14/01/2012
Poème du jour...
Les Pommes (suite)
J'en veux même des véreuses
des belles au coeur rongé
des qu'on garde pour la compote
des pâlottes
aux grains de beauté bruns.
J'en veux des tombées, des choquées
toutes chargées de souvenir d'aigail.
J'en veux qui sentent l'ajonc
des lumineuses, des frippées
des cabossées des inépuchables
des invendables
de pauvres pommes à cidre
qu'on entassait dans les resses.
J'en veux à la chair de femme
avec du rouge aux joues.
(Poème de Xavier Bouguenec - extrait de "Les Pommes" - Ed. "Soc & Foc" - 2010)
à suivre...
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09/01/2012
Poème du jour...
Le Poème de Parménide
Les cavales qui m’emportent au gré de mes désirs, se sont élancées sur la route fameuse de la Divinité, qui conduit partout l’homme instruit;
c’est la route que je suis, c’est là que les cavales exercées
[5] entraînent le char qui me porte. Guides de mon voyage,
les vierges, filles du Soleil, ont laissé les demeures de la nuit et, dans la lumière, écartent les voiles qui couvraient leurs fronts. Dans les moyeux, l’essieu chauffe et jette son cri strident
sous le double effort des roues qui tournoient
[10] de chaque côté, cédant à l’élan de la course impétueuse.
Voici la porte des chemins du jour et de la nuit, avec son linteau, son seuil de pierre, et fermés sur I’éther ses larges battants,
dont la Justice vengeresse tient les clefs pour ouvrir et fermer.
[15] Les nymphes la supplient avec de douces paroles et savent obtenir que la barre ferrée soit enlevée sans retard; alors des battants
elles déploient la vaste ouverture et font tourner en arrière les gonds garnis d’airain
[20] ajustés à clous et à agrafes; enfin par la porte
elles font entrer tout droit les cavales et le char.
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29/12/2011
La Lumière sur le sentier... (17)
Tiens-toi à l'écart dans la bataille qui se prépare, et bien que tu combattes, ne sois pas toi-même le guerrier.
Cherche le guerrier et laisse-le combattre en toi.
Prends ses ordres pour la bataille et suis-les.
Obéis-lui, non comme s'il était un chef, mais comme s'il était toi-même et comme si ces paroles étaient l'expression de tes secrets désirs ; car il est toi-même, quoique infiniment plus fort et plus sage que toi. Cherche-le ; autrement, dans la fièvre et dans l'agitation de la bataille, tu pourrais passer à côté de lui et il ne te connaîtra pas, à moins que tu ne l'aies connu. Si ton cri vient frapper son oreille attentive, alors il combattra en toi et comblera le vide douloureux de ton âme. Et s'il en est ainsi, tu pourras traverser la bataille, infatigable et de sang-froid, restant à l'écart et le laissant combattre pour toi. Il te sera impossible, alors, de frapper un seul coup à faux. Mais si tu ne le cherches pas, si tu passes à côté de lui sans le voir, il n'y aura aucune sauvegarde pour toi. Ton cerveau se troublera, ton coeur palpitera, incertain, et dans la poussière du champ de bataille ta vue et tes sens faibliront et tu ne reconnaîtras plus tes amis de tes ennemis.
Il est toi-même ; et cependant tu es limité et sujet à l'erreur ; lui est éternel et sûr. Il est l'éternelle Vérité. Une fois qu'il aura pénétré en toi, devenant ton guerrier, jamais il ne t"abandonnera entièrement, et, au jour de la grande paix, il deviendra un avec toi.
(Extrait de "La lumière sur le sentier" de Mabel Collins - Ed. "Adyar")
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21/12/2011
Poème du jour...
LES POMMES
Non madame, non
Je ne veux pas de belles pommes
Je veux de bonnes pommes.
Celles qui ont goût d'automne
Celles qui sous leur robe
ont un roman biblique
une histoire de pommier-faune
avec un pied en accroche-coeur
une histoire de hibou
une histoire de papillon jaune...
(Poème de Xavier Bouguenec extrait de "Les Pommes" - Ed. "Soc & Foc - 2010)
à suivre...
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19/12/2011
Prose des Ivresses... (22)
A PIPE OF TOBACCO
Petit tuyau au grand pouvoir,
Charmeur de l'heure oisive,
Objet de mon fervent désir,
Lèvre de cire et oeil de feu :
Mes doigts enserrent doucement
Ta taille de cierge neigeux ;
Et je bourre d'un petit instrument
Le ventre charmant que forme ton fourneau ;
Et quelle joie, entre toutes les joies,
Lorsque je respire tes baisers suaves !...
(Poème de I. H. Browne - 1705-1760)
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13/12/2011
Poème du jour...
Le vent
Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre ! -
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.
(Poème de Emile Verhaeren extrait de "Les Villages illusoires")
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07/12/2011
Poème du jour...
CAFETIERE DE BEURRE
Les guides à la main semant sa jolie langue
tout essouflée avec une gaule amazone
la montagne bébé ramasse cinquante centimes
dans le jardin sangsue anémone
tombée d'une échelle carte postale.
Le frein de la salade en ceinture de cuir
une orange à la main souffle sur les vêtements
du patissier qui fait les vendanges à l'hôpital
du drapeau à la hampe de radis.
Nous sommes dans le grenier des merles
où l'aimable araignée porte des pépins
d'un air fatigué dans la large liqueur
des gilets en petits vers rongeurs.
Voltiger en l'air festin de chenille
c'est le risque du paradis de fer blanc
suspendu au plafond de la cheminée.
(Francis Picabia - " Poèmes et dessins de la fille née sans mère" - 1918 - Ed. "Belfond")
08:50 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, cafetière, picabia, surréaliste, réflexion, littérature, poète