11/02/2013
Poème du jour...
L'Infini est un Hôte soudain
Selon l'opinion admise -
Mais comment ce prodigieux peut-il advenir
qui n'est jamais parti ?
(Poème de Emily Dickinson - extrait de "Quatrains" - Ed. Poésie/Gallimard - 2011)
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05/02/2013
Trois maîtres de vie... (6)
Le mot "crise", en grec, signifie "décision", "jugement", et renvoie à l'idée d'un moment charnière où "ça doit se décider". Nous traversons une période cruciale où des choix fondamentaux doivent être faits, sans quoi le mal ne fera qu'empirer, cycliquement peut-être, mais sûrement. Ces choix doivent être politiques, à commencer par un nécessaire assainissement et un encandrement plus efficace et plus juste du système financier aberrant dans lequel nous vivons aujourd'hui. Ils peuvent aussi concerner plus directement l'ensemble des citoyens par une réorientation de la demande vers l'achat de biens plus écologiques et plus solidaires. La sortie durable de la crise dépendra certainement d'une vraie détermination à changer les règles du jeu financier et nos habitudes de consommation. Mais ce ne sera sans doute pas suffisant. Ce sont nos modes de vie, fondés sur une croissance constante de la consommation, qu'il faudra modifier.
(Extrait de "Socrate, Jésus, Bouddha" de Frédéric Lenoir - Ed. "Fayard" - 2009)
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03/02/2013
Poème du jour...
À des âmes envolées.
Ces âmes que tu rappelles,
Mon coeur, ne reviennent pas.
Pourquoi donc s'obstinent-elles,
Hélas ! à rester là-bas ?
Dans les sphères éclatantes,
Dans l'azur et les rayons,
Sont-elles donc plus contentes
Qu'avec nous qui les aimions ?
Nous avions sous les tonnelles
Une maison près Saint-Leu.
Comme les fleurs étaient belles !
Comme le ciel était bleu !
Parmi les feuilles tombées,
Nous courions au bois vermeil ;
Nous cherchions des scarabées
Sur les vieux murs au soleil ;
On riait de ce bon rire
Qu'Éden jadis entendit,
Ayant toujours à se dire
Ce qu'on s'était déjà dit ;
Je contais la Mère l'Oie ;
On était heureux, Dieu sait !
On poussait des cris de joie
Pour un oiseau qui passait.
Victor Hugo.
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21/01/2013
Poème du jour...
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19/01/2013
Vieillir, c'est chiant...
« Vieillir, c’est chiant. J’aurais pu dire, vieillir, c’est désolant, c’est insupportable, c’est douloureux, c’est horrible, c’est déprimant, c’est mortel. Mais j’ai préféré « chiant » parce que c’est un adjectif vigoureux qui ne fait pas triste.A toutes fins utiles !
A mes vieux amis, dont le cerveau est toujours jeune !
Un très beau texte de notre ami Bernard Pivot. Cela fait du bien
de lire pareille chose ! !
Extrait de son livre paru en avril 2011:
Les mots de ma vie.
Vieillir, c'est chiant. J'aurais pu dire: vieillir, c'est désolant, c'est
insupportable, c'est douloureux, c'est horrible, c'est déprimant, c'est
mortel. Mais j'ai préféré « chiant » parce que c'est un adjectif
vigoureux qui ne fait pas triste. Vieillir, c'est chiant parce qu'on ne
sait pas quand ça a commencé et l'on sait encore moins quand ça
finira. Non, ce n'est pas vrai qu'on vieillit dès notre naissance.
On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant. On était bien
dans sa peau. On se sentait conquérant, invulnérable. La vie
devant soi. Même à cinquante ans, c'était encore très bien. Même
à soixante. Si, si, je vous assure, j'étais encore plein de muscles, de
projets, de désirs, de flamme.
Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps j'ai vu dans le regard
des jeunes, des hommes et des femmes dans la force de l'âge qu'ils
ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté,
même à la marge.
J'ai lu dans leurs yeux qu'ils n'auraient plus jamais d'indulgence à
mon égard. Qu'ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais
impitoyables. Sans m'en rendre compte, j'étais entré dans
l'apartheid de l'âge. Le plus terrible est venu des dédicaces des
écrivains, surtout des débutants. « Avec respect », « En hommage
respectueux », Avec mes sentiments très respectueux. Les salauds !
Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur
stylo plein de respect? Les cons ! Et du « cher Monsieur Pivot »
long et solennel comme une citation à l'ordre des Arts et Lettres qui
vous fiche dix ans de plus !
Un jour, dans le métro, c'était la première fois, une jeune fille s'est
Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé et l’on sait encore moins quand ça finira. Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance.
On a été longtemps si frais si jeune si appétissant.
On était bien dans sa peau.
On se sentait conquérant, invulnérable.
La vie devant soi.
Même à cinquante ans, c’était encore très bien. Même à soixante.
