28/09/2011
Proses des ivresses... (15)
Venait le moment de rentrer, de choisir parmi les herbes séchées, celles dont il allait préparer l'infusion. Il connaissait les herbes médicinales. Il aimait celles qui avaient poussé là où toutes les autres renoncent, sur des terres rocailleuses et arides où se perpétuent comme en osmose minérale des plantes ingrates et noueuses. L'hiver, il ranimait une grosse bûche, faisait chauffer l'eau à même le feu. Souvent, il oubliait, s'absorbait dans la flamme, se posait la question du premier homme qui avait vu le feu mais il ne savait plus si cela était folie ou histoire. La flamme qui dansait, la braise qui rougeoyait, lui penché sur le foyer, la chaleur sur ses cuisses. Il retardait, refusait tout mouvement. Il restait là à regarder des villes étagées et momunentales bâties comme des temples au centre d'invisibles empires et qui s'effondraient, s'éboulaient, se délitaient presque, gagnaient la cendre, déclinaient, s'éteignaient comme des îles lointaines, océanes ou cosmiques. Le bruit de l'eau l'éveillait alors et il se secouait, perplexe.
(Prose de Yves Buin - extrait de "Maël" - Ed. Christian Bourgois - 1938)
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26/09/2011
Poème du Jour...
jardin sans rivière
où mentir où mourir
je coupe l'hiver le nez
du givre, j'établis
le tocsin des jonquilles
pourquoi ?
jardin sans nom, de buis
pâle (résigné)
jardin des morts, des aimés
anonymes
jardin desséché (déjà oublié)
(Poème de Gaspard Hons extrait de "l'Orage en Deux" - Ed. Le Dé bleu")
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19/09/2011
La Lumière sur le Sentier... (11)
L'éclosion de la fleur est le moment glorieux où la perception s'éveille ; à sa suite viennent la confiance, la connaissance, la certitude. L'instant où l'âme demeure en suspens est un instant d'étonnement. la satisfaction lui succède. C'est le silence.
Sache, Ô disciple, que ceux qui ont passé par le silence, qui ont éprouvé sa paix et retenu sa force, ceux-là souhaitent ardemment que tu y entres aussi. C'est pourquoi, lorsque le disciple est capable d'entrer dans le Temple de l'Enseignement, il y trouve toujours son Maître.
Ceux qui demandent recevront. Mais la voix de l'homme ordinaire a beau demander sans cesse, elle n'est pas entendue. Car il ne demande qu'avec son intellect et la voix de l'intellect n'est entendue que sur le plan de l'intellect.
Aussi ai-je attendu que les vingt et une premières règles fussent dépassées avant de dire : Ceux qui demandent recevront.
(Extrait de "La Lumière sur le Sentier" de Mabel Collins - Ed. "Adyar")
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14/09/2011
D'un Corps à l'Autre (Chapitre 2)... (9)
Chapitre 2 "Y retourner" (2)
Eurêka ! ma besace, elle est là ! Après quelques heures de marche qui m’apparaissaient avoir été fort longues, je fus comme aveuglé par un jet de lumière phosphorescente. Il me paralysa un instant, moi qui venais de sortir du noir. Ce jet me procura une étrange sensation. Sensation vite canalisée par ce qui se présentait en face de moi ; je venais de quitter les « galeries » caverneuses du derrière pour arriver devant l’intestin grêle appelé aussi duodénum. Duodénum accolé à la paroi abdominale postérieure vers le pylore à la première anse du jéjunum, pour ceux que cela intéresse. Il commençait à tomber une pluie fine désagréable qui me tombait devant les yeux m’empêchant de voir mon chemin. Je me disais que le parcours ne serait pas sans une seule embûche jusqu’à la fin, la pluie redoublait, j’avançai péniblement sans prêter véritablement attention au décor. Décor, qui pour le peu que je voyais n’avait pas d’intérêt particulier. Remontant l’intestin grêle, je fus comme aspiré et emporté dans un tourbillon comme si j’avais chuté dans une machine à laver. Brassé, mêlé à de la viande et de la purée, mon esprit ne fit qu’un tour, j’étais bel et bien dans l’estomac ! Cela me donna faim, de ma besace, je retirai ma serviette et je la nouais autour de mon cou et je fus à table ! Certes, il fallait être agile de la fourchette et du couteau (que j’avais également sorti de ma besace) pour saisir les moindres victuailles. J’y parvenais non sans mal. À l’intérieur de l’estomac où je me trouvais, je remarquai que celui-ci avait un mal fou à digérer, j’essayai d’y déceler quelques aigreurs et même plus gravement y voir un début d’ulcère, mais je n’étais pas médecin
(Extrait "D'un corps à l'autre" de Franck Roy - Chapitre 2 - Ed. "Pays d'Herbes" - 2006)
à suivre...
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10/09/2011
Proses des ivresses... (14)
Ce que vous apprenez la première fois que vous vous enivrez à seize ans, en tiraillant par le bras les vieux pisseurs de Moody Street et en criant : " Vous ne comprenez pas que vous êtes Dieu", c'est ce que vous apprenez quand vous comprenez la signification qui est ici, devant vous sur cette terre pesante : vivre seulement pour mourir... regardez le ciel, les étoiles ; regardez la tombe, la mort - En demandant l'assistance, l'assistance transcendantale venue des autres sphères de cette Fleur Imaginaire, demandez au moins, implorez qu'on vous enseigne cette vérité : - aidez-moi à comprendre que je suis Dieu - que tout est Dieu -.
(Prose de Jack Kerouac extrait de "Visions de Gérard" - Ed. Gallimard)
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01/09/2011
Poème du Jour...
APRES-DEMAIN
(Fragment)
Quand je serai caillou
j'irai dormir la huit dans les soupières
et le jour dans les sacs à main
Quand je serai porte de prison
je pêcherai à la dynamite
Quand je serai planche à pain
je téléphonerai à mes amis
Quans je serai couteau
j'apprivoiserai la dentelle
Quand je serai enclume
je laverai mon linge à la rivière
Quand je serai plat à barbe
je mordrai les chiens
(Extrait de "Ma tête à couper" de Jehan Mayoux - 1939)
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27/08/2011
Proses des ivresses... (13)
Dans l’espace primordial, il y a ma place, significative, droite dans l’emplacement de tout être du réel. Le rappel de soi aux autres est une libération intemporelle de l’âme vers la conscience, essence du beau vers le divin. Ici, passe le rayon lumineux de l’invisible clarté vers les flots du corps, de la parole et de l’esprit lavant toutes les souillures engendrées par le négatif d'une imagination morbide. La purification et la contemplation sont les liens originaux vers une solide reconstruction aux forces pénétrantes et réactivent du naturel. L’énergie en visualise la fonction par sa phase de développement ; l’âme parvient ainsi à une réalité où elle se reflète avec soi. À ce moment-là, commence et défile la concentration des visions du vécu déployé, variable selon les assises du temps. Le féminin accompagne ces territoires bien délimités tributaires de ces traditions millénaires où les différences se destinent aux phases ultimes de la connaissance et de l’intelligence au service de mon moi intérieur. La pensée principale se libère par l’écoute et le don de soi à travers les sons mélodieux des voix intimes, celles qui se diffusent à l’intérieur du corps. Transparence totale et compréhension des individus par l’expérience essentielle de l’expérience directe qui émergent à la spiritualité naissante. Clarification et représentation manifestent comme une respiration externe et lente de nous-mêmes vers la sagesse de canaux de dérivation de nos intelligences unifiées...
04:05 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : prose, ivresse, inédit, littérature, à paraître, réflexion