisissable et planétaire, créateur de richesses marchandes et d'aliénations nouvelles, de fortunes et de misères extrêmes ; la nature y sera mise en coupe réglée ; tout sera privé, y compris l'armée, la police et la justice. L'être humain sera alors harnaché de prothèses, avant de devenir lui-même un artefact, vendu en série à des consommateurs devenant eux-mêmes artefacts. Puis, l'homme, désormais inutile à ses propres créations, disparaîtra...

à suivre...

 

(extrait de "Une brève histoire de l'avenir" de Jacques Attali/Fayard)

23/04/2010

Quelques Obscurcissements

 

images.jpegIl y a des écrits qui ont une histoire. Comme il y a des tableaux de peinture ou des morceaux de musique qui ont une histoire. Tous les écrits, tous les tableaux de peinture, tous les morceaux de musique n'ont pas une histoire : beaucoup s'inscrivent paisiblement, sans histoire, dans la production de l'auteur, dans son projet. Il y a la date et le lieu où ils ont été composés, il y a la période dans l'oeuvre de l'auteur, il y a un contexte biographique, et puis c'est tout. Parfois, il y a l'événement qui les a inspirés et qui reste clairement présent en référence. Parfois, ils sont liés à un mouvement artistique ou politique, à un courant d'idées, à un fait historique, qui leur tient lieu de famille. Par "écrits qui ont une histoire", j'entends ceux qu'accompagne dans l'obscurité, pour l'auteur lui-même et pour lui seul, une autre matière, un autre sujet d'écriture, non formulés, non écrits, mais qui, tout aussi bien que l'écrit lui-même, pourraient l'être. Une histoire qui toujours échappera à la désastreuse et stupide entreprise des historiens de métier, et une histoire que seul l'auteur lui-même pourrait décider de raconter et d'écrire, mais qu'il ne raconte et qu'il n'écrit jamais parce que, précisément, l'écrit doit en rester l'unique fruit. L'écrit est, comme par définition, le meilleur parti que l'auteur a pu tirer de son histoire. Dès lors, l'histoire est détruite par l'écrit qui ne doit son existence qu'à cette destruction de l'histoire qui l'a d'abord éclairé, avant qu'il ne l'éclipse. L'écrit se superpose parfaitement à son histoire, il en est la planète masquante. L'histoire d'un écrit ressurgissant derrière l'écrit s'établit dans son dos. Et il y a alors comme les deux versants d'une montagne : celui qui a recueilli les eaux de pluie, et celui où est apparue la source. Deux paysages qui peuvent avoir chacun leur charme et qui, tous deux, mettent en scène la même eau. Entre l'histoire écrite et l'écrit lui-même, entre les deux versants de la montagne, reste obscur et inaccessible le trajet de l'eau à travers la roche. Un trajet dont l'auteur ne connaît rien, et un trajet dont l'auteur ne peut jamais rien connaître ni rien dire de juste puisque, justement, la roche c'est lui-même. Mais, même si l'on ne sait presque rien de la circulation souterraine de l'eau, des terrains et des matières qu'elle rencontre, dont elle se charge et qui la modifient, ni des obstacles qui s'opposent à son écoulement ou des pentes qui le facilitent, la mise en lumière du versant qui a recueilli les pluies et la mise dos à dos de cette histoire écrite de l'écrit avec l'écrit lui permettent d'imaginer, entre ces deux écrits, entre ces deux histoires, une géographie. L'auteur est en quelque sorte ce lieu, cet espace, cette géologie, entre les histoires, entre les écrits. Bien sûr, les écrits qui ont une histoire (écrite ou pas) ne sont pas meilleurs que ceux qui n'en ont pas. En fait, la plupart des grands écrits n'ont pas d'histoire.

(extrait  de "Quelques Obscurcissements" de Alain Fleischer/ Seuil)