Si, si, je vous assure, j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.
Je le suis toujours, mais voilà, entre temps – mais quand - j’ai vu dans le regard des jeunes, des hommes et des femmes dans la force de l’âge qu’ils ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté, même à la marge.
J’ai lu dans leurs yeux qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard.
Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs mais impitoyables.
Sans m’en rendre compte, j’étais rentré dans l’apartheid de l’âge.
Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants.
« Avec respect », « en hommage respectueux », « ave mes sentiments très respectueux ». Les salauds !
Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur stylo plein de respect ? Les cons ! Et du « Cher Monsieur Pivot » long et solennel comme une citation à l’ordre des Arts et Lettres qui vous fiche 10 ans de plus !
Un jour, dans le métro, c’était la première fois, une jeune fille s’est levée pour me donner sa place. J’ai failli la gifler. Puis la priant de se rasseoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué.
« Non, non, pas du tout a-t-elle répondu embarrassée. J’ai pensé que… »
Moi aussitôt : « Vous pensiez que ?... »
Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous asseoir.
Parce que j’ai les cheveux blancs ?
Non, c’est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âge que moi, ça a été un réflexe, je me suis levée…
Je parais beaucoup plus âgé que vous ?
Non, oui, enfin un peu, mais ce n’est pas une question d’âge…
Une question de quoi alors ?
Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois…
J’ai arrêté de la taquiner, l’ai remerciée de son geste généreux et l’ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre.
Lutter contre le vieillissement c’est dans la mesure du possible, ne renoncer à rien.
Ni au travail, ni aux voyages, ni aux livres, ni à la gourmandise, ni à l’amour, ni à la sexualité, ni au rêve.
Rêver, c’est se souvenir tant qu’à faire des heures exquises.
C’est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent.
C’est laisser son esprit vagabonder entre le désir et l’utopie.
La musique est un puissant excitant du rêve, la musique est une drogue douce.
J’aimerais mourir , rêveur, dans un fauteuil, en écoutant soit l’adagio du concerto n° 23 en la majeur de Mozart, soit, du même, l’andante de son concerto n° 21 en ut majeur, musiques au bout desquelles se révèleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l’au delà.
Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés.
Nous allons prendre notre temps.
Avec l’âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement.
Nous ignorons à combien se monte encore notre capital.
En années ? En mois ? En jours ?
Non, il ne faut pas considérer le temps qui reste comme un capital.
Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut jouir sans modération.
Après nous, le déluge ? Non, Mozart. »[2]
Ce texte de Bernard Pivot nous a paru la plus jolie illustration de la réflexion sur la vieillesse. Il nous a semblé utile de chercher à en savoir un peu plus sur l’âge avancé que les stéréotypes réducteurs traités par les médias, et qui concernent principalement la dépendance.
La vieillesse fait peur. Elle est synonyme de perte : de pouvoir d’achat, de force physique, de séduction…et d’isolement, elle conduit la majorité d’entre nous à battre en retraite. Elle réserve pourtant ses plaisirs propres, comme toute autre époque de la vie. Cette période dégagée des contraintes de la productivité peut être celui des satisfactions de l’humanisme. Le constat accablant établi en 1970 par Simone de Beauvoir semble loin derrière nous. Les progrès conséquents en tout genre (santé, droits sociaux, retraite, évolution des mentalités…) ont abouti à un allongement sans précédent de la vie. Les Seniors, dans la troisième partie de leur vie, sont très actifs en vérité. Ils ont juste changé d’activités, abandonnant les contraintes de la productivité pour les joies de l’intérêt général ou particulier.
Nouveauté dans l’histoire de l’humanité, en France une personne sur quatre aura plus de 60 ans en 2020. Cette proportion augmentera encore selon les projections de l’Insee pour passer à une sur trois en 2060. (cf données chiffrées en fin de document). Ce phénomène a de nombreuses répercussions dans tous les domaines de la vie : économique, santé, relations…
Les personnes âgées de 60 ans ont encore statistiquement plus de 20 ans de vie devant elles.
Dans quelle dynamique sommes-nous à notre propre égard ? Dans quelle dynamique sont les autres à l’égard des « vieux » ? Comment penser l’avenir ?levée pour me donner sa place. J'ai failli la gifler. Puis la priant
de se rasseoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je
lui étais apparu fatigué. « Non, non, pas du tout, a-t-elle
répondu, embarrassée. J'ai pensé que… »
Moi aussitôt : «Vous pensiez que…?
-- Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait
plaisir de vous asseoir. Parce que j'ai les cheveux blancs? Non,
c'est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que
moi, ça été un réflexe, je me suis levée…
-- Je parais beaucoup, beaucoup plus âgé que vous? Non, oui,
enfin un peu, mais ce n'est pas une question d'âge…
--Une question de quoi, alors ? Je ne sais pas, une question de
politesse, enfin je crois…» J'ai arrêté de la taquiner, je l’ai
remerciée de son geste généreux et l’ai accompagnée à la station où
elle descendait pour lui offrir un verre.
Lutter contre le vieillissement c'est, dans la mesure du possible, ne
renoncer à rien. Ni au travail, ni aux voyages, ni aux spectacles,
ni aux livres, ni à la gourmandise, ni à l'amour, ni à la sexualité,
ni au rêve.
Rêver, c'est se souvenir tant qu'à faire, des heures exquises. C'est
penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent. C'est laisser son
esprit vagabonder entre le désir et l'utopie. La musique est un
puissant excitant du rêve. La musique est une drogue douce.
J'aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant soit l'adagio
du Concerto n° 23 en “la-majeur“ de Mozart, soit, du même,
l'andante de son Concerto n° 21 en “ut-majeur“, musiques au bout
desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés les paysages
sublimes de l'au-delà.
Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés. Nous allons
prendre notre temps. Avec l'âge le temps passe, soit trop vite, soit
trop lentement. Nous ignorons à combien se monte encore notre
capital. En années ? En mois ? En jours ?... Non, il ne faut
pas considérer le temps qui nous reste comme un capital. Mais
comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut
jouir sans modération.
Après nous, le déluge ?...Non,
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18/01/2013
Chemins escarpés... (8)
Une existence basée sur le spirituel ouvre l’esprit qui féconde la connaissance vers des richesses insoupçonnées, signe de l’intellect au service de l’universel en quête de sens. Une dimension propice alors à engendrer un esprit sain est la base qui prédispose la question existentielle au réel. Ne pas confondre, dans ce cas, l’obtention de ce que demande le réel par rapport à l’esprit même si une parfaite harmonie demeure subjacente. Définitivement libéré de l’irrésolue pratique de notre moi et de notre surmoi, le corps apprend dans le giron de l’esprit que la claire lumière n’est pas le fruit d’une chimère quelconque. Mais en revanche la familiarité des points clés de ce que nous donne la conscience. Toutes naissances naturelles qui émergent de ce que la conscience veut bien nous délivrer sont le fruit d’une intelligence non parasitée par l’ordinaire, le quotidien de nos pensées. En résumé, cherchons à connaître le souffle qui anime nos vraies pensées dans l’insouciance d’un corps sain et d’un esprit attentif aux signes positifs de l’éveil de notre conscience. La libération naturelle de nos peurs se fait par l’écoute de nos sens, la quintessence subliminale et le son originel vont vers l’acuité intellectuelle.
(Extrait de "Chemins escarpés" de Pôl Kraly à paraître aux Ed. "Pays d'Herbes")
06:00 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chemins, escarpés, kraly, littéraure, écrivain, recueil, poème, prose, spiritualité, réflexion, comprendre, savoir, intelligence, esprit
14/01/2013
Les grands auteurs... (1)
Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, _ la Ville-de-Montereau _ , près de partir, fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard.
Des gens arrivaient hors d'haleine ; des barriques, des câbles, des corbeilles de linge gênaient la circulation ; les matelots ne répondaient à personne ; on se heurtait ; les colis montaient entre les deux tambours, et le tapage s'absorbait dans le bruissement de la vapeur, qui, s'échappant par des plaques de tôle, enveloppait tout d'une nuée blanchâtre, tandis que la cloche, à l'avant, tintait sans discontinuer.
Enfin le navire partit ; et les deux berges, peuplées de magasins, de chantiers et d'usines, filèrent comme deux larges rubans que l'on déroule.
Un jeune homme de dix-huit ans, à longs cheveux et qui tenait un album sous son bras, restait auprès du gouvernail, immobile. A travers le brouillard, il contemplait des clochers, des édifices dont il ne savait pas les noms ; puis il embrassa, dans un dernier coup d'oeil, l'île Saint-Louis, la Cité, Notre-Dame ; et bientôt, Paris disparaissant, il poussa un grand soupir.
M. Frédéric Moreau, nouvellement reçu bachelier, s'en retournait à Nogent-sur-Seine, où il devait languir pendant deux mois, avant d'aller _ faire son droit _ . Sa mère, avec la somme indispensable, l'avait envoyé au Havre voir un oncle, dont elle espérait, pour lui, l'héritage ; il en était revenu la veille seulement ; et il se dédommageait de ne pouvoir séjourner dans la capitale, en regagnant sa province par la route la plus longue.
Le tumulte s'apaisait ; tous avaient pris leur place ; quelques-uns, debout, se chauffaient autour de la machine, et la cheminée crachait avec un râle lent et rythmique son panache de fumée noire ; des gouttelettes de rosée coulaient sur les cuivres ; le pont tremblait sous une petite vibration intérieure, et les deux roues, tournant rapidement, battaient l'eau.
(Extrait de "L'éducation sentimentale" de Gustave Flaubert)
à suivre...
05:02 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : faubert, éducation, extrait, écrivain, littéraire, texte